Le blog de Richard


Il y a des leçons qui se perdent

Quand on se compare, paraît qu’on se console.

Je hais cette mentalité de nivellement par le bas.

J’avoue aussi que je passe un peu de temps, chaque semaine, à circuler incognito dans les magasins membres. Toutes les bannières subissent religieusement et mystérieusement mon analyse. Je dis mystérieusement, en référence au service de client mystère, populaire auprès des commerçants.

Et je suis rarement content.

Je navigue entre deux eaux, une fois la porte de sortie franchie: entre un sentiment moche d’avoir été ignoré et celui de n’avoir pas été compris ou satisfait.

Je me sens généralement comme dans un Boni-Soir ou un Couche-Tard, loin d’être des hauts lieux d’intensité et de plaisir. C’est-à-dire que je ne vis aucune émotion particulière. Je cherche sans assistance un produit… alors que c’est un SERVICE que je suis venu quérir!

Si je désirais simplement un produit, franchement, j’irais chez un généraliste du genre Costco ou Walmart. Ou bien je surferais sur l’Internet à la recherche d’un fabricant qui vend directement au consommateur.

Le quincaillier est THE spécialiste supposément, alors il faut que je le trouve, physiquement parlant, humainement parlant.

* * * * *

Deux fois par année, je fais changer mes pneus au même service spécialisé, cela depuis des lustres. Je sais que je pourrais trouver le produit, en l’occurrence le pneu, ailleurs, pour moins cher. Alors pourquoi je retourne au petit commerce? Parce que le nombre de pépins qu’il m’a fait éviter par son expertise, les services qu’il m’a rendus pour s’ajuster à mon emploi du temps, ne se comptent plus.

L’exemple est probant car il s’agit d’un stupide pneu. Une commodité, quoi.

Là, dans ce commerce, pourtant pas super bien localisé par rapport à mon domicile, aux heures d’ouverture limitées, je suis quelqu’un. On me connait. Pas par mon nom, d’ailleurs je m’en fous qu’ils ne connaissent pas mon nom. ils connaissent le client que je suis, en reconnaissent l’importance. Et ce feeling n’est pas lié à une personne en particulier. Non, il est organique; il transpire de tous les membres de l’équipe, même des nouveaux employés. Il y a là une culture alors qu’ailleurs, chez nous, dans ma cour, c’est trop souvent amorphe et désertique.

* * * * *

Donc, rares sont les moments où j’exulte de joie, où je peux ressentir une expérience client positive en achetant ou faisant semblant d’acheter de la peinture, un outil ou du contreplaqué.

Cela survient généralement quand le patron ou le petit patron s’en mêle. Avant, avec l’employé non employeur, non actionnaire, un grand bof! résume ce que je vis. Ce que je vis pas, en fait. Car je peine à trouver un employé disponible / agréable / connaissant. Dans cet ordre d’importance. Lequel ordre n’est pas le mien, mais correspond sensiblement à ce que tout consommateur cherche dans un magasin: la disponibilité d’une personne, son intérêt à mon égard ou plutôt envers mon besoin ou problème, puis son savoir-faire. Son savoir doit comprendre la connaissance des produits sur le marché et l’état de son inventaire, et bien souvent s’étendre au mode d’emploi, ou à défaut, me référer à une source d’information fiable.

* * * * *

Et pourtant, on se fait canonner de conseils sur l’art d’approcher et d’accompagner un client. Journaux, magazines, webinaires débordent d’informations. Malgré cela, c’est le calme plat. Une heure sur le plancher d’un de nos magasins est à des années lumière de l’ambiance, de l’accueil et de la « guidance » (désolé, pas trouvé le mot français) qu’on m’offre chez Apple, à la SAQ ou chez Fruits & Passion.

