Le blog de Richard


Réapprendre à marcher

Mardi, à notre soirée Réseautage & Gastronomie à Québec, je parlais avec Michel Ouellet, un jumeau, employé comme son frère chez Techniseal. Il me parlait économie, avançant que le vieil adage « Vaut mieux apprendre à marcher avant de courir » devrait être amendé pour tenir compte de l’actualité économique pour le moins vacillante et devenir: « Après avoir couru, il faut maintenant réapprendre à marcher ».

C’est vrai qu’on a connu de fulgurantes années, au point de presque rire au nez de la récession.

La récréation est finie. Place à la parcimonie. Chaque geste est pesé. Pausé aussi. C’est la simplicité involontaire. Il faut se réapproprier nos bases. Déléguer moins. Délester plus du tout.

Respirer.

Respirer est devenu un luxe qu’on se paie quand arrive la maladie.

Ce même mardi, un autre jumeau, âgé de seulement 14 mois celui-là, j’en suis le grand-papa, passait au bistouri au moment où je livrais mon allocution de circonstance devant la centaine de membres. Une bactérie, possiblement liée à une pneumonie latente, s’était infiltrée, visait ses os de hanche.

Sur le chemin du retour, j’imaginais Édouard arrivant à prendre le dessus à coups d’antibiotiques intraveineux et d’amour, devant réapprendre à marcher, lui qui n’a jamais encore connu la course. Plus j’avançais, plus proche de lui et de sa cause je me sentais.

Réapprendre à marcher. À s’alimenter. À goûter l’eau. À respirer. Si possible par le nez jusqu’au ventre. Mesurer ses pas de manière économe. Comprendre que deux enjambées rapides séparées d’un pas de recul nous fait perdre du calme, des réserves d’énergies pour affronter les rares vraies embûches au bonheur et à la prospérité. Cela nous fait surtout avancer d’un seul pas, payé à prix trop fort.

On vit nos vies à demie en pensant à l’avenir. Façon polie de dire qu’on profite à moitié du présent. Ironique que le mot présent soit aussi synonyme de cadeau.

La route de Québec à Montréal a été salvatrice. Comme le sera sans doute le parcours non terminé d’Édouard pour lui, pour son frère et tous ses proches.

Des jumeaux m’ont appris que vivre avec des jumelles braquées dans le visage à plein temps n’était ni rentable, ni agréable.


Peurs

Qui n’avance pas recule, a-t-on coutume de dire. Les dernières statistiques rendues publiques ainsi que les entrevues individuelles convergent : les ventes au détail dans la quincaillerie et les matériaux de construction n’évoluent pas.


Alors qu’on dénote entre juillet 2010 et 2011 à l’échelle canadienne une croissance des ventes de 3,9 %, tous secteurs confondus, nos centres de rénovation et centres jardin font du sur-place. Elles sont passées de 2 242 (en millions de dollars) à 2 246.

Le niveau de confiance des consommateurs est affecté par les difficultés du président Obama à mener le gouvernement américain pour que tous rament dans le même sens et en cadence.

Sans jeu de mots, les congestions routières ralentissent l’énergie de nos entrepreneurs qui en ont marre, au point où notre magazine Quart de Rond fait du problème des bouchons de circulation son dossier du mois.

Et les scandales mis au jour par l’Unité Duchesneau autour des travaux routiers ne sont pas sans amener certains clients de nos magasins à étendre les problèmes de surfacturation et de collusion à toute l’industrie, ce qui, hélas, nous inclut par la bande.

À la suite de notre demande d’enquête publique sur l’industrie de la construction – et quand je dis « notre », je parle de pratiquement tous les intervenants reliés au secteur du bâtiment – une commission a fini par se montrer le nez, sous une forme limitée, mais son annonce aura déjà un certain effet sur la population.

