Rénos en feu, transactions de maisons en flèche, même les maisons neuves sont à la hausse

Pendant que la pandémie ravage plusieurs pans de l’économie – situation dont nous devons être solidaires – le boum dans l’industrie de la construction se poursuit, peu importe qu’on scrute notre marché sous la loupe ou à 10 000 pieds dans les airs.

C’est en tout cas la conclusion que tire la direction du Service économique de l’Association des professionnels de la construction d’habitation du Québec (APCHQ), divulguée auprès des entrepreneurs réunis, ou plutôt télé-réunis, les 23 et 24 octobre, à l’occasion de la 59e édition du congrès de l’organisme.

Paul Cardinal, économiste, a d’abord rappelé ce qu’il a appelé cinq fondamentaux.

Deux sont négatifs : l’emploi n’a pas fini de récupérer et ce qui tombe mal, il y a effondrement temporaire du solde migratoire.

La Commission de la construction du Québec soulignait dans son mémoire commentant le projet de loi 66 sur la reprise économique qu’il manque environ 13 000 travailleurs de la construction pour faire face aux commandes.

Quant au seil d’immigration, il a été plafonné à 35 000 en 2019, une réduction de 5000 personnes par rapport au niveau adopté pour les années 2017 et 2018. Mais la vraie question est de savoir à quel plancher il descendra considérant la fermeture des frontières depuis plusieurs mois et encore en vigueur…

En revanche, trois indicateurs sont positifs.

Globalement, pas de recul du revenu disponible chez les « contracteurs », notamment grâce à la vigueur des mises en chantier de maisons neuves qualifiée de « surprenante » par les économistes de l’APCHQ.

Si on ajoute que les taux d’intérêt devraient rester au tapis, les conditions semblent optimales pour terminer l’année courante avec une croissance de 1 % du nombre d’unités sortant de terre par rapport à 2019, ce qui, avouons-le, est assez miraculeux compte tenu du nombre de personnes qui ont perdu leur emploi ou qui sont incertaines par rapport à leur employeur.

Mises en chantier résidentielles – Province de Québec

On note que nos collègues de l’APCHQ se montrent pessimistes pour l’année prochaine, 2021. La direction de l’AQMAT ne partage pas cette vision et croit que la population continuera de miser sur du neuf, vaste et confortable, pour passer à travers la pandémie et ses effets pernicieux qui devraient perdurer jusqu’en 2022.

Si on jette un œil de plus près sur les types de transactions qui surviennent, on constate que cette année, les condos sont en baisse, le locatif est stable et l’unifamiliale est en hausse.

Le tableau montre des prévisions pour les années 2020 et 2021 bien différentes. L’APCHQ soutient en effet que l’an prochain, la construction de copropriétés restera stable, mais le locatif plongera fortement pendant que l’unifamiliale connaître un bond appréciable.

Transactions de maisons « usagées »

Du côté du marché de la revente, « il est littéralement en feu », selon l’expression de Paul Cardinal.

Les doubles indicateurs utilisés par les courtiers d’immeubles sont à la hausse, à savoir le nombre de ventes et le prix moyen. Combinés, ces deux paramètres ont pour effet que de janvier à septembre inclus, la COVID-19 a eu un effet stimulant sur notre secteur pendant que, rappelons-le tristement, nos collègues restaurateurs, tenanciers de bars, centres de conditionnement physique et autres commerces pâtissent et misent sur les subventions pour survivre.

Ventes Centris après trois trimestres en 2020, Province de Québec

Les transactions de maisons existantes atteignent des sommets, ce qui surprend la direction de l’AQMAT. « Nous ne croyons pas que cela va durer en raison de la proximité des prix du neuf qui rendent attrayant l’achat d’une propriété flambant neuve », croit Richard Darveau, président et chef de la direction de l’AQMAT.

Les effets attendus de la COVID

L’AQMAT souscrit au regard que porte l’APCHQ sur les impacts de la pandémie sur notre industrie, lequel peut se décortiquer en cinq points :

  1. La banlieue et les plus petits centres urbains sont tout à coup fort attrayants
  2. Il y a aussi un regain d’intérêt pour la maison unifamiliale
  3. Un engouement pour les résidences secondaires est également manifeste
  4. Le solde migratoire finira par avoir des effets délétères sur notre capacité de production ainsi que sur la masse d’acheteurs disponibles
  5. Les dépenses en rénovation sont records plus parce que les gens veulent habiter une maison de meilleure qualité ou plus vaste ou mieux adaptée à leurs besoins que pour « maquiller la mariée » avant une revente

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