Il parait que La Senza offre aussi tout un service, mais je n’y suis pas allé. C’est à mon programme. :)))

Par conséquent, nulle surprise de lire le palmarès du journal Les Affaires sur l’expérience client, découlant d’une enquête menée par Léger Marketing. Aucune des 20 premières places n’est occupée par nos bannières.Voyez par vous-même:

Classements de nos joueurs
Rang
Bannière
Indice 2011
Indice 2010
Écart
23e
Canac
75,9
81,6
-5,7
44e
Home Hardware
65,8
68,1
-2,3
50e
Home Depot
63,9
58,9
+5,0
67e
BMR
60,8
60,9
-0,1
70e
RONA
59,3
65,2
-5,9
71e
Réno Dépôt
59,0
57,8
+1,2
77e
Canadian Tire
56,9
55,2
+1,7

Pour en finir avec l’expression « Quand on se regarde, on se désole et quand on se compare, on se console », je dis à nos membres: si vous pensez que les bannières de quincaillerie concurrentes est le modèle à battre, vous vous trompez de cible, elle est trop basse, qui ni vous ni elles n’ont encore réussi à susciter l’engouement des amateurs de rénovation. Le champ est encore libre. Plutôt, regardez en dehors de notre secteur pour trouver de bons élèves en matière d’expérience client.

Ces liens mènent aux articles sur le palmarès de l’Indice de l’expérience client de Léger Marketing, enquête commandée par le journal Les Affaires.

Palmarès de l’expérience client
Détaillants préférés


Le diable est dans le détail

Au moins cinq quincailleries et centres de rénovation viennent d’être victimes d’une arnaque qui les a délestés chacun de plusieurs dizaines de milliers de dollars.
Le scénario de base est simple, pour ne pas dire simpliste, mais hélas efficace. Pour les fins de l’histoire, appelons notre victime Roger.
Partant du postulat qu’un grand nombre des propriétaires de quincailleries et de centres de rénovation sont aux prises avec un problème de relève face à leur propre vieillissement ou fatigue, deux individus se pointent au commerce avec le prétexte de vouloir l’acheter, et vite.
Les acheteurs potentiels se présentent comme étant à la tête d’une grande firme de construction, détail non anodin pour comprendre le dénouement de l’histoire.
Une relation se noue au fil des jours, les prétendants sont d’apparence sérieuse et leur motivation tourne en proposition ferme d’achat à un prix et à des conditions que Roger trouve alléchants.
Une entente en bonne et due forme est signée, même appuyée d’un acompte généreux.
La relation s’intensifie, le respect réciproque s’installe, une amitié naît. Si bien que lorsque nos deux comparses rappellent Roger et lui exposent leur gros chantier de condos qui s’amorce, le marchand est tout oreille.
Dès lors, tout déboule. Les types racontent qu’ils ont beaucoup de quincaillerie et de matériaux à acheter, qu’il serait bête d’acheter à leur magasin habituel alors qu’ils peuvent aider la business de Roger, donc aider ce qui deviendra leur propre commerce…
Une première commande est passée, les types en prennent possession. Tout le monde est heureux. Puis une deuxième commande. Une troisième. 
Voilà que Roger (ou sa femme !) se réveille et se dit qu’il y a quand même des limites, que la relation d’affaires est si jeune, qu’il n’a pas procédé avec les vérifications de crédit habituelles en raison du contexte de partenariat qui lie les parties.
Roger commence à mal dormir. Des doutes l’assaillent : se serait-il fait avoir ?(ici, on peut changer le verbe avoir pour d’autres plus expressifs commençant par exemple par b ou e !)
Le rêve de la retraite promise devient cauchemar quand les appels logés chez les nouveaux amis de Roger restent sans écho.
Moyennant une promesse d’achat bidon, lustrée par un bon lunch, une poignée de dollars et une amitié réconfortante, Roger vient de se faire flouer de plusieurs milliers de dollars car jamais il ne verra l’argent des matériaux qu’il a préparé pour le duo d’escrocs.
* * * * *
Le Service des enquêtes sur les crimes économiques de la Sûreté du Québec se penche sur plusieurs cas semblables actuellement. Vous vous reconnaissez? Adressez-vous au bureau le plus près de la SQ.
La fraude sous diverses formes fait perdre à nos magasins plus de 166 millions par année au Québec.
On connaissait les fraudes de cartes de crédit clonées ou volées, les délais occasionnés par les vieilles machines « schlick-schlick » de cartes de crédit, lesquelles s’avèrent sans fonds. On connaît de plus en plus les petites combines entre employés et clients, surtout les dimanches, quand le ratio employés-clients est déséquilibré.
Une simple revue de l’Internet nous en fait voir de toutes les couleurs. En voici un exemple:
Mais tout ça est de la bien petite bière à comparer avec la présente situation.