Maintenant, si on jette un œil à court terme sur les fluctuations entre les ventes de juin et juillet, on enregistre dans notre secteur une baisse de 0,8 %, à savoir que les ventes, en millions de dollars, sont passées de 2 264 en juin à 2 246. L’écart avec l’ensemble du marché est quand même de presque 1 % (0,9 %) lorsqu’on compare notre secteur à tous les autres, en excluant l’automobile (ventes de voitures, pièces et achats dans les stations-services).

Aux derniers salons visités, les marchands avouaient avoir des inventaires encore élevés de marchandises alors que les exposants, règle générale, se campaient dans la prudence quant à leurs prédictions de bons de commande.

On ne peut pour autant qualifier l’ambiance de maussade. Au contraire. Que des visages heureux croisés.

Le tout dernier sondage du Conseil québécois du commerce de détail (CQCD) révèle que la confiance des consommateurs a poursuivi sa chute dernièrement.

L’indice de confiance des consommateurs a glissé à 89,2 points en septembre. Il s’agit d’un recul de 15 % par rapport à l’automne 2010, alors que l’indice s’établissait à 105 points, et d’une diminution de 22 % par rapport au sommet historique de 114,4 points, atteint à l’automne 2009.

Les consommateurs veulent diminuer leurs achats en raison de l’incertitude qui entoure actuellement l’économie mondiale. «La reprise anémique observée aux États-Unis et la volatilité des marchés boursiers freinent les consommateurs», a commenté Gaston Lafleur, président-directeur général du CQCD.

Si les Québécois qui ont participé à l’étude du Conseil ont affirmé leur intention de diminuer leurs achats dans toutes les catégories de biens, il s’avère que le secteur de la quincaillerie serait moins touché, de l’ordre de 5 %.

«Il est possible que des ménages préfèrent utiliser leurs revenus discrétionnaires pour réduire leurs dettes et augmenter leurs épargnes dans le but d’affronter des périodes difficiles, estime M. Lafleur.

Il n’y a pas que Halloween qui fait peur finalement…


Pauvres clients

Je lisais hier que Vancouver est devenue la ville des inégalités les plus grandes, mesure qui se prend à partir de l’équation coût du logement vs revenu. Là-bas, cinquante pourcent de la population défraie 50 % de ses revenus pour le logement.

J’entendais hier le maire de Whistler – dans un étonnant français – expliquant qu’il a jugulé la problématique du logement abordable pour les gagne-petit en obligeant tous les constructeurs à prévoir un pourcentage d’appartements pas chers. La municipalité donne alors le terrain. Conséquence d’un tel plan d’intervention qui, sous des allures sociales prend une tournure carrément économique: l’industrie touristique, en particulier le ski dans les Rocheuses, qui fait vivre l’agglomération, n’a plus de difficultés à obtenir des employés pour rouler sa business.

Je vois aujourd’hui que Statistique Canada établit à 35,6 % la proportion des locataires du Québec qui paie 30 % ou plus de leur revenu pour se loger. Actuariellement parlant, ce sont des pauvres.

Selon un document de réflexion produit par Centraide Québec, organisme qui vient en aide à des centaines d’organismes d’entraide sociocommunautaires du Québec, les répercussions sociales de la pauvreté ne se font pas sentir seulement sur les individus et les ménages défavorisés, mais aussi sur l’ensemble de la société. La pauvreté engendre d’importants coûts sociaux dans divers domaines : sécurité du revenu, santé, éducation, justice, cohésion sociale et milieux de vie.

Le coût global de la pauvreté au Canada, en 2000, serait de près de 10 milliards de dollars, alors que 4 milliards de dollars auraient suffi à hisser les enfants hors de la pauvreté.

Les coûts systémiques de la pauvreté seraient donc plus élevés que les sommes à investir pour la combattre…

Pendant que d’autres militent en faveur de l’amélioration des connaissances en diététique pour que les moins nantis mangent mieux, que d’autres oeuvrent à contrer le décrochage scolaire, que d’autres encore donnent une deuxième ou une troisième chance aux matériellement ou culturellement pauvres qui ont commis des méfaits et veulent s’extirper de leur statut de rejetés sociaux et souvent même familiaux, nous, que faisons-nous ? Que pouvons-nous faire?

