Pénurie autour de 20 000 travailleurs dans la construction par l’ACQ

Selon l’étude dévoilée hier par l’Association de la construction du Québec (ACQ) a dévoilé hier à Montréal, il manquera près de 20 000 travailleurs par année au cours des dix prochaines années pour répondre à la demande.

Lorsque l’on compare les moyennes d’heures travaillées des dix dernières années, on remarque qu’il y aura un manque à gagner important de travailleurs pour les années à venir. En 2019, l’ACQ estime qu’il aurait fallu environ 25 000 travailleurs de plus pour arriver à des moyennes d’heures travaillées dites « normales ».

Comme indiqué au tableau 19, l’ACQ estime qu’il y aura toujours un manque à gagner de près de 17 500 travailleurs en 2023, alors qu’en 2028 ce sont près de 24 000 travailleurs de plus qui seront nécessaires à l’industrie pour arriver à des moyennes travaillées dites « normales », et ce, si les tendances observées en matière de recrutement de la main-d’œuvre ne changent pas dans le futur.

En effectuant une moyenne des dix prochaines années, l’ACQ estime que ce sont près de 20 000 travailleurs de plus dont l’industrie aurait besoin pour suffire à la demande.

Parmi les métiers les plus sollicités on note les mécaniciens d’ascenseur, les soudeurs, les poseurs de systèmes intérieurs, les poseurs de revêtement souple et les grutiers. Toutefois, les métiers où l’on remarque les plus grands besoins en termes de nombre de travailleurs sont les briqueteurs-maçons, les peintres, les tuyauteurs, les opérateurs de pelles, les électriciens et les opérateurs d’équipement lourd.

Des années records à prévoir pour les 10 prochaines années

Malgré la menace d’un ralentissement de l’économie mondiale, l’étude de RCGT démontre que les heures travaillées au Québec demeureront au-dessus du seuil historique de 2012, et ce, pour les 10 prochaines années. Ces niveaux records d’heures travaillées continueront de mettre une pression énorme sur les entreprises de construction.

Dans le tableau 16, nous observons un léger ralentissement dans le secteur institutionnel-commercial, mais ce secteur, que représente l’ACQ, connaîtra un regain dès 2021 pour atteindre de nouveau des niveaux historiques en 2022, notamment grâce aux investissements gouvernementaux.

Les conséquences d’une industrie qui roule à pleine capacité

L’industrie de la construction roule à plein régime et, au rythme actuel, l’ACQ estime qu’il se travaillera plus de 180 millions d’heures en 2019, un record pour l’industrie, alors qu’il ne s’est jamais travaillé plus de 165 millions d’heures dans l’industrie de la construction au Québec (2012). Un an après avoir tiré la sonnette d’alarme, l’ACQ admet que la situation est maintenant plus problématique que jamais et que les entrepreneurs en construction vivent difficilement avec les conséquences de cette pénurie.

Selon un sondage de la Commission de la construction du Québec (CCQ) datant du mois d’août 2019, les entrepreneurs en construction sont unanimes : seulement 1 % d’entre eux croient que les difficultés à embaucher sont moins intenses que dans les 12 derniers mois. Dans le même sondage, 77 % affirment ne pas avoir été en mesure de pourvoir tous leurs postes de compagnons, 67 % leurs postes d’apprentis et 72 % leurs postes d’occupation.

Or, les conséquences sont majeures : les entrepreneurs affirment que leur entreprise est moins rentable ou concurrentielle (62 %), ils refusent des contrats (61 %), travaillent plus d’heures eux-mêmes (60 %), alors que plus de la moitié d’entre eux affichent des retards dans la livraison de leurs contrats (58 %). Pour faire face à la pénurie, ils reportent ou étalent des contrats (55 %) ou embauchent et forment des travailleurs moins expérimentés (44 %).

En ce sens, l’ACQ croit que le gouvernement Legault devrait s’attaquer à la pénurie de main-d’œuvre dans l’industrie de la construction en priorité puisque des investissements importants sont prévus en matière d’infrastructures gouvernementales, notamment dans les infrastructures scolaires.

Un virage technologique de plus en plus incontournable

Selon l’ACQ, un virage technologique de grande envergure est une solution incontournable à la pénurie de main-d’œuvre dans le secteur de la construction. En fait, l’ACQ fonde beaucoup d’espoir sur l’utilisation des technologies et des nouvelles techniques de production, car elle permettrait non seulement d’améliorer la productivité en chantier, mais elle permettrait aussi d’atténuer les effets de la pénurie de main-d’œuvre.

À cet égard, elle invite les différents paliers de gouvernement à se pencher rapidement sur des solutions pour aider les entreprises, notamment les entreprises de 5 employés et moins, à procéder à un virage technologique important au cours des prochaines années.

Au cours des prochaines semaines, l’ACQ visitera plus d’une dizaine de régions au Québec pour dévoiler les résultats de son étude et proposer aux entrepreneurs en construction une série de solutions à court, moyen et long terme, afin de pallier le manque de main-d’œuvre auquel devra faire face l’industrie dans les 10 prochaines années.

Parmi les solutions avancées pendant la tournée, l’ACQ propose divers changements réglementaires à la CCQ pour, entre autres, améliorer la gestion des bassins de main-d’œuvre, améliorer l’offre de formation dans les régions en fonction des besoins identifiés par l’ACQ et réduire les délais administratifs pour la reconnaissance des acquis pour les nouveaux arrivants et les travailleurs d’industries connexes.

Pour plusieurs observateurs, dont Richard Darveau de l’AQMAT, l’une des solutions à la pénurie de main-d’œuvre consiste à intégrer aux grands projets l’approche BMM. Lire ici plus de détails à ce sujet : /lindustrie-quebecoise-de-construction-se-mobilise-accelerer-lintegration-bim/

 

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