Ne baissez pas la garde. Conservez vos réflexes de protection, nonobstant la dorure devant vos yeux. Car tout ce qui brille n’est pas de l’or.

Il y a dans ce bas monde du monde bas. Sans scrupules. Géniaux. Prêts à vous détrousser.
À la prochaine séance du conseil d’administration qui se tient le 14 décembre, je dépose un projet de trousse de prévention des fraudes qui contiendra des produits et des services aptes à rendre nos marchands membres plus vigilants, plus outillés aussi, pour faire face aux vilains, qui donnent un sens nouveau à l’expression « Le diable est dans le détail! »


Trappage scolaire

Ça ne prend quand même pas un post doctorat pour comprendre que moins la barrière financière à l’entrée de l’université est haute, meilleures sont les chances qu’a un jeune – ou un moins jeune – de décider d’y suivre une formation, et de la compléter.

Et pourtant, plusieurs associations patronales appuient l’intention gouvernementale d’augmenter de manière vertigineuse les frais de scolarité. Les étudiants sont piégés. Ils sont les boucs émissaire d’un système de (sous)financement qu’ils n’ont pas choisi, qui laisse leurs universités quêteuses et désincarnées du reste de la société, notamment nous, le monde des affaires.
La Fédération des chambres de commerce du Québec, la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante, le Conseil du patronat et Manufacturiers et exportateurs du Québec supportent en choeur le projet sous prétexte que nos étudiants paient beaucoup moins cher que ceux du reste du pays.
Puisque ce sont des amateurs de comparaison nationale, je leur rappelle que selon Statistique Canada, le Québec traîne dans le peloton de queue des trois pires provinces en termes de taux de participation des 24 à 26 ans à l’université. 

Le dernier recensement démontre aussi qu’il y a moins de diplômés au Québec qu’ailleurs au Canada: 21,6 % des Québécois ont un diplôme universitaire alors que la moyenne canadienne est à 22,6 % et que nos voisins ontariens sont à 24,7 %. Les Bostonnais, eux, frisent les 30 %.
Le Québec présente, en revanche, le plus faible taux de décrochage à l’université parmi toutes les provinces, donnée tendant à démontrer que notre système marche pour ceux et celles qui arrivent à y accéder. 

En clair, on n’a pas assez d’individus qui prennent le chemin de l’université au Québec, mais ceux qui y entrent et réussissent à en sortir avec un diplôme vont générer des revenus tant pour le commerce et l’industrie que pour les coffres de l’État qui seront supérieurs de plusieurs centaines de milliers de dollars par rapport à ce que vont rapporter les non-diplômés. 
En effet, le salaire moyen chez les détenteurs d’un diplôme universitaire, selon Statistique Canada en 2000, dépasse 42 000 $, alors que le revenu moyen des diplômés du collégial était d’un peu moins de 27 000 $. Au bout d’une vie, ça fait plus d’un demi-million de dollars de plus.

Idem pour le taux de chômage qui passe de 10,1 % pour les diplômés du secondaire à 4,6 % pour les gradués de l’université.

On pourrait ad nauseam poursuivre la démonstration que plus grand sera le nombre de personnes qui entre à l’université, plus nombreux seront les diplômés, et du coup, plus grandes seront les retombées pour tout le monde. Financièrement comme culturellement. 
Le marché actuel est bâti sur une belle logique. On facilite ton entrée à la grande école car de toute façon, par tes impôts plus élevés, cher diplômé, tu vas nous rapporter gros.

