Rupture appréhendée de la chaîne d’approvisionnement des quincailleries, un enjeu socio-économique encore plus lourd de conséquences

En parallèle à l’éclaircissement attendu au sujet de la taille des quincailleries qui peuvent ou non demeurer ouvertes au public à partir de demain, un problème plus profond se pose au gouvernement et à notre société : qu’adviendra-t-il des tablettes des magasins et de l’inventaire dans la cour à bois si l’État maintient la fermeture des usines québécoises et des moulins à scie qui les alimentent?

« Le serpent pourrait bien se mordre la queue », métaphore Richard Darveau pour exposer deux phénomènes qui planent.

Entre le quart et le tiers de tous les articles de quincaillerie et matériaux de construction qu’on retrouve dans une quincaillerie, toute bannière confondue, proviennent de manufactures et d’usines d’assemblage du Québec. Si on les ferme presque toutes, sauf celles définies comme relevant de l’industrie chimique ou des produits sanitaires, on réduit l’approvisionnement local et on encourage l’achat de produits fabriqués à l’extérieur.

« Le gouvernement du Québec a eu la clairvoyance de placer sur la liste des essentiels les entreprises qui approvisionnent le secteur agro-alimentaire, mais n’a pas eu le même réflexe de cohérence en réfléchissant à la filière des matériaux de construction », se désole le président et chef de la direction de l’AQMAT.

Un centre de rénovation des Laurentides m’écrivait ce matin ceci : « On a vendu toute nos chaufferettes de construction pour la confection d’une clinique de dépistage. On a vendu des tonnes de polythène et ruban gommé pour isoler les malades à l’hôpital. On a confectionné ce matin des écrans de plexiglass pour une clinique d’urgence. Un client était en manque d’eau, car sa pompe était défectueuse, on lui en a trouvé une! »

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L’impact se transportera également vers les États-Unis. Des entreprises bien québécoises comme la forestière Résolu, si elles ferment, vont priver non seulement le marché local, mais également des réseaux de distribution se déferlant à l’échelle de tout le continent nord-américain.

Le secteur manufacturier au Québec, c’est environ un demi-million d’emplois, mais c’est sur lui que repose le fonctionnement du commerce de gros, puis en cascade celui du commerce de détail.

Qu’est-ce au juste qu’une activité manufacturière prioritaire?

Puisque le gouvernement a placé les quincailleries, du moins, celle de grande taille, dans la catégorie des commerces jugés prioritaires et que les usines qui produisent des intrants nécessaires aux secteurs identifiés comme prioritaires peuvent demeurer ouvertes, l’AQMAT adresse une nouvelle question au gouvernement :

« Qu’est-ce qui devient le plus prioritaire : permettre à un commerce d’ouvrir alors qu’il se videra chaque jour par bris d’approvisionnement ou maintenir vivante toute une chaîne d’approvisionnement?

Un exemple parmi d’autres : Bélanger Laminés fabrique des comptoirs de cuisine. Est-ce considéré comme un produit essentiel puisque le gouvernement a placé les quincailleries comme prioritaires?

Autre cas : Concept SGA fabrique des rampes d’escalier ou des portes intérieures. Rien d’essentiel à la survie d’une famille non plus, on peut en convenir. Mais leurs clients, les centres de rénovation, sont classés prioritaires. Du coup, ce manufacturier serait-il en droit d’ouvrir?

L’appui tacite des bannières à l’endroit de leurs fournisseurs est le bienvenu

Richard Darveau recommande aux directions des bannières d’être solidaires de leurs fabricants et de leur écrire une correspondance identifiant leurs gammes de produits comme essentielles au bon fonctionnement des quincailleries qui restent ouvertes.

Par extension, le même travail de resserrement des relations avec les fournisseurs peut également embrasser les fabricants d’ailleurs. Par exemple, Knape & Vogt, dont l’usine est au Michigan, est bien présente dans nos centres de rénovation. Cet État, tout comme une dizaine d’autres, a annoncé que seuls les manufacturiers identifiés comme essentiels par leurs clientèles peuvent demeurer en opération.

L’AQMAT suggère donc aux acheteurs des bannières comme aux propriétaires-marchands de prendre quelques minutes pour adresser une communication à leurs fournisseurs préférés, d’ici et d’ailleurs, aux fins de démontrer à de tierces parties qu’ils ont besoin de leur production pour continuer de jouer le rôle attendu auprès du public.

2 comments on “Rupture appréhendée de la chaîne d’approvisionnement des quincailleries, un enjeu socio-économique encore plus lourd de conséquences

  1. Michel Petit on

    Mais qu’advient-il des magasins indépendants de peinture! L’angle des décisions prises est absolument discriminatoire à leur égard.. le Centre de Réno ou la quincaillerie pourront s’accaparer d’un volume de Marché de façon injustement déloyal et sans respect pour ce segment de marché. Tout le Monde doit faire sa part pour freiner la pandémie qui nous touche tous.

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    • Isabellle Champagne on

      Merci Monsieur Petit. Ne pas confondre le rôle de l’AQMAT avec celui de l’État. Nous sommes là pour nos membres. Les boutiques de peinture pourraient devenir membres et dès lors, on pourrait parler en leur nom aussi. Merci de votre commentaire.

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