La main-d’œuvre en bâtiment impactée par la transition énergétique

Alors que les impacts de la transition énergétique sur la main-d’oeuvre et les entreprises n’ont pas été réellement pris en compte dans la Politique énergétique 2030 et que le gouvernement travaille actuellement sur la Stratégie de la main-d’oeuvre, un groupe de travail multisectoriel a dévoilé hier une étude inédite. L’AQMAT a été consultée.

Le secteur du bâtiment sera en pleine mutation au cours des prochaines années, notamment avec l’émergence de nouvelles normes en construction et rénovation et technologies qui favorise les bâtiments durables. Ces transformations pourraient entraîner de nombreux emplois dans plusieurs domaines, tels que la mécanique du bâtiment. Toutefois, le manque de formation pour les entrepreneurs et la main-d’œuvre demeure un enjeu important. Encore peu de programmes de formation existent, notamment dans des créneaux comme la domotique, alors que des opportunités intéressantes de création d’emplois existent.

La formation de la main-d’œuvre sera donc une des clés d’une transition énergétique réussie et inclusive, ainsi que le développement d’entreprises de calibre mondial.

Les impacts prévisibles dans la construction et la rénovation, de même que dans l’entretien des bâtiments

Une attention particulière est portée ici à la construction de bâtiments, la rénovation, la quincaillerie et les matériaux de construction ainsi qu’à l’entretien, la maintenance et la gestion des bâtiments.

Il semble que ces sous-secteurs seront appelés à se transformer de façon importante dans les prochaines années, notamment avec le développement de nouvelles techniques de construction et l’adoption de normes en matière d’efficacité énergétique plus rigoureuses. Le marché de l’emploi, autant au niveau de la main-d’œuvre que des entreprises, s’en trouvera indéniablement affecté devant les besoins en matière de formation et d’innovation qu’entraîneront ces changements, notamment pour intégrer des principes d’efficacité énergétique plus rigoureux et en adoptant de nouvelles approches, tels que les approches cycle de vie et 3RV-E.

Des emplois pourront potentiellement être créés dans les domaines de la mécanique du bâtiment (ingénieurs et techniciens, de l’inspection des bâtiments et dans la fabrication de matériaux correspondant aux nouvelles normes à venir, dont les isolants et certaines pièces de quincailleries.

L’habitation écologique encourage aussi la revalorisation et la récupération des matériaux de construction, ce qui pourra entraîner une création d’emplois dans les écocentres et centres de tri.

La construction écologique favorise aussi l’utilisation de certains matériaux à plus faible empreinte écologique, comme le bois, et surtout l’approvisionnement local.

Toutefois, le manque de formation pour les entrepreneurs et la main-d’œuvre en construction et rénovation est un enjeu réel.

De plus, certains cadres réglementaires essentiels à la réalisation d’une transition énergétique efficace et inclusive, comme les codes de construction, montrent des signes de désuétude et un manque d’inspecteurs peut rendre leur mise en œuvre plus ardue.

Le manque de prévisibilité dans la durée des programmes et normes en matière de rénovation et construction écologique limite aussi la capacité des employeurs et institutions de formation à mettre sur pied des programmes de formation permettant à la main-d’œuvre de s’adapter adéquatement à l’évolution du sous-secteur.

Bien qu’il y ait eu une diminution des GES provenant du parc résidentiel québécois, avec la conversion d’unités de chauffage au mazout au profit de formes d’énergies moins émettrices, on note une augmentation importante des émissions dans le sous-secteur commercial et institutionnel, notamment due à l’utilisation de carburants fossiles pour le chauffage des espaces, entre autres dans les centres d’achats.

De plus, des centaines de milliers de résidences québécoises utilisent toujours des systèmes de chauffage au mazout, une importante source de GES.

Cette situation incite que le Québec poursuive ses efforts en vue de réduire l’empreinte écologique du secteur, notamment en promouvant davantage la construction et la rénovation écologique.

D’après l’Enquête sur les dépenses des ménages en 2010 de Statistique Canada, 1,2 million de logements au Québec ont été construits en 1960 ou avant et plus de 900 000 logements avaient besoin de réparations mineures ou majeures.

L’Institut de recherche en économie contemporaine (IREC) affirme que cette situation représente une occasion de renouveler le parc immobilier québécois selon des principes d’efficacité énergétique plus rigoureux, menant à une forte création d’emplois.