Et pourtant, le patronat et le gouvernement proposent des augmentations de 75 % sur cinq ans des frais de scolarité. Comme si la problématique du sous-financement chronique de nos universités devait reposer uniquement sur ses utilisateurs. Et qu’il y avait feu dans la demeure. Vite, vite, on a dormi au gaz quelques décennies, mais là, faut se rattraper d’un coup!

Pourquoi ne pas avoir étendu cet objectif, louable en soi, d’amener les coûts québécois à la moyenne canadienne, sur une période de dix ans? Quel groupe de la société accepterait sans mot dire de se faire imposer de telles hausses aussi rapidement?

Nos jeunes paient en fait pour une certaine paresse des dirigeants universitaires. Ceux-ci tendent la main à l’État en quête de subventions, qui d’ailleurs leur en donne plus que toute autre province. Mais qu’en est-il de la philanthropie, du rapport entre nos universités et nos communautés d’affaires?
Pire, le concept même de l’université du Québec repose sur un financement encore plus grand de l’État au lieu d’avoir été réfléchi avec le monde des affaires, futur employeur de ces éduqués.
Un changement de culture pour la collecte de fonds en milieu universitaire est palpable depuis tout récemment; on commence à peine à provoquer l’engagement des anciens étudiants dans une relation durable avec leur ancienne école.  

Au-delà de la logique mercantile proposée par le gouvernement pour régler le problème, j’en appelle à un débat de société plus profond, visant à une meilleure inclusion de l’université dans toutes les sphères de notre activité humaine, y compris pour la pérennité de nos entreprises. 





Excitante menace

Amazon est bien nommé. Le site ne demande pas, il prend. Il usurpe. Et il s’installe. Il assiège.

Comme le fleuve sauvage.

Comme les légendaires guerrières.

Amazon.com ne balaie pas autrement sur son passage depuis son arrivée sur le web. Sauf qu’il se limitait aux livres. Tous s’en foutaient. Sauf les libraires, bien entendu. Puis le site transactionnel a embrassé tout l’univers des produits culturels, neufs comme usagés. Résultat de la course: un chiffre d’affaires de 20 milliards $ et une « boutique » où s’activent 17 000 personnes. On est loin des pelleteux de nuages et de la simple anecdote virtuelle.

Amazon existe pour vrai. Et va déranger  nos marchands pour vrai.

Tant et si bien que lorsque le journal Les Affaires me demande cette semaine si on se sent menacé par l’annonce du bras canadien de Amazon à l’effet de mettre en vente directe jusqu’à 60 000 articles et produits de quincaillerie et de matériaux, j’hésite environ le tiers du quart d’une seconde avant d’émettre un oui non équivoque.

On  se sent aussi excité par ce coup de pied au c.. Le même effet qu’un « wake up call » après une période de paresse un peu molle.

On se demande pourquoi on a si longtemps attendu, nous, les magasins réels avec des clients en chair et en os, avant de se comporter au travail comme on le fait dans la vie privée: à la maison, en soirée ou le week-end, tout le monde ou presque magasine par Internet. Et on est de plus en plus nombreux à acheter en ligne.

Il en est ainsi des clients réels qui entrent dans nos quincailleries et nos centres de rénovation: ils sont en bonne partie AUSSI des Internautes, des e-clients.

Les raisons pour lesquelles on a laissé une entreprise virtuelle entrer dans nos magasins si facilement sont maintenant vaines à être connues. Le score est 1 à 0 pour Amazon. Faut faire du rattrapage. Le temps perdu ne se rattrape plus, une chanson a déjà établi ce fait.

Mais avec un bon plan, créatif et pertinent, on doit encore espérer que nos joueurs sauront séduire et satisfaire la dimension virtuelle qui se trame sous presque tous leurs clients réels.


Réapprendre à marcher

Mardi, à notre soirée Réseautage & Gastronomie à Québec, je parlais avec Michel Ouellet, un jumeau, employé comme son frère chez Techniseal. Il me parlait économie, avançant que le vieil adage « Vaut mieux apprendre à marcher avant de courir » devrait être amendé pour tenir compte de l’actualité économique pour le moins vacillante et devenir: « Après avoir couru, il faut maintenant réapprendre à marcher ».

