Presque rien pour l’habitation dans le Plan pour une économie verte 2030

Le premier ministre du Québec et son ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques ont dévoilé ce matin le Plan pour une économie verte 2030 assortie d’une mise en œuvre 2021-2026, le tout doté d’une enveloppe de 6,7 milliards de dollars sur cinq ans. L’électrification est le mot-clé de cette politique-cadre pour lutter contre les changements climatiques. L’AQMAT est d’avis que le gouvernement rate une belle occasion d’encourager les rénovations, qui atteignent actuellement des sommets, afin que les travaux et le choix des matériaux s’effectuent dans une optique de combat contre les fuites d’énergie, d’utilisation prioritaire des produits fabriqués ici et de techniques favorisant la durabilité des travaux.

Certes, le gouvernement fera une injection de 550 millions de dollars pour réduire de 50 % les émissions de GES liées au chauffage des bâtiments en ciblant le recours à la biénergie, la conversion du mazout vers l’électricité ainsi que par l’utilisation du gaz naturel renouvelable et d’autres sources d’énergie renouvelable. Toutefois, on sait que ces mesures visent surtout les secteurs commercial et institutionnel, les maisons étant déjà majoritairement converties à l’électricité.

Par ailleurs, le gouvernement continuera de miser sur l’efficacité énergétique et sur la consommation responsable en investissant 307 millions de dollars au cours des cinq prochaines années avec le programme ÉcoPerformance. Sauf que seuls les projets de conversion et d’efficacité énergétique dans les bâtiments commerciaux et institutionnels seront considérés; idem pour les projets de récupération et de valorisation de la chaleur.

Rappelons tout de même que les programmes Rénoclimat et Novoclimat demeurent en vigueur jusqu’au 31 décembre. Cliquer ici pour voir les détails.

« Le gouvernement lance avec raison un grand chantier d’électrification, principalement dans le secteur des transports, responsable à lui seul de plus de 43 % des émissions de GES du Québec », souligne Richard Darveau, président et chef de la direction de l’AQMAT. « Mais de faire si peu, pour ne pas dire rien pour le bâtiment résidentiel, c’est décevant. »

L’AQMAT est d’avis que les actions pour le volet « bâtiment résidentiel » devraient être appuyées par tout gouvernement à trois niveaux : au moment de la conception, lors de la construction et au moment de l’exploitation de ces résidences.

Selon un rapport de Ressources naturelles Canada rendu public le 6 octobre dernier, la consommation d’énergie dans le secteur résidentiel a augmenté de près de 5,8 % depuis 1990, mais sans les améliorations de l’efficacité énergétique, cette hausse aurait été de 57 %.

Nos collègues de l’APCHQ ont déjà exposé, dans un document intitulé « Un pas de plus pour la planète », une série de gestes simples qui mériteraient d’être encouragés : « Le fait de s’attarder à l’orientation de l’habitation et d’étudier le positionnement de la fenestration pour profiter de l’éclairage et de la ventilation naturels, ainsi que de prendre en considération le solaire passif pour le chauffage et la climatisation, permet de diminuer de 70 à 80 % l’empreinte carbone du bâtiment ».

Favorable à l’achat local, mais sans engagement ferme

Le communiqué officiel du gouvernement promet que l’État sera exemplaire et fera sa part en réduisant son empreinte carbone notamment par l’acquisition de « produits et de services québécois ». Toutefois, aucune précision chiffrée ne vient appuyer cette promesse.

Qui plus est, l’AQMAT a trouvé assez étonnant que le site officiel du gouvernement réfère la population désireuse de trouver des produits locaux au programme Ulocal plutôt qu’au Panier Bleu. Il envoie aussi les citoyens vers le site Impak pour trouver des marchands locaux.

Expérience d’économie circulaire dans les centres de rénovation

Dans un autre ordre d’idées, le gouvernement affirme vouloir appuyer le recyclage et le réemploi. L’AQMAT considère donc que la table est mise pour présenter le projet d’une expérience pilote en vue de tester, avec des centres de rénovation partenaires, l’aménagement d’espaces où la population et les entrepreneurs pourraient aller porter des matériaux neufs issus de surplus de chantiers de construction.

Rappelons qu’au Congrès des Décideurs de l’AQMAT, virtuellement tenu le 3 novembre, la cinquantaine de délégués a voté dans une proportion de 89 % en faveur de ce projet audacieux d’économie circulaire. « Le but poursuivi par une telle expérience-pilote n’est pas de copier-coller ce qui existe avec la récupération de la peinture, mais de promouvoir des espaces de vente de matériaux en vrac provenant de chantiers, mais encore neufs », explique M. Darveau.

https://www.quebec.ca/gouv/politiques-orientations/plan-economie-verte/

Pour prendre connaissance du Plan pour une économie verte 2030 et de son plan de mise en œuvre 2021-2026, on clique ici. 

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *