Le blog de Richard


Urgente stimulation

Dans mon dernier blogue, j’étais critique ou sceptique quant à la capacité et la volonté du gouvernement de réellement mousser le crédit d’impôt LogiRénov afin qu’un maximum de consommateurs en bénéficie.

Je rappelais comment les deux crédits d’impôt mis en place en 2009 pour contrer la crise économique avaient pêché par leur complexité et une communication tardive, ce qui avait empêché des milliers de consommateurs d’en faire usage.

Après avoir consulté les plus récentes données sur le rendement de nos magasins, je formule ma requête avec encore plus de surlignage: vivement, que le programme soit communiqué auprès des cibles et que le réseau des quincailleries et des centres de rénovation soit mis à contribution!

On en a vraiment besoin. Voyez par vous-mêmes. Deux statistiques qui en disent long sur notre léthargie.

Du 1er janvier au 28 février 2014, le commerce de détail au Québec a connu une hausse de 2,4 % par rapport à la même période en 2013. À l’échelle canadienne, l’activité a crû de 4,8 %. Dans le secteur de la quincaillerie, des matériaux et des fournitures en jardinage, la croissance a été plus modeste au niveau canadien (1,8 %), mais au Québec, chez nous, on a assisté à une baisse de 4,9 %.

Si on isole février, on constate que l’activité dans notre secteur au Québec est en baisse cette année de 2,7 % par rapport au même mois en 2013.

Le programme de crédit d’impôt LogiRénov est dû. Félicitons encore le premier ministre et son équipe pour initiative. Et poussons pour qu’une mise en marché intense et bien conçue soit bientôt en force, intégrant les quincailleries et les centres de rénovation comme courroies de transmission.


Leçons à tirer de 2009

Dans une lettre écrite ce matin au nouveau Premier ministre, j’invite le gouvernement à se rappeler à quel point le crédit à la rénovation lancé pour contrer la crise immobilière et boursière américaine avait été long et pénible à mettre en place. En bout de course, l’impact n’avait pas été aussi wow qu’anticipé.

Les gouvernements avaient tardé à nous mettre dans le coup, nous, quincailleries et centres de rénovation, relayeurs de première qualité pour exposer et accompagner les consommateurs attirés par un crédit d’impôt, et pourtant négligés dans le processus.

Espérons cette fois que nous serons entendus. Voici la missive officielle.

Longueuil, le 25 avril 2014 

Monsieur Philippe Couillard
Premier ministre du Québec,

Monsieur le Premier ministre,

Qu’il me soit permis de vous féliciter pour l’annonce confirmée d’un crédit lié à la rénovation résidentielle, tel que vous l’aviez promis en campagne électorale.

Votre mesure fait un heureux écho à l’une de nos demandes traditionnelles, motivée par le vieil adage voulant que lorsque le bâtiment va, tout va !

En se basant sur vos propres données où le manque à gagner du gouvernement est estimé à 330 millions $, on peut établir à 1,6 milliard $, d’ici au 31 décembre 2015 (marquant la fin du programme), l’impact de la mesure en termes de financement de coûts de permis de rénovation, de paiement d’honoraires des entrepreneurs et d’achats faits en magasin.

Tout cela devrait avoir des conséquences fort positives sur l’économie, et nous vous remercions par avance de votre proactivité.

L’annonce d’un programme ne garantit toutefois pas son succès instantané, d’autant que la description des modalités de LogiRénov, exposées en 15 pages sur le site du ministère des Finances, est loin de pêcher par excès de simplicité.

La situation n’est pas sans nous rappeler la problématique survenue en 2009 : les mesures des deux paliers de gouvernement peinaient à être comprises par les consommateurs et les entrepreneurs six mois après les discours politiques. Tardivement, les gouvernements avaient fini par équiper les marchands de trousses utiles à une diffusion à la fois ample et ciblée des vertus et des conditions des crédits proposés. Lorsqu’enfin tout était devenu clair, les programmes tiraient à leur fin.