L’institut estime que la seule rénovation d’un million de logements résidentiels au Québec, à la hauteur de 50 000 logements par an pendant vingt ans, aurait le potentiel dès la première année de créer 1 863 emplois, de l’évaluation du nombre de logements à rénover à la réalisation des travaux.

La transition dans le secteur du bâtiment mènerait donc potentiellement à d’importantes retombées positives pour les entreprises et la main-d’œuvre québécoise.

La construction et la rénovation écologique pourraient ainsi entraîner une demande pour des techniciens en bâtiment, des architectes, des ingénieurs et des dessinateurs en mécanique du bâtiment ainsi que pour des entrepreneurs généraux spécialisés en efficacité énergétique.

La transition énergétique pourrait également stimuler une création d’emplois dans la fabrication d’isolants, de fenêtres et de pièces de quincaillerie ainsi que dans l’installation de systèmes électriques ou de chauffage plus durables, comme des panneaux solaires.

Toutefois, certaines barrières se posent toujours à la construction et la rénovation écologique à grande échelle, ce qui ralentit la potentielle création d’emplois liée à l’avènement du bâtiment écologique.

La situation de l’emploi dans le sous-secteur de la construction et de la rénovation écologique : une main-d’œuvre sous-estimée ?

Selon l’organisme Écohabitation, l’impact réel de la transition énergétique sur l’emploi du sous-secteur de la construction et de la rénovation écologique serait largement sous-estimé.

L’organisme indique qu’une grande part des emplois créés sont indirects et ne relèvent donc pas des travaux de construction ou de rénovation en tant que tels. Les emplois indirects incluent les fabricants d’isolants, de fenêtres et de pièces de quincaillerie. Ces emplois ne sont pas toujours comptabilisés dans l’évaluation de la main-d’œuvre du sous-secteur du bâtiment écologique.

De plus, selon Écohabitation, la place importante de l’économie informelle dans ce sous-secteur contribue à en diminuer l’importance dans les statistiques officielles.

Dans une étude de marché réalisée en 2014, l’organisme Écohabitation identifiait que le frein le plus important à la construction et la rénovation résidentielle écologique au Québec était la perception que ces travaux engendreraient des coûts trop élevés.

Afin de stimuler la demande en construction et rénovation écologique au Québec, le gouvernement a mis en place plusieurs programmes de subventions tels que Novoclimat et Rénoclimat ainsi que le crédit d’impôt temporaire Rénovert.

Selon l’Association québécoise de la quincaillerie et des matériaux de construction (AQMAT), ces programmes ont stimulé de façon importante la demande pour des produits et services de rénovation et construction écologique, entraînant ainsi une création d’emplois dans le sous-secteur, notamment dans la vente de matériaux dans les quincailleries.

L’habitation communautaire, un acteur important de la transition énergétique

Depuis quelques années, les habitations communautaires (organismes à but non lucratif et coopératives) neuves profitant du programme AccèsLogis de la Société d’habitation du Québec doivent se conformer aux normes Novoclimat. Le secteur communautaire contribue ainsi à la présence de bâtiments certifiés, et conséquemment à l’emploi qui y est rattaché.

Dans le domaine du logement social et communautaire, les impacts sur la main-d’œuvre de ces changements se feront entre autres sentir sur les professionnels qui travaillent à la conception des projets dans les groupes de ressources techniques (soutien à la mise sur pied de coopératives ou d’organismes à but non lucratif d’habitation) et sur les technologues en bâtiment qui œuvrent dans les centres de services techniques (accompagnement dans la gestion des immobilisations des organismes à but non lucratif d’habitation).

Les nouvelles normes en matière de construction et rénovation de bâtiments affecteront ainsi la nature de leur travail en plus de nécessiter de la formation continue.

AccèsLogis Québec est un programme d’aide financière à la réalisation de logements sociaux et communautaires pour les ménages à revenu faible ou modeste, ou qui ont des besoins particuliers en habitation.

Les petits bâtiments multilogements d’au plus 600 m2 et d’au plus 3 étages doivent se conformer aux exigences de la norme Novoclimat 2.0.