De simples mots-clé peuvent guider notre recherche de bonnes intentions: construction, rénovation, décoration. Ne cherchons pas loin de son champ d’intervention qui nous distingue des autres citoyens corporatifs.

Je pense qu’on peut et doit jouer un rôle dans nos quartiers respectifs pour les rendre plus salubres et plus sécuritaires, ce qui peut se traduire par un engagement de nos magasins et de nos usines auprès d’organismes qui s’activent concrètement sur le terrain. Parfois, un nouveau parc, un nouveau bâtiment, répondant aux besoins locaux, peut changer le cours d’une vie.

Invité aux Entretiens Jacques-Cartier, l’ex maire d’une ville brésilienne parle d’acupuncture urbaine pour désigner le geste précis que l’on peut faire près de chez soi. Jolie image à récupérer pour soi.

On peut et doit aussi jouer un rôle-conseil pour guider les moins informés qu’on appelle les analphabètes sociaux. Parmi vos clients, voire nos employés, vous seriez surpris de constater le nombre de personnes qui ont bénéficié d’apprentissages, mais qui n’ont pas acquis, ou ont perdu, la maîtrise de la lecture, de l’écriture et du calcul. 

Les pauvres qui n’ont soit pas assez d’argent ou de connaissances pour s’assumer méritent une assistance particulière. Leur rendre service, les accompagner de plus près que les autres peut faire la différence.  

Céder une marchandise au prix qu’on l’a payé ou offrir un service ne coûte rien. En échange de ce rien, le magasin ou l’usine peut rapporter une fierté qui ajoutera de la valeur à sa réputation et à ses qualités d’employeur.

Et qui sait si le désoeuvré d’aujourd’hui ne deviendra pas un jour votre plus gros client ou votre employé-clé…


Tout le monde en parle

Oui, tout le monde en parle. Personne n’agit encore.

Tout le monde en parle tellement que je n’ai même pas besoin de nommer la chose par son nom sans que vous, lecteurs, sachiez de quoi je parle.

Même le premier ministre connait l’inommable.

Elle sera publique avec des préliminaires plus propices à la confidence, ainsi se dessine-t-elle, quoi que revendiquent les partis d’opposition.

Au-delà des bandits à épingler, des méthodes établies en système sont à révéler et à détruire, cela pour le bien des consommateurs autant que de nos commerces et fabricants dont le travail est ombragé par tant de travail sous la table et d’enveloppes brunes.

On ne peut taxer notre nouveau Monsieur Net de parler à la solde de quelque lobby. Il incarne la libre pensée, expression attribuée à Victor Hugo pour qualifier une attitude consistant à refuser tout dogmatisme au profit du pragmatisme, à ne se fier qu’à sa raison. Partant, un pas à franchir pour conférer à son rapport une foi d’oracle.

Je suis comme vous. Enfin, comme 90 % d’entre vous. Je rêve que la chose dont tout le monde parle ratisse plus large que les ponts et chaussées.

Qu’elle zoome Hydro-Québec.

Qu’elle commence avant l’attribution des contrats découlant de la Baie James du 21e siècle, projet appelé le Plan Nord.

Qu’elle scrute les méga ministères que sont l’Éducation (15 milliards $) de la Santé (30 milliards $) car dois-je rappeler que le budget du ministère des Transports analysé par Monsieur Net ne représente que 5 % de tout ce que le gouvernement dépense?

Parle parle, jase jase. C’est pas juste de la télé. C’est la réalité vraie qui nous intéresse maintenant. Celle qui est payée à commission. Oups, j’ai prononcé le mot interdit!