Nous continuons de croire qu’un incitatif fiscal permanent est nécessaire afin d’éviter qu’on se bouscule aux portillons à la fin d’un programme aussi bref et du coup, que des consommateurs bénéficiaires soient victimes de certains entrepreneurs qui auraient beau jeu d’augmenter leurs honoraires…

Dans le contexte de LogiRénov, prévu pour vingt mois, nous souhaitons sincèrement que notre puissant réseau soit dès maintenant mis au service du déploiement de votre initiative afin de tirer les leçons qui s’imposent de l’expérience mi-figue et mi-raisin des crédits mis en place en 2009.

Nous vous offrons donc de munir l’AQMAT et ses 970 entreprises membres d’outils de communication et de gestion simples et clairs, le plus rapidement possible. Ainsi, la stimulation économique que vous recherchez – et nous aussi ! – ne saura tarder !

Veuillez agréer, Monsieur le Premier ministre, l’expression de mes sentiments les plus distingués.

Le président de l’AQMAT et chef de la direction,

 Richard Darveau


Qu’arrive notre Noël qu’est le printemps!

On sait tous que mauvais printemps, pour les quincailleries et centres de rénovation, rime avec mauvaise année financière. Aussi vrai qu’un temps des Fêtes moche en termes de ventes affecte la rentabilité dans la plupart des autres secteurs du commerce de détail.

Il est donc permis de se demander, que dis-je, de crier: printemps, viens-t-en vite!

Des records de froid datant de 1985 ont été battus ces derniers jours dans la plupart des régions du Québec. On parle d’une dizaine de degrés sous les valeurs saisonnières.

Le temps est prévu pour s’adoucir rendu à ce dimanche, sauf que le parapluie, ce fameux objet qui vient freiner toute intention de démarrer le jardinage, de dégager le sol, d’organiser le cabanon, semble vouloir s’imposer comme un accessoire obligé à quiconque voudra mettre le nez dehors.

C’est donc avec nostalgie qu’on se remémorera la vingtaine de degrés et le soleil qui régnaient durant le week-end de Pâques en 2010.

Le long congé attendu poursuivra-t-il la disette des activités dans nos magasins et dans les pépinières?

Il faut espérer que non, avec la même foi apte à ajouter des victoires du Canadien ce soir et dimanche…


Quand 1 + 1 peut égaler 3

Le co-marquage. 
Le quoi?
 Le co-branding, si vous préférez.
Le quoi?
Vous savez pourtant très bien ce dont je parle. Vous croisez et vivez des expériences de co-marquage tous les jours. Raison pour laquelle le magazine Quart de Rond en fait son prochain dossier. Raison aussi pour laquelle on vous sonde. Répondez ici à notre enquête.
Il s’agit du phénomène grandissant où deux commerces, ou deux marques, décident de partager un espace, ou une campagne, dans l’espoir que les clients du premier plairont aux clients du deuxième et que, combinées, les deux entités généreront plus de revenus que si elles étaient séparées.
Un long paragraphe qu’on aurait pu résumer par l’équation d’apparence illogique: 1 + 1 = 3.
C’est ainsi que vous pouvez manger un Big Mac dans un Walmart. Transférer de l’argent avec Western Union chez un épicier Métro. Cueillir un colis – timbré trop cher – à la pharmacie Jean Coutu.
Attirer une nouvelle clientèle, créer un plus grand achalandage sur une plus longue période, offrir des services complémentaires aux clients figure parmi les motivations à revisiter son modèle d’affaires en partageant du pied carré ou de l’image.
Notre industrie est-elle ouverte au co-branding? Devrait-elle l’adopter pour croître?
À vous de nous le dire.


Le seul vrai sondage

–> Le 7 avril surviendra l’élection qui fera passer pratiquement tous les sondeurs comme des incompétents et tous les médias qui les diffusent comme des mal intentionnés.
Les jugements sont trop sévères. Les sondeurs travaillent scientifiquement. Les médias relatent assez fidèlement les faits. Le bât blesse ailleurs.

On sonde le pouls de 1000 électeurs disséminés dans toutes les circonscriptions sur leur parti de prédilection et leur chef préféré.

Lundi, on ne votera en réalité ni sur l’un, ni sur l’autre. Nous serons limités à voter pour notre député local.

Peu importe que tel parti remporte 45 % des voix ou que 1000 personnes aimeraient majoritairement que ce soit tel candidat qui devienne premier ministre, les taux de popularité des partis n’ont aucun impact sur l’attribution des 125 sièges et le choix du premier ministre ne relèvera ni des électeurs, ni du pourcentage des voix que son parti aura récoltées.

