La saga des masques refait surface avec le cas survenu dans une quincaillerie

Notre nouvelle d’hier au sujet d’une quincaillerie objet de plaintes quant à son interprétation du port du masque a continué de faire couler d’encre au point où il faille revenir sur le sujet aujourd’hui.

D’abord, corrigeons un énoncé du journaliste du Quotidien : les copropriétaires de la quincaillerie Home Hardware L’Anse-Saint-Jean, Marie-Josée Boulay et Éric Larouche, ont bel et bien reçu l’accord de l’inspecteur de la Direction régionale de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST).

Dans un rapport écrit, la CNESST accepte que le commerce fasse porter à ses travailleurs un masque de procédure médicale uniquement lorsqu’ils sont à une distance physique de moins de 2 mètres d’un collègue ou d’un client.

Par ailleurs, l’inspecteur constate et apprécie que des barrières physiques et d’autres mesures ont été mises en place de manière à favoriser une distanciation physique de 2 mètres avec les clients. La CNESST confirme à l’employeur que lorsque protégés par de telles barrières de plaxi, ses employés ne sont pas obligés de porter d’équipement de protection individuelle (masque et lunettes).

Plus loin dans le rapport, on constate que la politique affichée du commerce de faire porter un masque de procédure et des lunettes protectrices lorsqu’il est impossible pour ses employés de respecter une distanciation physique satisfait l’inspecteur de la CNESST, d’autant que le marchand-propriétaire confirme avoir rappelé verbalement ces mesures à tout son personnel.

L’inspecteur précise que la distanciation physique de 2 mètres doit être appliquée en tout temps par les travailleurs en contact non seulement avec la clientèle, mais aussi entre collègues et avec les fournisseurs.

La CNESST incite le commerce à s’assurer d’un affichage et d’une signalisation adéquates pour rassurer tout le monde.

Mise en contexte

Ce n’est qu’en dernier recours que le travailleur en commerce doit porter obligatoirement le masque de procédure ET une protection oculaire.

Il est même possible de porter uniquement un masque de procédure dans le cas où les travailleurs portent TOUS un masque de procédure et qu’ils n’ont aucune interaction avec la clientèle.

Le port de la protection oculaire demeure obligatoire pour les interactions à moins de 2 mètres, sans barrière physique, avec les clients portant un couvre-visage.

Les autorités considèrent que la visière seule n’offre pas une protection suffisante.

Toutefois, lorsqu’une analyse de risque rigoureuse démontre que le port du masque de procédure entraîne un risque pour la santé ou la sécurité du travailleur ou de la travailleuse, le port d’une visière seule recouvrant le visage jusqu’au menton peut être une solution exceptionnelle à appliquer en dernier recours.

Une interaction brève et peu fréquente telle que croiser quelqu’un dans un corridor ou un escalier sans équipement de protection représente un risque négligeable et acceptable.

L’INSPQ recommande que le cumul de ce type de brèves interactions avec quiconque ne dépasse pas un maximum de 15 minutes par quart de travail. Il est suggéré que le milieu évalue préalablement les déplacements durant un quart de travail, en tenant compte des imprévus.

Obligation du couvre-visage pour les clients

Le couvre-visage réutilisable vise à protéger les autres contre la projection de gouttelettes et son port est obligatoire pour les clients, sauf si une condition médicale les en dispensent. Précisons à ce sujet qu’on ne peut cependant obliger un client à fournir une preuve médicale. Autrement dit, quiconque invoque une telle condition de santé peut être accepté dans un commerce.

Pour l’instant, aucune norme de fabrication et aucun critère de qualité reconnus au Canada n’encadrent la production des couvre-visages, et l’AQMAT le déplore.

Le masque dit de procédure comporte, lui, des qualités de fabrication certifiées (ASTM F2100 ou équivalent). De ce fait, sa filtration est plus efficace, son ajustement est généralement meilleur et il offre habituellement une plus grande respirabilité que le couvre-visage.

Plus récentes règles en vigueur

Plusieurs membres sont confondus avec toutes les sources d’information, parfois contradictoires, du moins pas toujours incohérentes qui ont été publiées depuis les récentes semaines. LA SOURCE la plus officielle que tout commerce devrait lire minutieusement et appliquer est celle-ci : le Guide de normes sanitaires en milieu de travail pour le secteur du commerce de détail et des centres commerciaux – COVID-19 publié par la CNESST.

Eu égard au cas soulevé par les politiques adoptées par la Quincaillerie Home Hardware L’Anse-Saint-Jean, voici ce qu’il faut retenir :

Généralités :

  • Tout commerce doit identifier les tâches durant lesquelles les travailleurs peuvent être exposés au virus
  • Les fournisseurs, les sous-traitants, les partenaires et la clientèle doivent être tenus informés des mesures de prévention mises en œuvre dans le commerce
  • Une bonne politique doit prendre en compte l’exclusion des personnes symptomatiques des lieux de travail ainsi que des mesures de distanciation physique, d’hygiène des mains, de l’étiquette respiratoire ainsi que du maintien de mesures d’hygiène avec les outils, les équipements et les surfaces fréquemment touchés
  • Tout employeur doit être sensible au facteur de stress que génère la situation sur tout le monde (travailleurs, fournisseurs, clients) et apporter une attention particulière à la santé psychologique du personnel

