La firme de logiciels Procore nous a habitués à des rapports originaux sur l’état de l’industrie au Canada. Elle vient d’éditer « Comment Nous Construisons Aujourd’hui : Tendances technologiques et industrielles dans le secteur de la construction au Canada en 2023 ».
L’enquête menée en 2023 par la société de recherche Censuswide auprès de 502 décideurs et influenceurs du secteur de la construction au Canada examine le sentiment général du secteur sur des questions telles que la pénurie de main-d’œuvre, la chaîne d’approvisionnement, la transformation numérique, la durabilité dans la construction, ainsi que la diversité et l’inclusion sur le lieu de travail.
Premier constat navrant : pertes de temps incroyables liées à la non-qualitéCe qui frappe dès la première lecture du rapport disponible ici, c’est la perte du temps (17 %) à rechercher des données ou des informations sur un projet et l’autre perte de temps encore plus grande (27 %) due à la reprise de travaux ou à la résolution de problèmes.
L’une des conséquences des pertes de temps est le dépassement des budgets et des échéanciers convenus, cela dans 48 % des chantiers, statistique qui grimpe à 51 % lorsqu’on isole les répondants du Québec.
Deuxième constat : confiance dans le marché malgré tout
Neuf répondants sur dix se disent confiants ou très confiants dans les conditions du marché pour les douze prochains mois, même que 44 % des personnes interrogées sont « très confiantes » quant aux conditions du marché de la construction.
En termes de nombre et de valeur des projets, un peu moins de huit répondants sur dix (78 %) en Ontario prévoient une augmentation des projets au cours des 12 prochains mois. Ce ressenti tombe à 69 % pour le Québec et à 60 % pour la Colombie-Britannique.
De même, 80 % des répondants de l’Ontario s’attendent à une augmentation de la valeur des projets au cours des 12 prochains mois. Ce chiffre tombe à 67 % pour l’Alberta et à 61 % pour le Québec.
Les problèmes liés à la chaîne d’approvisionnement touchent davantage le Québec
Les problèmes liés à la chaîne d’approvisionnement ont des répercussions différentes sur les répondants dans l’ensemble du pays. Les répondants du Québec sont les plus touchés, 41 % d’entre eux signalant des retards importants dus à des problèmes de chaîne d’approvisionnement, contre 35 % des répondants de l’Ontario et seulement un quart des répondants de la Colombie-Britannique.
Pour contrer les fluctuations de prix, les pénuries et les autres problèmes de la chaîne d’approvisionnement, les entrepreneurs généraux et les sous-traitants envisagent ou ont envisagé d’acheter des matériaux en avance.
Le renforcement des liens avec les chaînes d’approvisionnement locales est une autre stratégie suivie par les entrepreneurs qui cherchent à réduire les coûts de production. Plus de quatre entrepreneurs généraux sur dix (41 %) ont commencé à rechercher des fournisseurs de matériaux plus locaux, et 46 % des sous-traitants font de même. Près de la moitié des donneurs d’ouvrage (49 %) déclarent également avoir développé des liens plus étroits avec les fournisseurs locaux.
Paperasse indue
Selon les répondants, il faut près 250 jours à obtenir un bâtiment de construire—soit trois fois plus longtemps qu’aux États-Unis. Le Canada se classe 34e sur 35 pays de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) pour ce qui est des délais d’obtention des permis de construire.
Outre l’accélération de la délivrance des permis de construire, le gouvernement doit également s’attaquer aux problèmes de santé et de sécurité dans le secteur, affirment les personnes interrogées.
État de la livraison de logements au Canada
Plus de la moitié des répondants de la Colombie-Britannique (51 %) et de l’Alberta (55 %) qui travaillent dans le secteur résidentiel s’attendent à construire et à livrer moins d’unités d’habitation en 2023 qu’en 2022. Il s’agit d’un contraste frappant par rapport à l’Ontario, où 60 % des répondants s’attendent à construire et à livrer plus d’unités de logement en 2023.
La construction se concentre sur la préfabrication pour une meilleure durabilité
Dans l’ensemble, l’industrie est désireuse d’adopter des pratiques de construction plus respectueuses de l’environnement et plus durables. Plus de la moitié des personnes interrogées ont commencé à se concentrer sur des stratégies telles que la préfabrication et une meilleure sélection des matériaux pour réduire l’empreinte carbone de leurs projets.
Seuls 24 % des cadres de la construction sont des femmes
Actuellement, les femmes représentent une minorité de la main-d’œuvre du secteur de la construction, en particulier dans les postes de direction (24 %). Les sous-traitants sont les plus mal lotis en ce qui concerne la présence de femmes dans leur personnel. Seuls 22 % des cadres des entreprises spécialisées sont des femmes, contre environ 25 % chez les maîtres d’ouvrage et les entreprises générales.
Malgré cela, seulement quatre décideurs du secteur de la construction sur dix (38 %) pensent qu’il est nécessaire d’améliorer la diversité et l’inclusion sur les lieux de travail de la construction pour attirer les femmes, les minorités et les groupes historiquement sous-représentés.