C’est ainsi que notre mode électoral est (mal) fait.

Exemple farfelu que permet le système actuel: la CAQ obtient 45 % du vote, le plus haut taux de tous les partis en lice, mais malheureusement pour lui, termine deuxième ou troisième dans 120 circonscriptions avec pour effet que de n’avoir que cinq députés.

Deuxième fantaisie théoriquement possible: trois électeurs sur quatre n’accordent pas leur vote à un parti qui, néanmoins, finit premier dans un assez grand nombre de circonscriptions pour former un gouvernement minoritaire, et on se retrouve avec un premier ministre qu’à peine 25 % de la population voulait.

Il y a pire scénario encore, sans doute le plus probable: j’aime le candidat d’un parti et je vote pour lui, mais je hais le chef. Si je suis un peu marginal et en même temps malchanceux, mon préféré local n’est pas élu, mais plusieurs de ses collègues passent dans les autres comtés, si bien que le premier ministre devient celui que je n’aimais pas du tout.

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Ils me font rire les gens qui prétendent voter stratégiquement. L’idée aurait du poids si les calculs comportaient une forme de pondération proportionnelle, accordant une valeur politique aux taux de vote remporté respectivement par chaque parti. Sauf qu’il n’en est rien.

Le citoyen qui, par exemple, veut contrer le retour du Parti Libéral en votant Parti Québécois, bien que sans conviction, enverra des pourcentages de voix au PQ alors que le système s’en fout royalement de ces taux.

Je le répète: les électeurs n’ont que le pouvoir de décider lequel des candidats locaux deviendra député.

Et de toute façon, voter « stratégique », c’est inciter une personne à se prononcer à l’encontre de ses convictions réelles, ce que je trouve moralement discutable.

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Quand pourrons-nous tenir compte des taux de vote à l’échelle provinciale, ce qui est le premier barème utilisé par les sondeurs et les médias pour prendre le pouls de l’électorat avant le jour J?

Quand pourrons-nous cocher une deuxième case sur le bulletin de vote de manière à pouvoir décider directement qui nous voulons comme premier ministre?

Et je formule un troisième questionnement à voix haute: tant qu’à dépenser 90 millions $, pourquoi ne pas ne profiter, comme tant d’États le font, pour inscrire deux ou trois questions de consultation populaire, histoire d’asseoir des décisions à venir du prochain gouvernement sur des bases  solides. Il y a toujours un bon nombre de sujets à propos desquels tous les partis sont d’accord.

Outre d’être un affreux gaspillage dans son format actuel, le mode électoral québécois ou canadien fausse la donne et trahit la démocratie.


Printemps boueux

Débat bas. Évasions d’idées. Pêches aux sorciers. Coqs en vain.

Mesquineries. Mensonges. Vendettas. Allusions.

Promotion éolienne à l’emporte-pièce, coupures grossières de fonctionnaires, équilibre zéro accéléré, chasse pétrolière aveugle et autres chimères.

UPAC. Charbonneau. Jersey. Deal.

La campagne est devenue un concours de personnalités, des prises d’empoigne entre individus.

Les Barrette, Dubé, Khadir, Péladeau qu’on voudrait voir et entendre puisque appelés à modeler le prochain État sont devenus quasi fantomatiques.

Les enjeux de notre société restent tapis dans les coulisses d’une télé-réalité qu’on pourrait appeler « Mon père est moins salaud que le tien ».

C’est quand le 7 avril déjà?

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Heureusement, le Canadien est sur une bonne séquence.


L’AQMAT d’ici le 7 avril

Lendemain du premier débat télévisé des chefs, qu’est-ce que notre secteur économique récolte comme fruits concrets?

D’entrée de jeu, une annonce importante du Libéral Philippe Couillard, déjà mentionnée en campagne. S’il prend le pouvoir, il instaurera un crédit à la rénovation.

C’est déjà ça de promis.

On aurait préféré que le mot « permanent » se glisse au milieu de la phrase. Son absence laisse plusieurs interprétations possibles.

Tout comme on aurait été rassuré qu’il explicite son intention, idéalement dans le sens de notre proposition, à savoir que le montant du crédit d’impôt soit calculé sur la base d’hypothèses actuarielles évaluant l’écart entre des travaux faits sous la table et ceux effectués par des professionnels de la réno.