C’est vrai qu’on a connu de fulgurantes années, au point de presque rire au nez de la récession.

La récréation est finie. Place à la parcimonie. Chaque geste est pesé. Pausé aussi. C’est la simplicité involontaire. Il faut se réapproprier nos bases. Déléguer moins. Délester plus du tout.

Respirer.

Respirer est devenu un luxe qu’on se paie quand arrive la maladie.

Ce même mardi, un autre jumeau, âgé de seulement 14 mois celui-là, j’en suis le grand-papa, passait au bistouri au moment où je livrais mon allocution de circonstance devant la centaine de membres. Une bactérie, possiblement liée à une pneumonie latente, s’était infiltrée, visait ses os de hanche.

Sur le chemin du retour, j’imaginais Édouard arrivant à prendre le dessus à coups d’antibiotiques intraveineux et d’amour, devant réapprendre à marcher, lui qui n’a jamais encore connu la course. Plus j’avançais, plus proche de lui et de sa cause je me sentais.

Réapprendre à marcher. À s’alimenter. À goûter l’eau. À respirer. Si possible par le nez jusqu’au ventre. Mesurer ses pas de manière économe. Comprendre que deux enjambées rapides séparées d’un pas de recul nous fait perdre du calme, des réserves d’énergies pour affronter les rares vraies embûches au bonheur et à la prospérité. Cela nous fait surtout avancer d’un seul pas, payé à prix trop fort.

On vit nos vies à demie en pensant à l’avenir. Façon polie de dire qu’on profite à moitié du présent. Ironique que le mot présent soit aussi synonyme de cadeau.

La route de Québec à Montréal a été salvatrice. Comme le sera sans doute le parcours non terminé d’Édouard pour lui, pour son frère et tous ses proches.

Des jumeaux m’ont appris que vivre avec des jumelles braquées dans le visage à plein temps n’était ni rentable, ni agréable.


Peurs

Qui n’avance pas recule, a-t-on coutume de dire. Les dernières statistiques rendues publiques ainsi que les entrevues individuelles convergent : les ventes au détail dans la quincaillerie et les matériaux de construction n’évoluent pas.


Alors qu’on dénote entre juillet 2010 et 2011 à l’échelle canadienne une croissance des ventes de 3,9 %, tous secteurs confondus, nos centres de rénovation et centres jardin font du sur-place. Elles sont passées de 2 242 (en millions de dollars) à 2 246.

Le niveau de confiance des consommateurs est affecté par les difficultés du président Obama à mener le gouvernement américain pour que tous rament dans le même sens et en cadence.

Sans jeu de mots, les congestions routières ralentissent l’énergie de nos entrepreneurs qui en ont marre, au point où notre magazine Quart de Rond fait du problème des bouchons de circulation son dossier du mois.

Et les scandales mis au jour par l’Unité Duchesneau autour des travaux routiers ne sont pas sans amener certains clients de nos magasins à étendre les problèmes de surfacturation et de collusion à toute l’industrie, ce qui, hélas, nous inclut par la bande.

À la suite de notre demande d’enquête publique sur l’industrie de la construction – et quand je dis « notre », je parle de pratiquement tous les intervenants reliés au secteur du bâtiment – une commission a fini par se montrer le nez, sous une forme limitée, mais son annonce aura déjà un certain effet sur la population.

Maintenant, si on jette un œil à court terme sur les fluctuations entre les ventes de juin et juillet, on enregistre dans notre secteur une baisse de 0,8 %, à savoir que les ventes, en millions de dollars, sont passées de 2 264 en juin à 2 246. L’écart avec l’ensemble du marché est quand même de presque 1 % (0,9 %) lorsqu’on compare notre secteur à tous les autres, en excluant l’automobile (ventes de voitures, pièces et achats dans les stations-services).

Aux derniers salons visités, les marchands avouaient avoir des inventaires encore élevés de marchandises alors que les exposants, règle générale, se campaient dans la prudence quant à leurs prédictions de bons de commande.

