La tendance au multilogements écrase l’unifamilial

Avec la rénovation, la construction résidentielle est le plus important moteur du marché pour les matériaux de construction. Au Québec, les mises en chantier ont d’ailleurs été solides au cours des dernières années, passant de 38 000 à 47 000 unités entre 2013 et 2018.

En filigrane de cette progression se dessine une transformation importante de l’activité résidentielle, à savoir une mutation lente mais déterminée du marché vers la construction d’unités multifamiliales.

Ce changement profond a des effets sur les détaillants de matériaux, et c’est ce dont il est question dans cet article, tiré de l’édition du printemps du Magazine AQMAT.

Au tournant des années 2000, la construction multifamiliale équivalait à 39 % de toutes les mises en chantier au Québec. Depuis, ce taux n’a eu de cesse d’évoluer. En 2018, ce sont désormais 79 % des unités qui se qualifiaient comme multifamiliales.

Il faut préciser qu’au Canada, les constructions multifamiliales n’incluent pas seulement les immeubles à logements et les condos, mais aussi les jumelés et les maisons en rangée. Quoi qu’il en soit, on assiste ici à une véritable transformation des pratiques de construction. C’est d’ailleurs une tendance qu’on observe un peu partout en Amérique du Nord.

Avec pareilles statistiques cependant, le Québec s’affiche comme société distincte de la construction multifamiliale.

On voit clairement le point de bascule survenu vers 2011, année où l’érection de maisons individuelles décline alors que celle du multifamilial bondit. Une décade plus tard, la tendance est confirmée.

Puisque les constructions multifamiliales sont davantage fabriquées en usine que les constructions unifamiliales, les fabricants de composants structuraux sont devenus un acteur encore plus important de la chaîne logistique.

Pour les détaillants, les ressources à investir dans le développement des contrats peuvent être évidemment plus importantes. Sur une telle période, la volatilité des prix des matériaux devient aussi une préoccupation majeure pour tous les acteurs impliqués dans la construction, depuis le détaillant jusqu’au client. Ce changement implique une gestion du risque renouvelée.

Le changement le plus important dans le virage vers la construction multifamilale se trouve dans l’utilisation des matériaux.

Même si les techniques sont en développement, les matériaux utilisés sont très clairement en phase avec l’offre actuelle qu’on retrouve dans l’industrie des composants structuraux et chez les détaillants de matériaux. De fait, les constructions à 5 et 6 étages à ossature légère consomment plus de bois par unité de logement et font une plus large part aux produits d’ingénierie. 

Autres faits saillants portant sur la mutation vers les maisons multifamiliales

Démographie

  • Au Québec, le nombre de personnes vivant seules est en hausse au point d’avoir doublé depuis 1981.
  • Selon l’Institut de la Statistique du Québec, ces personnes étaient au nombre de 1,2 million en 2016.
  • Selon la Réserve fédérale de Dallas, le ratio entre le prix des maisons et le revenu disponible oscille autour de 100 aux États-Unis, de 138 au Royaume-Uni et de … 150 au Canada.

Clientèle

  • La construction résidentielle unifamiliale a fondu de 60 % à 20 % du marché au cours des vingt dernières années.
  • En construction résidentielle unifamiliale, les projets requièrent entre 60 et 90 jours entre la première pelletée de terre et la remise des clés.
  • En construction multifamiliale, il n’est pas rare que 8 à 10 mois soient nécessaires.

Hauteur et matériaux

  • Alors qu’une maison unifamiliale peut requérir entre 10 000 et 14 000 pmp de bois, une unité multifamiliale se satisfait de 5 000 à 6 000 pmp.
  • Dans la construction multifamiliale de quatre étages et moins, l’ossature légère en bois détenait 84 % du marché en 2018, le reste étant partagé à parts égales entre le béton, l’acier, et les solutions hybrides.
  • Dans les bâtiments de 7 à 12 étages, le béton était maître avec 73 % des constructions, suivi de l’acier à 27 %. Dans ce segment en particulier, on ne retrouvait pas de bois en 2018, mais des réalisations récentes comme le projet Arbora à Montréal et le projet Origine à Québec, comptent respectivement 8 et 13 étages en bois.
  • Pour la classe de bâtiments à 5 et 6 étages, qui démontre la plus forte croissance dans tous les types de construction au Québec, en 2018, ceux-ci étaient principalement construits en béton (54 %), en acier (33 %) et en bois (11 %).

Nouveaux systèmes, nouveau marché

  • En 2013, la possibilité de construire des immeubles de 5 et 6 étages à ossature légère est apparue au Québec.
  • En 2015, la solution qui avait été initiée comme mesure d’exception par FPInnovations et la Régie du bâtiment du Québec, qui ont fait paraître un Guide de construction d’habitations en bois de 5 et 6 étages, a fait son entrée dans le code du bâtiment.
  • Les murs de refend, le contreventement, la protection incendie, le retrait vertical et l’agencement avec les autres matériaux, par exemple, impliquent des contraintes de conception et de construction plus sophistiquées.

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