Je lui demanderai aujourd’hui de préciser ses intentions, tout comme nous cognerons de nouveau à la porte des autres partis (CAQ, Québec Solidaire et Option Nationale) afin qu’ils nous disent l’importance qu’on a à leurs yeux.

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Du côté du gouvernement sortant, au nom de la Première ministre à qui j’avais écrit en votre nom le 4 mars, des engagements écrits nous sont parvenus sur deux autres de nos principales revendications. Voici un extrait de la lettre:

« Le gouvernement du Parti Québécois est très préoccupé par le secteur de la construction, c’est pourquoi nous prenons bonne note de vos suggestions concernant la création du RAAP (Régime d’accession et d’amélioration à la propriété) et la nomination d’un ministre de l’Habitation par le prochain gouvernement. »

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D’ici au jour du vote, nous talonnerons toutes les formations politiques pour qu’elles se commettent, du moins pour qu’elles abordent les questions relatives à l’habitation.

Notre principale action est la pétition en cours. Au moment d’écrire ces lignes, nous avions franchi la barre des 150 chefs d’entreprises membres de l’AQMAT, signataires de notre démarche.

Pour prendre connaissance de la pétition réclamant la création d’un poste de ministre de l’Habitation et autres mesures, cliquez ici.


Jusqu’où protéger Richelieu et RONA?

Quincaillerie Richelieu et RONA sont au nombre des entreprises québécoises assujetties à la Loi québécoise sur les sociétés par actions et du coup, concernés par les amendements proposés par le groupe de travail mis sur pied par le ministre Marceau en réaction à deux épisodes marquants dans la récente histoire de notre Québec Inc:

– en 2010, Alimentation Couche-Tard ne peut acquérir Casey’s parce que cette entreprise est protégée par les lois de l’État où est son siège. Cela se passe aux États-Unis, patrie réputée du monde capitalisme libre;

– à l’inverse, à l’été 2012, il s’en faut pour peu que RONA soit achetée par Lowe’s. D’un point de vue légal, rien n’empêchait ou ne compliquait la transaction.

L’idée de base qui est recherchée par l’intervention projetée du Québec s’inspire en ligne droite de ce que pratique le minuscule Delaware, où six entreprises américaines cotées à la bourse sont incorporées: on veut des dispositions qui favorisent la prise en compte des intérêts exhaustifs de l’entreprise convoitée, et pas seulement les avantages que des actionnaires opportunistes pourraient retirer de la transaction.

Voilà une intention qui ennoblit notre système économique devenu trop sauvage au jugement d’un certain nombre d’observateurs. Elle mérite d’exister sous une forme législative ou réglementaire pour ne pas demeurer poésie.

Là est le défi.

Toute mesure qui aurait pour effet de décourager un acheteur me semble à proscrire. Sans une telle éventualité, comment motiver le management d’une société à la bourse de faire mieux? Comment ne pas nuire à la valeur de ses actions si les éventuels mouvements sur le parquet sont conditionnés à des normes protégeant plus l’une des parties (la proie) que l’autre.

En contrepartie, laisser le nouvel acquéreur libre, une fois la prise de contrôle complétée, représente une source réelle de menace pour la pérennité de l’entreprise qui a changé de mains. Dans un tel scénario, maximiser la plus value à court terme des actionnaires, certainement le principal objectif d’une Offre publique d’achat (OPA), pourrait être sous-jacent à d’autres engagements, notamment en regard de la revente à court terme ou du maintien des opérations pendant un certain temps en terre conquise.

Matière à réflexion…

Quoi qu’il en soit, il est courageux de réfléchir sur la question. Les travaux du groupe de travail ont mis au jour les politiques américaines souvent plus protectrices qu’on pourrait le croire. Le Québec n’est donc pas seul à vouloir adopter un nouveau pas. Ce qui m’amène d’ailleurs à conclure que l’étape charnière consistera à convaincre les autres Canadiens de discuter et d’implanter des mesures à l’échelle de tout le pays. Sinon, tout amendement à une loi strictement québécoise en la matière n’aura comme unique effet pervers, que d’isoler nos entreprises locales de l’arène des échanges d’ampleur continentale.