On ne peut pour autant qualifier l’ambiance de maussade. Au contraire. Que des visages heureux croisés.

Le tout dernier sondage du Conseil québécois du commerce de détail (CQCD) révèle que la confiance des consommateurs a poursuivi sa chute dernièrement.

L’indice de confiance des consommateurs a glissé à 89,2 points en septembre. Il s’agit d’un recul de 15 % par rapport à l’automne 2010, alors que l’indice s’établissait à 105 points, et d’une diminution de 22 % par rapport au sommet historique de 114,4 points, atteint à l’automne 2009.

Les consommateurs veulent diminuer leurs achats en raison de l’incertitude qui entoure actuellement l’économie mondiale. «La reprise anémique observée aux États-Unis et la volatilité des marchés boursiers freinent les consommateurs», a commenté Gaston Lafleur, président-directeur général du CQCD.

Si les Québécois qui ont participé à l’étude du Conseil ont affirmé leur intention de diminuer leurs achats dans toutes les catégories de biens, il s’avère que le secteur de la quincaillerie serait moins touché, de l’ordre de 5 %.

«Il est possible que des ménages préfèrent utiliser leurs revenus discrétionnaires pour réduire leurs dettes et augmenter leurs épargnes dans le but d’affronter des périodes difficiles, estime M. Lafleur.

Il n’y a pas que Halloween qui fait peur finalement…


Pauvres clients

Je lisais hier que Vancouver est devenue la ville des inégalités les plus grandes, mesure qui se prend à partir de l’équation coût du logement vs revenu. Là-bas, cinquante pourcent de la population défraie 50 % de ses revenus pour le logement.

J’entendais hier le maire de Whistler – dans un étonnant français – expliquant qu’il a jugulé la problématique du logement abordable pour les gagne-petit en obligeant tous les constructeurs à prévoir un pourcentage d’appartements pas chers. La municipalité donne alors le terrain. Conséquence d’un tel plan d’intervention qui, sous des allures sociales prend une tournure carrément économique: l’industrie touristique, en particulier le ski dans les Rocheuses, qui fait vivre l’agglomération, n’a plus de difficultés à obtenir des employés pour rouler sa business.

Je vois aujourd’hui que Statistique Canada établit à 35,6 % la proportion des locataires du Québec qui paie 30 % ou plus de leur revenu pour se loger. Actuariellement parlant, ce sont des pauvres.

Selon un document de réflexion produit par Centraide Québec, organisme qui vient en aide à des centaines d’organismes d’entraide sociocommunautaires du Québec, les répercussions sociales de la pauvreté ne se font pas sentir seulement sur les individus et les ménages défavorisés, mais aussi sur l’ensemble de la société. La pauvreté engendre d’importants coûts sociaux dans divers domaines : sécurité du revenu, santé, éducation, justice, cohésion sociale et milieux de vie.

Le coût global de la pauvreté au Canada, en 2000, serait de près de 10 milliards de dollars, alors que 4 milliards de dollars auraient suffi à hisser les enfants hors de la pauvreté.

Les coûts systémiques de la pauvreté seraient donc plus élevés que les sommes à investir pour la combattre…

Pendant que d’autres militent en faveur de l’amélioration des connaissances en diététique pour que les moins nantis mangent mieux, que d’autres oeuvrent à contrer le décrochage scolaire, que d’autres encore donnent une deuxième ou une troisième chance aux matériellement ou culturellement pauvres qui ont commis des méfaits et veulent s’extirper de leur statut de rejetés sociaux et souvent même familiaux, nous, que faisons-nous ? Que pouvons-nous faire?

De simples mots-clé peuvent guider notre recherche de bonnes intentions: construction, rénovation, décoration. Ne cherchons pas loin de son champ d’intervention qui nous distingue des autres citoyens corporatifs.

