Déforestation tropicale et contreplaqué : un duo contesté

L’AQMAT sensibilise régulièrement ses membres aux revendications citoyennes de plus en plus militantes, notamment en rapport à la protection de la planète. Les actionnaires de Home Depot vont le vivre. À l’approche de leur réunion le 19 mai au siège d’Atlanta, le groupe de défense des intérêts « Friends of the Chocó » lance une campagne pour mettre en évidence que le contreplaqué Sandeply, fabriqué par la compagnie Endesa-Botrosa, est en train de déboiser les forêts tropicales primaires dans la région de Chocó de l’ouest de l’Équateur.

En clair, les militants en sont rendus à associer un détaillant, dans ce cas-ci Home Depot, aux agissements d’un fabricant situé à l’autre bout du continent.

La campagne comprend un nouveau film documentant les impacts des opérations forestières et des panneaux d’affichage mobiles autour du siège social de Home Depot à Atlanta.

En gros, le message est le suivant : « Détruire la forêt tropicale pour faire du contreplaqué, c’est comme brûler la Joconde pour cuisiner votre repas ». C’est ce qu’explique Brian Rodgers, fondateur des Amis du Chocó.

Un rapport de l’organisme vise à sensibiliser non seulement les membres du conseil d’administration et les investisseurs, mais aussi les clients quant à la responsabilité liée de la bannière.

Le rapport exhorte Home Depot à cesser de transporter la marque Sandeply et à mettre fin à sa relation d’approvisionnement avec Endesa-Botrosa et/ou à trouver des alternatives durables pour les plantations.

La puissance aujourd’hui du mouvement citoyen est telle que la très haute-direction de Home Depot, dans une série d’appels téléphoniques enregistrés par les écologistes, a clairement exprimé son intention de mettre fin à tout arrivage de bois équatorien de la compagnie Endesa-Botrosa s’il est démontré que la forêt tropicale d’où le bois provient pour fabriquer les contreplaqués a réellement perdu sa certification FSC.

Ron Jarvis, vice-président développement durable chez Home Depot va même plus loin en entrevue privée : « L’exploitation d’une forêt d’où provient du bois que nous vendons doit être effectuée de manière durable (sustainable, en anglais). Nous n’allons définitivement pas promouvoir, appuyer, ni encourager aucune pratique forestière non durable, qu’elle soit ou non certifiée FSC. »

Cette histoire racontée dans une vidéo tournée ces derniers jours et qu’on peut visionner en cliquant ici montre que Home Depot réagit avec un grand sens de la citoyenneté corporative, un profond respect pour la biodiversité et une compréhension sincère des principes du développement durable. Elle montre aussi que même un détaillant ne peut plus ignorer et feindre de savoir dans quelles conditions (humaines ou écologiques) sont extraites les ressources servant à fabriquer ce qu’il vend aux consommateurs.

Richard Darveau de l’AQMAT commente le cas : « Le mouvement citoyen va obliger Home Depot à sonder plus profondément le cas de ses approvisionnements venant d’Équateur et tout le monde en sera gagnant, en premier l’entreprise elle-même qui, pour sa réputation, ne peut se permettre d’avoir une pomme pourrie dans son panier. »

Une précision importante pour bien établir les faits : les engagements du détaillant ont été commis au groupe écologiste en 2018. Voilà pourquoi l’organisme manifeste sa présence encore c’est jour-ci.

 

 

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