Le journal Les Affaires vante notre GPS

Sous le titre « Vitrine du détail: un nouvel outil de gestion pour les marchands », le journaliste Dominique Froment, dans le journal Les Affaires publié cette semaine, parle très positivement de notre Guide de planification stratégique (GPS).

La seule erreur de son article est lorsqu’il dit que la firme comptable Richter a été mandatée pour développer le GPS. Ce n’est pas tout à fait vrai. Le GPS a été conçu par l’AQMAT. La firme Richter a cependant été retenue pour analyser les données financières de l’étude, rôle qu’elle a assumé à la perfection et nous lui en sommes reconnaissants.

Voici l’article complet.

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Vitrine du détail: un nouvel outil de gestion pour les marchands

«Aucun autre secteur du commerce de détail n’a accès à autant d’informations pour les aider à mieux gérer», affirme Richard Darveau, président et chef de la direction de l’Association québécoise de la quincaillerie et des matériaux de construction (AQMAT).

M. Darveau est fier du «Guide de planification stratégique» (GPS) que son organisation vient de lancer. Un outil qui pourrait profiter à d’autres secteurs du commerce de détail, croit-il.

La grande majorité des 700 membres de l’AQMAT sont des affiliés, c’est-à-dire des propriétaires indépendants qui se sont regroupés pour se donner un meilleur pouvoir d’achat. Là s’arrête leur collaboration.

L’avantage du GPS est facile à comprendre : votre commerce réalise des ventes de 300 $ au pied carré (pi2), ce qui vous permet de dégager à la fin de l’année un bénéfice satisfaisant ; du moins, c’est ce que vous croyez. Mais si on vous disait que les commerces comme le vôtre affichent des ventes moyennes de 350 $ au pi2, vous prendriez sans doute des mesures pour trouver les raisons de votre contre-performance.

Un autre exemple : vos employés se plaignent que vous n’offrez pas de REER collectif. Si on vous disait que la plupart des commerces comme le vôtre en offrent un, peut-être y songeriez-vous sérieusement.

Utile aussi aux franchisés

Le premier rapport du GPS compte 81 pages. On y retrouve une pléthore d’informations qui permettent aux membres de l’AQMAT de se comparer – pour se consoler ou se désoler – en toute confidentialité : le nombre hebdomadaire d’heures d’ouverture, les cartes de fidélisation, les assurances collectives, la marge bénéficiaire brute, le coût de la main-d’oeuvre, le taux de roulement des stocks, etc. Ces données seront mises à jour annuellement.

«Cet outil est une révolution pour les commerçants indépendants, puisqu’il leur permet de se comparer pour connaître leurs faiblesses et cibler des solutions», estime M. Darveau.

Pour la première année, 128 des 700 membres de l’AQMAT se sont engagés dans le projet, et M. Darveau prévoit en recruter 200 l’an prochain. D’ici cinq ans, il estime que de 400 à 500 de ses membres auront adhéré au GPS.

Cet outil convient-il à un réseau de magasins d’entreprise dont l’information est centralisée au siège social ? «Oui, pense M. Darveau. Le siège social peut savoir lequel de ses magasins performe mieux ou moins bien, mais il n’a aucun moyen de savoir comment performe chacun de ses magasins par rapport à d’autres situés à proximité.»

Et pour les franchises ? «Même chose pour les franchises. De plus, les franchisés auraient tout intérêt à pouvoir se comparer avec d’autres, parce que, dans ces réseaux, l’information est contrôlée par le franchiseur qui la communique comme bon lui semble. Un franchiseur peut dire à un franchisé que ses chiffres sont sous la moyenne du groupe juste pour lui pousser dans le dos.»

Avec le GPS, le marchand n’a qu’à entrer ses données dans le système et le logiciel calcule les moyennes. Toutes les données sont confidentielles ; impossible d’établir l’identité d’un marchand en particulier.

En toute confidentialité

Marie-Claude Frigon, associée chez Richter, la firme mandatée par l’AQMAT pour développer son GPS, croit que cet outil va faire des petits dans le commerce de détail. «Le franchiseur Jean Coutu peut savoir que votre pharmacie performe aussi bien que la moyenne du réseau, mais il ne peut pas savoir si elle performe mieux ou moins bien que le Pharmaprix juste en face», dit-elle.