Les grands bâtiments multilogements de plus de 600 m2 et d’au plus 10 étages doivent quant à eux respecter les exigences du programme initial de Novoclimat.

Outre le secteur résidentiel, des efforts considérables devront être déployés dans la rénovation des bâtiments commerciaux et institutionnels, qui ont vu leurs émissions de GES augmenter de 12,9 % depuis 1990.

Bien que des améliorations au niveau de l’efficacité énergétique aient pu être observées depuis 1990 dans ce sous-secteur, l’accroissement des besoins en énergie a annulé ces avancées.

À l’heure actuelle, les efforts du gouvernement se sont traduits par des programmes volontaires tels qu’Écoperformance qui vise à réduire les émissions de GES et la consommation d’énergie des bâtiments d’entreprises, d’institutions et de municipalités par le financement de projets d’efficacité énergétique, de production d’énergie plus propre et d’amélioration des procédés.

Les besoins importants de conversion des systèmes énergétiques des bâtiments de ce sous-secteur pourraient entraîner une création d’emplois, notamment pour les ingénieurs électriques et en mécanique du bâtiment ainsi que pour les techniciens en bâtiment, advenant la mise en place ou la continuité des incitatifs nécessaires afin que davantage de bâtiments se conforment à des exigences plus sévères en matière d’efficacité énergétique.

D’après plusieurs organisations, dont Écohabitation, l’aspect volontaire de la majorité de ces programmes, autant pour le résidentiel que le commercial et l’institutionnel, constitue toutefois un frein à la croissance du sous-secteur de la rénovation et construction écologique.

La lenteur de l’adoption des nouvelles normes liées à ces programmes limite ainsi la création d’emplois.

Le manque de prévisibilité associé à la nature temporaire des programmes limite également la capacité des employeur(se)s et des institutions d’enseignement de mettre en place des programmes de formation permettant aux travailleuses et travailleurs de s’adapter aux nouvelles exigences en matière de construction et de rénovation écologique.

Aussi, selon l’AQMAT, de trois à six mois sont nécessaires aux consommateurs avant qu’ils se familiarisent avec les programmes et qu’ils les utilisent, limitant ainsi les délais pendant desquels des travaux peuvent être réalisés. Cette situation pousserait les travailleurs à faire du temps double ou trois quarts, augmentant par conséquent la facture des ménages. Les avantages fiscaux offerts par le gouvernement se retrouveraient alors parfois grandement réduits par la hausse des honoraires des spécialistes responsables de mener les travaux de construction ou de rénovation.

Le programme Biomasse forestière résiduelle

Considérant la plus grande proportion d’énergie fossile consommée par les bâtiments commerciaux et institutionnels, le programme Biomasse forestière résiduelle du gouvernement du Québec vise à réduire les émissions de GES en favorisant l’implantation de mesures de conversion.

D’après la Fédération québécoise des coopératives forestières (FQCF), la substitution du mazout léger et du propane comme source de chaleur par la biomasse forestière permettrait d’éviter annuellement des émissions de GES de plus de 2,7 millions de tonnes d’équivalent CO2 au niveau de la combustion.

Selon l’Association québécoise de la production d’énergie renouvelable (AQPER), la biomasse est aussi un puissant moteur de développement local et régional. Cette forme d’énergie aurait le potentiel de redynamiser des centaines de communautés frappées par la crise forestière.

La FQCF affirme en ce sens que le développement de la filière pourrait créer 38 000 emplois lors de la construction de chaufferies dans toutes les régions du Québec et 11 000 emplois récurrents pour assurer leur opération, en plus de diversifier l’économie des régions.

La révision et la mise en œuvre des normes en construction

En plus des programmes de crédits d’impôt et de subventions volontaires mis en œuvre par le gouvernement, celui-ci a entrepris une réforme du Code de construction du Québec en 2012 afin d’y inclure davantage d’exigences en matière d’efficacité énergétique.

Toutefois, ces changements ne concernent que les bâtiments d’habitation d’au plus trois étages et de 600 m2 d’aire de bâtiment ainsi que les agrandissements d’un bâtiment d’habitation existant.

Les normes de construction pour les nouveaux bâtiments commerciaux, institutionnels et résidentiels de plus de quatre étages datent pour leur part de 1983. Encore une fois, cette barrière à la construction d’habitations durables à grande échelle limite la création d’emplois dans ce sous-secteur, qui requiert les services de professionnels spécialisés et de fabricants de produits spécifiques, comme les isolants.