Distanciation :

  • Dans la mesure du possible, une distance minimale de 2 mètres entre les personnes doit être gardée au travail, de l’arrivée à la sortie
  • Cette distance doit également être maintenue pendant les pauses et l’heure du dîner
  • S’il est impossible de conserver la distanciation physique minimale de 2 mètres lors des pauses et du dîner, évaluer la possibilité d’adapter les horaires de prise de pauses
  • Les poignées de main et les accolades doivent être évitées
  • Des barrières physiques (cloisons pleines) pourraient devoir être installées entre les différents postes de travail trop proches ou ne pouvant être espacés
  • Des barrières physiques (cloisons pleines transparentes) pourraient devoir être installées aux caisses

Protection personnelle :

  • Un masque de procédure et une protection oculaire (lunettes de protection ou visière recouvrant le visage jusqu’au menton) doivent être fournis par l’employeur au personnel qui exécute une tâche nécessitant d’être à moins de 2 mètres d’une autre personne et en l’absence de barrières physiques
  • Les membres du personnel dont les tâches nécessitent absolument d’être à moins de 2 mètres d’une autre personne sans barrière physique doivent porter les équipements de protection requis

Logistique :

  • Le nombre de clients dans le commerce doit être limité. Au besoin, une personne à l’extérieur du commerce est responsable de la gestion de la file d’attente
  • Les livreurs doivent être informés qu’ils doivent déposer les colis au sol en présence du client, sans remise en main propre et en respectant la distanciation physique minimale de 2 mètres dans la mesure du possible
  • Des corridors unidirectionnels doivent être établis et maintenus dans le commerce pour éviter que les travailleurs croisent d’autres personnes
  • Une signalisation (ex. : marquage au sol) doit être mise en place pour établir la mesure de 2 mètres de distanciation physique près des caisses et à l’entrée du magasin

Hygiène des mains :

  • Se laver souvent les mains avec de l’eau tiède et du savon ou avec une solution hydroalcoolique à au moins 60 % pendant au moins 20 secondes limite les risques de transmission dans le milieu de travail, notamment :
    • avant de se toucher le visage (yeux, nez, bouche) ;
    • après avoir toussé, éternué ou s’être mouché ;
    • avant et après avoir mangé ;
    • après avoir manipulé quelque chose de fréquemment touché ou un colis reçu ;
    • avant le port d’un équipement de protection et lors de son retrait.
  • Le paiement sans contact (ex. : carte bancaire sur des terminaux sans contact) est privilégié pour éviter que les clients touchent les terminaux.
  • Si les clients paient avec de l’argent comptant, les caissiers et caissières se désinfectent les mains immédiatement après avec un nettoyant sans rinçage (solution hydroalcoolique à au moins 60 %)
  • Les clients déposent eux-mêmes leurs achats dans des sacs
  • Les livreurs reçoivent du nettoyant sans rinçage (solution hydroalcoolique à au moins 60 %) pour se nettoyer les mains entre chaque livraison.

Étiquette respiratoire :

  • Se couvrir la bouche et le nez lorsque l’on tousse ou éternue, et à utiliser des mouchoirs ou son coude replié
  • Utiliser des mouchoirs à usage unique
  • Jeter immédiatement les mouchoirs utilisés à la poubelle
  • Se laver les mains fréquemment
  • e pas se toucher la bouche, le nez ou les yeux avec les mains, qu’elles soient gantées ou non.

Outils, équipements et surfaces fréquemment touchés :

  • Étant donné que le virus responsable de la COVID-19 peut survivre sur les surfaces, l’application de mesures d’hygiène s’avère essentielle
  • Assurer le bon fonctionnement et l’entretien des systèmes de ventilation
  • Nettoyer les installations sanitaires du commerce minimalement à chaque quart de travail et les désinfecter quotidiennement
  • Nettoyer les aires de repas après chaque utilisation et les désinfecter quotidiennement
  • Nettoyer, minimalement à chaque quart de travail et lorsqu’elles sont visiblement souillées, les surfaces fréquemment touchées, comme les tables, les comptoirs, les poignées de portes, la robinetterie, les toilettes, les téléphones, les accessoires informatiques ; les boutons d’ascenseurs
  • Nettoyer les outils et les équipements utilisés après chaque quart de travail ou lorsqu’ils doivent être partagés
  • Utiliser les produits de nettoyage ou de désinfection appropriés
  • Retirer les objets non essentiels (revues, journaux et bibelots) des aires communes
  • Désinfecter le point de contact de la clientèle avec le panier ou le chariot après chaque utilisation
  • Encourager les travailleurs à nettoyer leurs biens et leurs vêtements personnels, s’ils sont responsables de l’entretien

Obligations des travailleurs

En terminant, rappelons à nos membres que leurs travailleurs ont aussi des devoirs.

En effet, la loi de la SST oblige chaque travailleur à prendre les mesures nécessaires pour protéger sa santé, sa sécurité ou son intégrité physique, et veiller à ne pas mettre en danger la santé, la sécurité ou l’intégrité physique des autres personnes qui se trouvent sur les lieux de son travail.

Ce qui signifie que les travailleurs doivent respecter les règles et les mesures mises en application dans le contexte de la COVID-19 par leur employeur et participer à l’identification et à l’élimination des risques.

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