«Ces informations sectorielles sont très précieuses pour un commerçant, ajoute Mme Frigon. C’est la clé pour tirer son épingle du jeu dans un secteur de plus en plus concurrentiel.»

Au fur et à mesure que le nombre de participants augmentera, le GPS pourra être plus pertinent. Par exemple en calculant les ventes au pied carré pour le rayon de la peinture ou de l’éclairage, plutôt que pour tout le magasin.

La chaîne de quincailleries ACE a accès a 2 400 ratios américains. Ce qui n’a pas empêché la direction de ses 117 magasins québécois d’acheter le GPS pour accéder à des données régionales. «Les marchands portent plusieurs chapeaux et négligent souvent un tas d’indicateurs qui les aideraient à améliorer leur performance», dit Josée Desrosiers, directrice du développement des affaires d’ACE au Québec.

Trente-huit membres québécois d’ACE, des propriétaires indépendants, ont adhéré au projet dès la première année. Mme Desrosiers assure qu’elle n’aura accès à aucune information nominale sur ses membres. «Je n’ai que la moyenne et la médiane de ces 38 membres, dit-elle. Ça nous sera utile pour élaborer des stratégies gagnantes.»

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Sous-article encadré:


Le «Guide de planification stratégique» ouvre la voie à une révolution pour les commerçants indépendants, puisqu’il leur permet de se comparer afin de connaître leurs forces et leurs faiblesses.

416 $ – Ventes moyennes au pied carré des 128 magasins membres de l’Association québécoise de l’AQMAT qui ont participé au premier «Guide de planification stratégique».

34 % – Marge bénéficiaire brute des magasins d’entreprises (corporatifs) de la grande région de Montréal membres de l’AQMAT, par rapport à 29 % pour les magasins indépendants.


Budget pas trop olympien

Sans éclat. Aucun effort visible. Économe. Prudent. Tout ce qu’on n’attend pas de nos Olympiens cette semaine et la semaine prochaine, la performance de Jim Flaherty, ministre des Finances, l’a été, avec la présentation d’un dixième budget des plus plats.

Dois-je rappeler que le ministre n’a jamais prétendu être un athlète? Ni de vouloir jouer à la vedette.

C’est un père de famille. Un chef de ménage. Qui constate que de reporter le paiement d’une dette toujours sur les épaules de la prochaine génération n’est pas un geste solidaire ni logique.

Cette dette bouffe le tiers de notre produit intérieur brut. Elle nous alourdit. Nous écarte de tout podium, dans une optique de santé budgétaire.

L’AQMAT et ses quatre associations soeurs du reste du Canada (ABSDA, BSIA, LBMAO et WRLA) ont toujours demandé au palier fédéral et à nos gouvernements provinciaux de limiter l’augmentation des dépenses de programmes à des taux inférieurs à l’inflation. L’actuel gouvernement du Canada le comprend. Bravo!

J’applaudis donc au gel annoncé,  pour deux autres années, des dépenses de fonctionnement des ministères. Un geste symbolique et nécessaire.

J’aurai l’air de paraphraser Félix Leclerc qui se plaisait à dire que les Québécois prennent plaisir à voir l’autre se casser le cou, mais disons que je ne pleurerai pas devant l’annonce de réduction des régimes de retraite et de soins de santé des fonctionnaires fédéraux, sans aucune mesure avec la situation de l’ensemble des travailleurs qu’emploient nos entreprises membres.

Je suis aussi heureux que le gouvernement comprenne que la création d’emplois durables doit passer par le secteur privé; à ceux qui espéreraient encore un État dit Providence, je dis oui, avec enthousiasme, si on parle de prestations à caractère social, mais je dis non s’il s’agit de perpétuer la vie d’entreprises boiteuses ou de patrons sans scrupule à coups de subventions. L’ensemble des employeurs ne cogne pas, la main tendue, à la porte du gouvernement. Comme aux J.O., une entreprise doit viser la victoire, mais pas au prix de bénéficier de conditions inéquitables.

Dans la même veine, l’annonce de la vente des actions que le gouvernement détient chez GM est heureuse. Comment être à la fois dans un camp et arbitre dans un marché, quel qu’il soit? Poser la question revenait à y répondre. La présence du gouvernement a accompagné GM au plus fort de la tourmente. La crise est résorbée. Laissons l’entreprise présider à sa propre destinée.