De plus, plusieurs chercheurs et associations professionnelles notent un certain laxisme dans l’application des normes en construction de bâtiments. Selon l’AQMAT, il y avait en 2017 encore trop peu d’inspecteurs dans le secteur du bâtiment auQuébec pour s’assurer du respect des normes, notamment du Code de construction, ne permettant pas leur application systématique.

Des emplois pourraient ainsi être créés dans la révision des normes qui encadrent la construction au Québec et dans l’inspection de leur application.

Les nouvelles approches en construction et les matériaux durables

En plus de devoir se conformer aux nouvelles normes d’efficacité énergétique et de réduction des GES, les entrepreneur(e)s et la main-d’œuvre québécoise devront poursuivre la transformation de leurs méthodes de travail, avec l’adoption graduelle de l’approche 3RV-E (réduction, réutilisation, recyclage, valorisation et enfouissement) et de l’approche cycle de vie (ACV).

Celles-ci consistent à évaluer l’empreinte écologique totale des produits utilisés, de l’acquisition de matières premières à leur fin de vie utile, ainsi qu’à limiter l’utilisation de nouveaux matériaux lorsque la récupération ou la valorisation est possible.

Bien que ces approches soient fortement promues par certaines organisations comme Écohabitation, encore peu d’entreprises les ont adoptées, n’étant pas obligatoires. Une autre des composantes centrales de la construction durable est l’approvisionnement en matériaux locaux et à faible impact écologique.

Ce choix d’approvisionnement pourrait entraîner des retombées positives en matière d’emplois dans les régions. La valorisation des connaissances et des matériaux locaux permet en plus un développement immobilier qui reflète les préférences des communautés locales.

L’APCHQ Estrie : un modèle à suivre en construction et rénovation écologique

L’Association s’est engagée depuis 2008 dans le verdissement de ses opérations en promouvant auprès de ses membres l’approche 3RV-E. Elle les encourage à calculer précisément leurs besoins en matériaux afin de limiter leur utilisation au strict minimum. Elle leur rappelle également que la réutilisation de matériaux entraîne d’importantes économies en frais de conteneurs et d’élimination, tout en limitant les impacts environnementaux.

Par ailleurs, l’association explique que les matériaux de construction qui ne peuvent être recyclés peuvent être détournés de l’enfouissement par leur valorisation énergétique. Ces matériaux peuvent être transformés en source d’énergie plus durable, ce qui permet une réduction de l’utilisation d’énergies fossiles (ex. : biogaz, biomasse, etc.).

Parmi les matériaux répondant aux critères de création d’emplois locaux et de réduction de l’empreinte écologique, le bois est identifié par plusieurs organisations du secteur de la construction et du bâtiment.

Le bois constitue l’un des matériaux avec la plus faible empreinte écologique, en plus de créer des emplois en région où la ressource est récoltée.

Le développement de l’industrie forestière locale pourrait entraîner une demande pour des ingénieur(e)s et techniciens forestiers ou du bois, des opérateurs de machinerie, des ouvriers et ouvrières sylvicoles et des technologues en transformation du bois.

Les implications d’un tel changement de culture dans le secteur de la construction et du bâtiment sont nombreuses.

Tout d’abord, les innovations en matière d’efficacité énergétique et les nouvelles approches, telles que l’ACV et l’approche 3RV-E, entraînent d’importants besoins de formation, autant pour les entrepreneurs en construction que la main-d’œuvre.

L’AQMAT observe des lacunes importantes en matière de formation dans tout le sous-secteur. De mauvaises informations quant aux nouveaux produits et matériaux circulent tout au long de la chaîne d’approvisionnement et pénalisent en fin de compte les consommateurs finaux qui se voient mal conseillés et surchargés.

Ces formations demanderont cependant des investissements considérables en temps et, pour les entreprises qui en assumeront probablement le coût, en ressources financières.

Comme mentionné précédemment, le manque de prévisibilité dans la durée des programmes et normes en matière de construction et rénovation écologique, rend par ailleurs ces investissements risqués pour ceux et celles qui les réalisent.

