VERS UN RÉEL LIBRE MARCHÉ DU BOIS D’OEUVRE ?

Le conflit Canada/États-Unis sur le bois d’oeuvre touche de plein fouet notre industrie et même nos consommateurs. Va-t-il se résoudre à la faveur d’un marché libéré de quotas et de taxes ?

Cliquez ici pour lire le blogue de Richard Darveau, président et chef de la direction de l’AQMAT.

En quelques chiffres, brossons le tableau de l’importante filière économique:

176 millions : taxes payées aux États-Unis par les producteurs de bois d’oeuvre du Québec en neuf ans (entre 2006 et 2015);

4,6 % : parts de marché maximales de la consommation américaine pour le bois d’oeuvre québécois selon le dernier accord (qui s’est terminé le 12 octobre 2015);

– 30 à 34 % : parts de marché de la consommation américaine pour le bois d’oeuvre canadien en vertu du dernier accord;

– emploie plus de 60 000 travailleurs au Québec

– En 2013, la production du secteur forestier a représenté 19,8 milliards de dollars — ou 1,25 % — du produit intérieur brut (PIB) réel du Canada;

– En 2013, le sous-secteur de la fabrication de produits en bois massif (dont le bois d’œuvre) représentait environ 44 % de la contribution du secteur forestier à l’économie canadienne (telle que mesurée par le PIB réel).

– Dans le contexte mondial, le Canada a la balance commerciale des produits forestiers la plus importante du monde — 19,3 milliards de dollars canadiens (2013) — position qu’il occupe depuis que des statistiques commerciales fiables sont compilées;

Lobbying américain puissant

L’AQMAT a recueilli ce matin l’opinion du Conseil de l’industrie forestière du Québec (CIFQ).

andré tremblay discours

Me André Tremblay en plein discours lors d’une soirée réseautage de l’AQMAT en 2015.

« Nous aimerions croire en la possibilité que le libre-échange s’étende au secteur du bois d’oeuvre en remplacement de ces accords qui coûtent cher au Québec sous forme de taxes, mais la réalité est que nos homologues américains constituent une force redoutable de lobbying, écoutée par le gouvernement, peu importe qui est président de ce pays », a indiqué son président, Me André Tremblay.

N’empêche, le CIFQ, tout comme l’AQMAT, est heureux que messieurs Obama et Trudeau aient convenu d’une date-butoir (100 jours) pour trouver un terrain d’entente.

Le marché domestique américain nécessite entre 35 et 50 milliards pieds mesure de planche (pmp). Le pays n’en produit que 35 milliards. Quand une année est basse en chantiers là-bas, son industrie arrive à satisfaire la demande, mais quand il y a un boom, ils font appel aux Canadiens. Une telle situation protectionniste génère de l’instabilité pour nos scieries.

La capacité de production actuelle du Québec est de l’ordre de 5,2 à 5,3 milliards de pmp. De cette quantité, en gros, 3 milliards vont aux États-Unis sous forme de 2×4 et autres madriers, planches, poutres et lambris. Environ 1,2 milliard est acheté par nos marchands québécois pour les constructions et les rénovations. La balance, environ un autre milliard, prend la direction de l’Ontario.

Trudeau confiant

En conférence de presse conjointe avec le président américain Barack Obama, jeudi, Justin Trudeau a affirmé être confiant d’arriver à une entente sur le bois d’œuvre entre les deux pays.

Trudeau - copie

Photo Saul Loeb / AFP Justin Trudeau et Barack Obama lors de la conférence de presse, jeudi.

« Bien sûr qu’on en a parlé, a déclaré Trudeau. On continue d’y travailler et je suis confiant qu’on est dans la bonne voie pour résoudre ce conflit dans les prochaines semaines et les prochains mois », a expliqué le premier ministre canadien.

Le président Obama a pour sa part reconnu que ce dossier est un « irritant bilatéral de longue date », mais qu’il serait bientôt réglé.

À Ottawa, l’opposition a réagi vivement à cette situation.

« Nous sommes heureux que le premier ministre passe du bon temps à Washington, mais il y a des choses pour lesquelles il devrait se battre, dont les emplois des Canadiens », a lancé Peter Julian, leader parlementaire du NPD en chambre alors que le secrétaire parlementaire du Commerce international, David Lametti, venait d’annoncer que les chefs d’État ont « souligné leur intérêt à l’égard d’une entente à long terme » concernant le bois d’œuvre. Pour un extrait vidéo, cliquez ici.

Selon le dernier accord :

Prix du bois d’oeuvre (par 1000 pieds mesure de planche)

De 336 à 355 $US

quotas de 4,86 % + taxe de 2,5 %

De 316 à 335 $ US

quotas de 4,57 % + taxe de 3,0 %

Moins de 315 $US

quotas de 4,29 % + taxe de 5 %

 

 

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