Le défi des mâles anti magasinage

Les pères sont-ils comme des enfants que les mamans occupées doivent maintenir en état constant de divertissement lors des virées de magasinage de leur douce?
IKEA semble penser ainsi.
Une succursale australienne du géant suédois a mis au point le remède pour l’homme « shopping-phobique ». il s’agit d’une sorte de tanière masculine promue sous le nom de « Manland, » offrant un téléviseur à écran plat, une table de baby-foot et une machine à boules.
Ai-je mentionné des hot-dogs gratuits?
L’idée s’inspire d’une autre innovation d’IKEA, « Smaland, » un endroit où les mamans peuvent laisser leurs enfants afin de profiter d’un magasinage dégagé. 
Quand on y pense, alors ça fait de « Manland » une sorte de garderie pour des papas hébétés par un trop-plain de lèche-vitrine et d’essayage.
Le magasin de Sydney pousse le concept à son optimal, comme l’indique une notice:
« Pour s’assurer que les hommes ne soient pas abandonnés, leurs conjointes reçoivent une alarme qui sonne après 30 minutes, signalant l’heure d’aller les chercher. »
Aucun commentaire à savoir si les mâles participants obtiennent une étoile dorée pour leur bon comportement!
Est-ce vraiment où nous en sommes? Dans un endroit où l’homme doit être déposé dans les magasins de détail pour qu’il puisse regarder un match alors que madame choisit une causeuse et la peinture ?
La réponse est en deux mots: oui, hélas.  
Nos marchands me disent que 80 % des décisions sont prises par la femme en ce qui concerne la déco et la réno alors que seulement 10 % des décisions sont prises par les hommes. Je sais, le tout ne fait pas 100 %: il reste un maigre 10 % prises en couple!
On doit se pencher sérieusement sur cette histoire quand même grave sur les plans démographique et sociologique. On le fera en profondeur dans un prochain Quart de Rond. 
Car si la tendance se maintient, il faudra aménager des parcs-à-mâles dans nos RONA et nos BMR!


L’arroseur arrosé

Un policier, ou une quinzaine de policiers, même enquêteurs, même chevronnés, ne peut remplacer une véritable commission d’enquête. Mais ils peuvent, par leur rapport, surtout s’il est signé de la pointure d’un Jacques Duchesneau, provoquer la tenue de celle-ci.

C’est la leçon, la dure leçon, qu’apprend depuis hier le gouvernement du Québec.

Faisant fi de la volonté d’à peu près toutes les couches de la société réclamant une commission  d’enquête publique sur l’industrie de la construction, le premier ministre s’en est tenu à commander un rapport à l’Unité anticollusion. Puisque le document devait être secret, le gouvernement avait beau jeu d’utiliser les ingrédients pouvant servir à présenter, au moment et au lieu qui lui conviennent, sa stratégie de contre-attaque. Sauf qu’il n’est déjà plus secret, le rapport. Et ce n’est pas un rapport, c’est une bombe! Projectile explosif que les médias ont obtenu par coulage de l’intérieur. La machine à rumeur se remet aussitôt à s’activer en faveur d’une maintenant inévitable commission d’enquête.

Car on ne parle plus d’illégalités possibles, mais de faits recueillis sur le terrain. M. Duschesneau réfère même à l’immoralité, une valeur plus profonde que la seule fraude à laquelle se prête les bandits en cravate ou avec casque de construction. On fouille ici dans nos tripes, plus seulement nos poches.

Outre des entrepreneurs en construction, des firmes de génie-conseil et des employés du ministère des Transports du Québec sont aussi pointés du doigt, et bientôt du pied peut-être. Dépassement de coûts par des entrepreneurs, favoritisme des ingénieurs envers ceux-ci, financement illégal des partis politiques par l’industrie des travaux routiers, on jurerait un argumentaire de campagne politique concocté par l’opposition. Mais non. C’est le gouvernement qui s’est arrosé.