Néanmoins, l’organisme Écohabitation et l’AQMAT offrent de nombreuses formations et écoles d’été aux entrepreneurs ainsi qu’aux travailleurs sur des thèmes aussi variés que l’utilisation de sources d’énergie renouvelable, les matériaux de construction durables et les différents types de certifications.

Davantage d’effectifs dans la livraison de ces services de formation seront nécessaires à l’atteinte des objectifs que s’est fixés le gouvernement en matière de transition énergétique dans le secteur du bâtiment.

L’entretien, la maintenance et la gestion des bâtiments : apprendre à gérer de nouvelles technologies, dans un environnement de travail plus sain

La transition dans l’entretien, maintenance et gestion des bâtiments : des changements modestes, mais qui ont leur importance.

Une réelle création d’emplois dans le sous-secteur sera possible seulement si le Québec réussit à tirer profit de la transition en développant un avantage comparatif qui permettrait aux entreprises d’ici de prendre des parts de marché au Québec et à l’international.

Le secteur du bâtiment ne se limite pas qu’à la construction physique. Une fois construits, plus de 41 200 travailleuses et travailleurs au Québec s’affairent à l’entretien, la maintenance et la gestion des bâtiments. L’importance des changements qu’entraînera la transition énergétique touchera également les entreprises et la main-d’œuvre de ces sous-secteurs d’activités ainsi que les communautés dans lesquelles ils s’insèrent.

Les systèmes domotiques

Parmi les domaines qui seront affectés, celui de la domotique est particulièrement important. Celui-ci, en permettant d’automatiser et de contrôler plus efficacement la consommation d’électricité et de chauffage des bâtiments, joue un rôle important dans la transition énergétique du secteur.

Au cœur de l’établissement de réseaux intelligents, la domotique permet d’ajuster la température ou l’éclairage d’un bâtiment à distance selon les différentes périodes de la journée, permettant ainsi de réduire la consommation d’énergie des bâtiments lorsqu’ils sont faiblement occupés.

En d’autres mots, la domotique permet de rendre les bâtiments plus « intelligents » et d’optimiser la consommation d’énergie en temps réel. Il n’existait cependant pas de formation spécialisée en domotique générale au Québec en 2015.

La majorité des professionnels qui travaillent dans le domaine ont été formés à travers des cours mis sur pied par les fabricants de ces systèmes. Toutefois, la Commission de la construction du Québec commence à offrir des activités de perfectionnement en domotique exclusivement aux travailleuses et travailleurs de l’industrie de la construction, répondant à un engouement croissant au Québec pour cette technologie qui se démocratise rapidement.

Alors que les systèmes domotiques étaient principalement présents dans le sous-secteur commercial et institutionnel à des fins de sécurité, de plus en plus de systèmes sont aujourd’hui installés dans les secteurs résidentiels pour des raisons multiples, dont la protection à domicile, le contrôle de la consommation d’énergie et le confort149.

D’après Franklin Empire, une entreprise montréalaise de produits et composantes propres à la domotique, le taux de pénétration de ces technologies dans le secteur résidentiel a augmenté d’environ 15 % à 20 % depuis 2008.

L’Association de la construction du Québec affirme quant à elle que le nombre de maisons écologiques faisant usage de la domotique afin d’accroître leur efficacité énergétique augmente.

Cette croissance de la demande pour les systèmes domotiques créera donc potentiellement de nombreux emplois dans le secteur du bâtiment, mais demandera également que plusieurs programmes de formation soient accessibles aux nouvelles générations de travailleuses et travailleurs ainsi qu’à ceux actuellement en emploi.

Le développement de la domotique au Québec requerra la formation de plusieurs électriciens spécialisés dans l’installation de ce type de technologies en plus d’ingénieurs pour les concevoir.

L’entretien ménager : élément central de la création de milieux de vie sain

L’entretien ménager se verra également affecté par la transition énergétique au Québec, considérant que la plupart des types de produits d’entretien contiennent des dérivés de produits pétrochimiques.

L’abandon graduel du pétrole, les demandes du marché et les nouvelles exigences en matière de sécurité impliquent la nécessité d’innover dans la fabrication de produits ménagers, notamment en faisant davantage de place à la chimie verte.