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Ce qui me conduit à parler des écarts de prix inacceptables entre plusieurs biens vendus aux États-Unis par rapport à chez nous. J’encourage Ottawa à s’attaquer aux causes systémiques du phénomène qui a l’heur de faire passer nos marchands pour des voleurs.

Or,  je m’inquiète quand je lis dans le discours gouvernemental de mardi dernier qu’on prévoit  adopter des mesures législatives afin de sanctionner les entreprises qui imposent aux consommateurs des prix plus élevés qu’aux États-Unis pour les mêmes produits.

Il faudra veiller au grain pour s’assurer qu’on cible ici surtout les compagnies américaines et multinationales. Également, des actions de communication sont à prendre de la part du Conseil québécois du commerce de détail et son grand frère canadien pour sensilibiser le gouvernement au fait que les détaillants ne sont pas autonomes dans la fixation de ses prix de vente; les grands fournisseurs sont les maîtres du jeu. C’est à leur niveau que le gouvernement doit d’abord s’intéresser en étudiant de près les droits de douane, l’argument plus ou moins fallacieux de la petitesse relative du marché canadien ainsi que les normes de sécurité si souvent invoquées pour  expliquer la disparité, alors que nos deux pays n’en forment pratiquement qu’un seul, du point de vue de la liberté de circulation des biens.

Enfin, l’État devra fourbir de dents le Bureau de la concurrence afin que les pénalités soient prises au sérieux par les entreprises délinquantes.

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Le gouvernement reconnaît dans son document budgétaire que les coûts d’acceptation par les marchands canadiens des cartes de crédit comptent parmi les plus élevés au monde. Il lui reste cependant à agir pour mettre fin à ceci, comme l’ont fait plusieurs États, dont l’Australie, en imposant un plafond bas aux institutions financières, du fait que les marchands sont captifs et que prévaut une situation de duopole (mené par Visa et MasterCard).

Parlant de plafonnement, celui que le gouvernement entend imposer aux Bell et Rogers de ce monde pour discipliner les frais dit d’itinérance imposés aux consommateurs et aux entreprises, on s’en réjouit d’avance. Mon expression est peut-être mal choisie tant il y a des lustres que nous attendons que le fédéral mette le pied dans cet étrier. Je corrige mon exclamation: « on a plus que hâte de s’en réjouir! »

Le Conseil du patronat – et nous aussi – apprécie la mise sur pied du fonds appelé Apogée Canada afin d’appuyer la recherche. L’organisme espère qu’une juste part de l’enveloppe de 1,5 milliard sur dix ans allouée au fonds servira à encourager la recherche en entreprise, afin d’accroître la productivité, l’innovation et la commercialisation.

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Les programmes de formation pilotés au Québec par la Commission des partenaires du marché du travail et Emploi-Québec fonctionnent plutôt bien. Donc on est heureux que des officiers du gouvernement, dans leurs commentaires suivant l’exposé du ministre et avant que soit décrétée la loi d’application de son budget, reconnaissent les qualités de notre système.

Parmi les rares nouveaux programmes d’aide annoncés, je souligne la mesure offerte aux apprentis oeuvrant dans un métier spécialisé désigné Sceau Rouge et qui aura droit à un prêt maximal de 4 000 $ pour une première formation technique. En cette ère où nos employeurs hésitent à perfectionner leur personnel, par peur de se les faire ensuite voler par la concurrence, l’approche est bonne. Car c’est l’employé qui investit en lui-même. Et cela, sous des conditions de remboursements analogues à celle d’un prêt étudiant.

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De l’argent frais pour que ménages et entreprises en région passent à l’Internet haute vitesse (5 mégabits par seconde) est le bienvenu. Il reste à savoir ce que le gouvernement entend par « régions éloignées ».

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On entend souvent parler de l’atteinte du déficit zéro, comme le zénith de la performance. Mais non. Ce n’est juste le premier pas vers le retour de surplus annuels qui, il faut l’exiger, soit 100 % réinvesti dans la réduction de la dette cumulée si lourde à porter par nous tous, et surtout par ceux qui nous suivront…