Comme toute bombe, celle lancée sans le vouloir par Duchesneau et al vient donner de l’eau au moulin des tièdes à l’égard du néo-libéralisme, avec sa tendance à réduire à son minimum la fonction publique et du coup, à diluer toute expertise interne pouvant protéger l’intérêt commun. La privatisation et l’allégement de l’État viennent peut-être d’atteindre leur point limite.


«S’il devait y avoir une intensification du trafic d’influence dans la sphère politique, on ne parlerait plus simplement d’activités criminelles marginales, ni même parallèles: on pourrait soupçonner une infiltration voire une prise de contrôle de certaines fonctions de l’État ou des municipalités», peut-on lire dans le rapport.

De là à en déduire que nos centres de rénovation et nos fabricants qui gagnent honnêtement leur vie d’entrepreneur soient lésés par de telles camaraderie à l’opposé d’un libre marché réglementé que sous-tend un capitalisme sain, c’est un pas… que je franchis!


Faut décôner

Ça ne peut être la faute au vote massif pour l’équipe à feu monsieur Layton dit Jack. Je parle de cette couleur orange qui pigmente nos routes, sans pimenter notre conduite, sinon qu’en rendant les chauffeurs rouges.
Les cônes utilisés pour délimiter les zones de chantiers sont en train de me faire perdre les pédales de ma voiture. 
Ils sont tellement populaires qu’ils font l’objet de leur propre site web maintenant: ZoneCone.ca.
J’ai été invité à représenter nos 800 employeurs et transporteurs membres lors du Forum sur l’état des infrastructures de transport qui se déroulera le 15 septembre prochain à Montréal. J’entends rappeler que lorsque la circulation ne porte plus son nom, quand ça bouchonne, surtout dans le grand et névralgique Montréal, c’est toute l’économie du Québec qui ralentit. 
Il faut comprendre que la livraison des produits entre les centres de distribution des fabricants ou des groupes d’achat vers les réseaux de vente est devenue un enjeu stratégique.
Le consommateur moderne exprime des besoins plus spécifiques qu’avant. Et il le fait au moment où les inventaires des magasins sont plus bas. Cela pour trois raisons : 
1) La surface disponible dans les commerces est gérée avec plus de parcimonie parce qu’elle coûte plus qu’avant.
2) L’étendue plus grande de produits proposés par les fabricants fait qu’aucun magasin ne peut avoir sur le plancher les 65 000 items (sku) qu’ils fabriquent, d’où plus de commandes spéciales, donc plus de marchandises en transit sur les routes.
3) Les marchands et les producteurs ont adopté une approche plus rationnelle des commandes. On est à l’ère du « juste-à-temps ».

Au final, le ralentissement et les coûts engendrés par la congestion routière accentue le fossé entre les attentes et l’impatience du consommateur versus le pouvoir de servir du marchand. 

Cela ne peut durer. Des mesures urgentes et des actions structurantes sont nécessaires.
Entre-temps, la rentrée scolaire va se faire pare-choc à pare-choc! 


Ah! ce retour

Ça doit bien être la trentième fois de ma vie, je devrais y être habitué. Je reconnais la texture de ces instants de tâtonnements inévitables où l’on se cherche. La perte d’automatismes dont on ignorait l’existence jusqu’à ce dernier dimanche de vacances. L’enthousiasme mis à raconter aux employés les grandes aventures qui nous sont arrivées, que les autres, écouteurs obligés, décodent comme de simples anecdotes, tellement moins wow que les leurs, leurs aventures, pas leurs anecdotes.

On ne s’habitue pas aux retours des vacances annuelles.

Le temps fait son oeuvre, tant et si bien qu’en quelques jours, le post-vacances n’est plus un état. La période transitoire s’est évaporée. On est au boulot maintenant. Et totalement.

L’enthousiasme des projets jumelé aux délais et aux budgets, ces deux agents stressants communs à tout gestionnaire, nous aspirent, du moins nous inspirent. Ce petit pourcentage de clients mécontents nous ramène à la réalité. Les vacances? De quoi tu parles?