Je pense qu’on peut et doit jouer un rôle dans nos quartiers respectifs pour les rendre plus salubres et plus sécuritaires, ce qui peut se traduire par un engagement de nos magasins et de nos usines auprès d’organismes qui s’activent concrètement sur le terrain. Parfois, un nouveau parc, un nouveau bâtiment, répondant aux besoins locaux, peut changer le cours d’une vie.

Invité aux Entretiens Jacques-Cartier, l’ex maire d’une ville brésilienne parle d’acupuncture urbaine pour désigner le geste précis que l’on peut faire près de chez soi. Jolie image à récupérer pour soi.

On peut et doit aussi jouer un rôle-conseil pour guider les moins informés qu’on appelle les analphabètes sociaux. Parmi vos clients, voire nos employés, vous seriez surpris de constater le nombre de personnes qui ont bénéficié d’apprentissages, mais qui n’ont pas acquis, ou ont perdu, la maîtrise de la lecture, de l’écriture et du calcul. 

Les pauvres qui n’ont soit pas assez d’argent ou de connaissances pour s’assumer méritent une assistance particulière. Leur rendre service, les accompagner de plus près que les autres peut faire la différence.  

Céder une marchandise au prix qu’on l’a payé ou offrir un service ne coûte rien. En échange de ce rien, le magasin ou l’usine peut rapporter une fierté qui ajoutera de la valeur à sa réputation et à ses qualités d’employeur.

Et qui sait si le désoeuvré d’aujourd’hui ne deviendra pas un jour votre plus gros client ou votre employé-clé…


Tout le monde en parle

Oui, tout le monde en parle. Personne n’agit encore.

Tout le monde en parle tellement que je n’ai même pas besoin de nommer la chose par son nom sans que vous, lecteurs, sachiez de quoi je parle.

Même le premier ministre connait l’inommable.

Elle sera publique avec des préliminaires plus propices à la confidence, ainsi se dessine-t-elle, quoi que revendiquent les partis d’opposition.

Au-delà des bandits à épingler, des méthodes établies en système sont à révéler et à détruire, cela pour le bien des consommateurs autant que de nos commerces et fabricants dont le travail est ombragé par tant de travail sous la table et d’enveloppes brunes.

On ne peut taxer notre nouveau Monsieur Net de parler à la solde de quelque lobby. Il incarne la libre pensée, expression attribuée à Victor Hugo pour qualifier une attitude consistant à refuser tout dogmatisme au profit du pragmatisme, à ne se fier qu’à sa raison. Partant, un pas à franchir pour conférer à son rapport une foi d’oracle.

Je suis comme vous. Enfin, comme 90 % d’entre vous. Je rêve que la chose dont tout le monde parle ratisse plus large que les ponts et chaussées.

Qu’elle zoome Hydro-Québec.

Qu’elle commence avant l’attribution des contrats découlant de la Baie James du 21e siècle, projet appelé le Plan Nord.

Qu’elle scrute les méga ministères que sont l’Éducation (15 milliards $) de la Santé (30 milliards $) car dois-je rappeler que le budget du ministère des Transports analysé par Monsieur Net ne représente que 5 % de tout ce que le gouvernement dépense?

Parle parle, jase jase. C’est pas juste de la télé. C’est la réalité vraie qui nous intéresse maintenant. Celle qui est payée à commission. Oups, j’ai prononcé le mot interdit!