Selon l’Association pour le Développement et l’Innovation en Chimie au Québec, les nettoyants verts et bionettoyants sont prisés sur le marché dû à une demande importante pour des produits sans risques pour l’environnement et la santé, biodégradables et sans ingrédients toxiques.

Les entreprises de l’industrie de l’hygiène publique se spécialisent ainsi de plus en plus dans la fabrication de produits nettoyants écoresponsables.

Le créneau de la chimie verte serait ainsi depuis quelques années en pleine croissance.

La transition dans ce sous-secteur pourrait offrir des perspectives intéressantes aux entreprises dans ce créneau et créer des emplois comme chimistes, ingénieurs ainsi que comme mélangeurs.

Le nombre d’emplois chez certains manufacturiers pourrait augmenter, mais la création d’emplois se ferait surtout dans la phase d’innovation.

Afin de favoriser le développement de ces produits, le gouvernement du Québec a entamé des démarches en vue d’assurer un approvisionnement public qui respecte certains principes environnementaux et sociaux.

En ce sens, les produits que propose au gouvernement la Direction générale des acquisitions incluent des produits d’entretien respectant des standards environnementaux ainsi que des produits et accessoires d’entretien ménager offerts par une entreprise d’économie sociale.

Les répercussions de ces changements sur les utilisateurs de ces produits seront potentiellement importantes.

D’après l’Association paritaire pour la santé et la sécurité du travail, l’exposition aux produits chimiques, dont plusieurs sont des dérivés du pétrole, constitue un réel risque pour la santé des travailleuses et travailleurs du sous-secteur de l’entretien ménager ainsi que d’autres sous-secteurs connexes comme l’aide à domicile, qui comptait en 2017 plus de 8 000 préposés employés par des entreprises d’économie sociale au Québec.

Également le transport et l’énergie

Le groupe de travail a identifié trois secteurs susceptibles d’être plus touchés par la transition énergétique en raison de leurs importantes contributions aux émissions de gaz à effet de serre et du nombre d’emplois qui leur est associé. Outre le bâtiment, les deux autres sont soit les transports et la transformation et distribution d’énergie.

D’autres sous-secteurs seront à surveiller, comme celui de la mobilité partagée où les gains écologiques et sociétaux pourront aussi s’accompagner de pertes d’emplois comme dans l’industrie du taxi. De plus, la diminution graduelle souhaitée du parc automobile pourrait avoir un impact sur l’emploi dans la vente et l’entretien des véhicules.

 « La transition énergétique entraînera nécessairement une mutation en profondeur du marché du travail en créant de nouveaux emplois, et ce, dans plusieurs secteurs et sous-secteurs comme la construction, la rénovation des bâtiments, la géothermie, la biomasse ainsi que l’électrification des transports. Il est toutefois primordial de s’y préparer, afin d’en faire profiter toutes les régions de la province, et d’accompagner les secteurs énergétiques plus vulnérables », soutient Yves-Thomas Dorval, président-directeur général du Conseil du patronat du Québec.

Le groupe considère que les gains en efficacité énergétique qui découleront de la transition énergétique pourraient accroître la productivité globale de l’économie québécoise et, par conséquent, contribuer à la richesse du Québec. Peu de pertes d’emplois à court et à moyen terme sont à prévoir globalement pour autant que des mesures soient adoptées rapidement pour réduire la vulnérabilité de certains secteurs et sous-secteurs aux changements qui s’annoncent.

Trois grands chantiers complémentaires

Les membres du groupe de travail identifient trois grandes pistes d’actions pour stimuler une transition énergétique inclusive et qui repose sur la création et le maintien d’emplois décents :

  • assurer le développement de programmes de formation de la main-d’œuvre, y compris pour les travailleurs et travailleuses déjà en emploi ;
  • favoriser l’émergence d’entreprises et de technologies de calibre mondial et une meilleure collaboration entre les secteurs public, privé et celui de l’économie sociale ;
  • adapter le cadre réglementaire afin d’accroître sa cohérence et son efficacité et d’anticiper les impacts potentiels de la transition énergétique sur la main-d’œuvre et les entreprises.

Dans les prochains mois, le groupe de travail sur la main-d’œuvre compte amorcer une série de rencontres avec les représentants gouvernementaux du Québec et du Canada afin de faire part des principaux constats issus de leurs travaux.

Pour consulter le rapport du groupe de travail, on clique ici.

 

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