Le désir de s’affirmer par le travail, de se prouver ou de se faire plaisir, occupent tout le corps et l’esprit. Au point où non seulement les prochaines vacances nous disent rien, même l’ombre de l’idée de prendre une retraite un jour ne plane pas sur nos silhouettes qui avancent droites et volontaires sous le nouveau soleil… des bureaux climatisés.


À chaud

Réfléchir à froid à mes prochaines vacances quand il fait 40 degrés ressentis à l’extérieur me laisse tiède.

Ça me tente plus ou moins.

Abandonner des travaux intéressants en cours d’accouchement, traverser les chantiers de construction ou pire, les chantiers inactifs entravant quand même la circulation, me refroidit, surtout par temps écrasant, et anticiper de revenir sur Montréal pare-choc à pare-choc, ça me tente moins que plus.

Je vais quand même partir en vacances. 

Parce que l’idée d’arriver à destination du voyage me sourit beaucoup, celui qui me mènera en camping sauvage avec épouse et pitou, avec vélo, kayak et canne à pêche aussi. Et pourquoi pas un porto et quelques froides.

Tout compte fait, j’ai hâte. Même hâte de ne pas arriver, d’apprécier les bouchons et les cônes oranges qui rallongeront le temps de lecture qu’on se fera à voix haute en couple sur la route. Même content du recul forcé sur la job, du plaisir anticipé de reprendre oxygéné les dossiers qui, du reste, ne se terminent jamais tout à fait.

En fait, je me sens déjà presque parti, cette vidéo en témoigne:

Bonnes vacances à toute notre communauté d’affaires. Mon blogue sera de retour le 11 août.


Déconstruction

Il y a actuellement « vacance dans la construction » au niveau du courage politique. La ministre du Travail, Lise Pouliot, s’est engagée à déposer une réforme à l’automne. Mais osera-t-elle s’attaquer aux racines du mal?

Les médias ont récemment rappelé que l’industrie de la construction représentait de loin la principale souche de travail au noir. Nous, on réclame des mesures incitatives, fiscalement parlant, pour rendre le prix des entrepreneurs officiels plus compétitif par rapport aux beaux-frères. On va continuer de marteler notre point, bien que toute mesure ne dépassera jamais l’effet qu’a un diachylon sur une blessure.

J’ai nommé comme problème numéro un : la bureaucratie. Tant du côté syndical qu’étatique, une flopée de cadres et professionnels sont réfugiés derrière leur poste à protéger, sinon leur chapelle (syndicale ou paragouvernementale).

Organiser son équipe de travail en vue d’un grand chantier en tablant sur des ratios de coût/compétence n’est juste pas possible tant le processus est grevé : protectionnismes de clientèles d’un bord, normes gouvernementales multipliées de l’autre. Au bout de la course essoufflée, le client se trouve à payer trop cher et pire encore, à constater dans 99 % des cas le non-respect des échéanciers.  

Alors que l’État devrait s’en tenir à offrir aux promoteurs l’assurance que les travailleurs accrédités ont le savoir-faire et l’éthique attendus pour faire leur boulot et que leurs vis-à-vis syndicaux devraient se concentrer à leur mission de défendre leurs membres contre tout abus ou injustice, voilà qu’ils interfèrent et amendent le cours normal du libre marché.

Il faut s’inspirer du film le plus vu au grand écran, » Transformers : la face cachée de la lune « , pour notre industrie de la construction, pour l’éclairer à la face du public et la transformer en profondeur. 

Les surcoûts à dénoncer sont généralement liés au surtemps. Il y a un système à déscléroser.  Il y a plus qu’un groupe d’étude et des offensives policières ponctuelles qui sont nécessaires. Il y a, redisons-le, une commission d’enquête à mettre sur pied avec le mandat non seulement de traquer les fraudes systémiques, mais même de réduire le poids de la bureaucratie.

Bonnes vacances de la construction quand même à tous les lecteurs!