Le défi des mâles anti magasinage

Les pères sont-ils comme des enfants que les mamans occupées doivent maintenir en état constant de divertissement lors des virées de magasinage de leur douce?
IKEA semble penser ainsi.
Une succursale australienne du géant suédois a mis au point le remède pour l’homme « shopping-phobique ». il s’agit d’une sorte de tanière masculine promue sous le nom de « Manland, » offrant un téléviseur à écran plat, une table de baby-foot et une machine à boules.
Ai-je mentionné des hot-dogs gratuits?
L’idée s’inspire d’une autre innovation d’IKEA, « Smaland, » un endroit où les mamans peuvent laisser leurs enfants afin de profiter d’un magasinage dégagé. 
Quand on y pense, alors ça fait de « Manland » une sorte de garderie pour des papas hébétés par un trop-plain de lèche-vitrine et d’essayage.
Le magasin de Sydney pousse le concept à son optimal, comme l’indique une notice:
« Pour s’assurer que les hommes ne soient pas abandonnés, leurs conjointes reçoivent une alarme qui sonne après 30 minutes, signalant l’heure d’aller les chercher. »
Aucun commentaire à savoir si les mâles participants obtiennent une étoile dorée pour leur bon comportement!
Est-ce vraiment où nous en sommes? Dans un endroit où l’homme doit être déposé dans les magasins de détail pour qu’il puisse regarder un match alors que madame choisit une causeuse et la peinture ?
La réponse est en deux mots: oui, hélas.  
Nos marchands me disent que 80 % des décisions sont prises par la femme en ce qui concerne la déco et la réno alors que seulement 10 % des décisions sont prises par les hommes. Je sais, le tout ne fait pas 100 %: il reste un maigre 10 % prises en couple!
On doit se pencher sérieusement sur cette histoire quand même grave sur les plans démographique et sociologique. On le fera en profondeur dans un prochain Quart de Rond. 
Car si la tendance se maintient, il faudra aménager des parcs-à-mâles dans nos RONA et nos BMR!


L’arroseur arrosé

Un policier, ou une quinzaine de policiers, même enquêteurs, même chevronnés, ne peut remplacer une véritable commission d’enquête. Mais ils peuvent, par leur rapport, surtout s’il est signé de la pointure d’un Jacques Duchesneau, provoquer la tenue de celle-ci.

C’est la leçon, la dure leçon, qu’apprend depuis hier le gouvernement du Québec.

Faisant fi de la volonté d’à peu près toutes les couches de la société réclamant une commission  d’enquête publique sur l’industrie de la construction, le premier ministre s’en est tenu à commander un rapport à l’Unité anticollusion. Puisque le document devait être secret, le gouvernement avait beau jeu d’utiliser les ingrédients pouvant servir à présenter, au moment et au lieu qui lui conviennent, sa stratégie de contre-attaque. Sauf qu’il n’est déjà plus secret, le rapport. Et ce n’est pas un rapport, c’est une bombe! Projectile explosif que les médias ont obtenu par coulage de l’intérieur. La machine à rumeur se remet aussitôt à s’activer en faveur d’une maintenant inévitable commission d’enquête.

Car on ne parle plus d’illégalités possibles, mais de faits recueillis sur le terrain. M. Duschesneau réfère même à l’immoralité, une valeur plus profonde que la seule fraude à laquelle se prête les bandits en cravate ou avec casque de construction. On fouille ici dans nos tripes, plus seulement nos poches.

Outre des entrepreneurs en construction, des firmes de génie-conseil et des employés du ministère des Transports du Québec sont aussi pointés du doigt, et bientôt du pied peut-être. Dépassement de coûts par des entrepreneurs, favoritisme des ingénieurs envers ceux-ci, financement illégal des partis politiques par l’industrie des travaux routiers, on jurerait un argumentaire de campagne politique concocté par l’opposition. Mais non. C’est le gouvernement qui s’est arrosé.


Comme toute bombe, celle lancée sans le vouloir par Duchesneau et al vient donner de l’eau au moulin des tièdes à l’égard du néo-libéralisme, avec sa tendance à réduire à son minimum la fonction publique et du coup, à diluer toute expertise interne pouvant protéger l’intérêt commun. La privatisation et l’allégement de l’État viennent peut-être d’atteindre leur point limite.


«S’il devait y avoir une intensification du trafic d’influence dans la sphère politique, on ne parlerait plus simplement d’activités criminelles marginales, ni même parallèles: on pourrait soupçonner une infiltration voire une prise de contrôle de certaines fonctions de l’État ou des municipalités», peut-on lire dans le rapport.

De là à en déduire que nos centres de rénovation et nos fabricants qui gagnent honnêtement leur vie d’entrepreneur soient lésés par de telles camaraderie à l’opposé d’un libre marché réglementé que sous-tend un capitalisme sain, c’est un pas… que je franchis!