Encore moins de 3 % des travailleurs de la construction sont des travailleuses

« Un chantier, c’est un peu comme une taverne », illustre Valérye Daviault, chargée de projet chez J. Raymond couvreur et fils, et présidente des Elles de la construction. « C’est un milieu très dur, et pas seulement pour les femmes. J’ai déjà vu des hommes repartir en pleurant. »

L’association Les Elles de la construction s’est donné pour mission de promouvoir la place des femmes dans le secteur de la construction et de les rassembler. Dans ce domaine typiquement masculin, elles font encore face à de nombreux défis, parfois aggravés par un sentiment d’isolement.

Avec moins de 3 % d’effectifs féminins, le monde de la construction est encore et toujours un monde d’hommes. Et le défi demeure entier pour une femme qui veut s’y faire une place.

Valérye Daviault, présidente des Elles de la construction

« On a souvent l’impression d’aller à contre-courant, dit Valérye Daviault. Il y a des gens qui n’acceptent toujours pas d’avoir des femmes sur les chantiers. Il peut y avoir de la discrimination, directe ou indirecte. »

La conciliation travail-famille est également un obstacle majeur à l’intégration des femmes : « Comme c’est un milieu d’hommes, poursuit-elle, c’est mal vu de prendre un congé de maternité ou de s’absenter du travail pour s’occuper de ses enfants. »

Résultat : le taux d’abandon des femmes est presque deux fois plus élevé que celui des hommes, soit 57 % contre 36 %, selon un rapport de 2015 de la Commission de la construction du Québec (CCQ).

La valeur des femmes

Pourtant, les femmes ont beaucoup à apporter au monde de la construction. Selon l’Association de la construction du Québec, les employeurs observent plusieurs effets positifs de la présence des femmes sur les chantiers : plus de respect, plus de civilité et plus de sécurité.

« Pourquoi la construction garderait-elle les mêmes méthodes de travail qu’il y a 50 ans ? demande Valérye Daviault. Je crois que l’arrivée des femmes va révolutionner les méthodes de travail. Ça va réduire les accidents de travail, ça va pousser les entreprises à être plus efficaces et tout le monde va en bénéficier, les hommes y compris. »

Malgré les nombreux défis à relever, Valérye Daviault reconnaît que plusieurs entreprises font maintenant un effort marqué pour embaucher des femmes. Certaines organisations suivent d’ailleurs de près les activités des Elles de la construction.

« On sait qu’il y a des femmes en construction, mais on ne sait pas nécessairement où elles sont, dit la présidente. Notre organisme a pour but de les rassembler, pour leur permettre d’échanger et de briser leur isolement. »

L’organisme organise des conférences, des comités et des 5 à 7. Ces initiatives sont d’autant plus importantes que l’isolement est l’une des trois raisons principales d’abandonner le métier — les autres étant la discrimination et le harcèlement —, selon les données de la CCQ.

Source : Journal de Montréal, 10 avril 2018

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