
Un récent rapport 2025 de la firme d’experts KPMG révèle que 78 % des entreprises du secteur de la construction font face à une pénurie de main-d’œuvre qualifiée (contre 90 % en 2023). Le problème s’atténue, mais tout de même, pour les fabricants de matériaux et leurs réseaux de vente, cela se traduit par des défis majeurs : retards de livraison, multiplication des révisions, et pression croissante sur les coûts.
Mais surtout, ce que le rapport nous apprend, c’est que face à ces contraintes, le secteur se tourne massivement vers le numérique :
- 81 % des répondants disent que leurs investissements technologiques ont amélioré la productivité;
- 56 % priorisent les solutions pour des chaînes d’approvisionnement pilotées par la demande, essentielles pour synchroniser stocks, production et flux logistiques;
- 53 % intègrent l’IA et logiciels intelligents, notamment pour l’analyse prédictive.
Pour un fabricant, cela signifie repenser l’organisation : capter les données terrain, numériser les inventaires, prévoir les besoins des chantiers, tout en anticipant la saisonnalité et les ruptures.
Les technologies adoptées ne sont plus exclusivement à l’état de prototypes :
- imagerie par drone pour cartographie et suivi de sites;
- robotique (par ex. maçonnerie robotisée) pour réduire la main-d’œuvre sur site;
- construction modulaire et préfabriquée, permettant de déplacer une partie de la chaîne vers un environnement industrialisé.
Pour les fabricants, ces approches impliquent une standardisation accrue des matériaux; d’ailleurs, leurs réseaux de marchands et clients chantiers exigent davantage de régularité et de qualité.
Les stocks automatisés, les fermes logistiques et les retours rapides deviennent des leviers différenciants.
Sous l’angle stratégique, le rapport souligne que mettre en place une chaîne d’approvisionnement axée sur la demande est la priorité pour 56 % des entreprises. Concrètement, cela signifie des ERP connectés à la planification chantier et des tableaux de bord temps réel, permettant aux marchands d’ajuster les commandes dynamiquement.
Enjeux structurels : le levier des marchés publics
Le rapport alerte aussi sur les limites actuelles des appels d’offres, trop focalisés sur « le prix le plus bas ». Résultat : peu d’incitations à l’innovation.
Fabricants et réseaux jouent donc un rôle de mobilisation collective pour :
- démontrer la valeur à long terme des matériaux plus performants;
- plaider pour des marchés publics valorisant durabilité, traçabilité et efficacité des livraisons;
- collaborer avec les autorités pour créer des référentiels qualité favorisant l’innovation.
Numérisation et outils intelligents : des passages obligés
Le rapport KPMG 2025 établit un constat clair : la numérisation de la chaîne d’approvisionnement et l’adoption d’outils intelligents ne sont plus des options, mais des nécessités pour répondre efficacement à la crise de main-d’œuvre et à l’exigence de productivité.
Pour les fabricants de matériaux de construction et leurs réseaux, cela constitue une opportunité majeure. En adoptant une stratégie centrée sur l’approvisionnement numérique, la modularité, et une valorisation collective de l’innovation, ils pourront non seulement améliorer leur résilience, mais aussi se positionner comme acteurs-clés d’un secteur modernisé, efficace et durable.
On peut accéder au rapport complet en français ici.