Le fabricant de portes et fenêtres ATIS se place sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies

Fermetures annoncées en rafale de son usine de Terrebonne, de 19 points de vente au Québec, licenciement de 300 travailleurs, la journée est pluvieuse pour le Groupe ATIS.

La clé n’est pas encore dans la porte. Ni dans la fenêtre (!) La direction n’a pas dit son dernier mot et affirme prendre des moyens drastiques pour renouer avec la rentabilité ; un plan de restructuration nécessitant des investissements de 22 millions $ sur deux ans.  

Observation de Richard Darveau, président et chef de la direction de l’AQMAT : « Il est certain que dans les manuels de management, on ne recommande jamais une croissance aussi rapide. Or, je me souviens que l’industrie avait réagi avec surprise devant le fait qu’ATIS ait mis la main sur neuf entreprises entre 2014 et 2017. C’était plusieurs bouchées à avaler en un bref temps ».

La compagnie a acquis plusieurs noms connus, dont Laflamme, Altek, Vimat, Solarcan Architectural, mais aussi Vitrerie Lévis, Distributeur Vitro-Clair et SDI.

Outre une croissance en flèche à gérer, l’entreprise évoque l’augmentation du prix des matières premières, une baisse des revenus causée par des problèmes de production à l’usine de Terrebonne et une diminution des ventes à l’usine de Toronto comme causes menant à la situation d’aujourd’hui, sans oublier la COVID-19.

« On veut vraiment recentrer nos activités au sein du segment de marché des ventes entrepreneur, distribution et commercial et délaisser les ventes directes aux consommateurs », avance Sophie Marquis, vice-présidente, ressources humaines et communications.

Le manufacturier qui a grandi rapidement par acquisitions appartient depuis 2015 au Fonds de solidarité FTQ (49,2 %), à Capital régional et coopératif Desjardins (43,1 %), au Fondaction CSN (7,1 %) et à des membres de la direction (0,6 %).

Les fuites dans les médias estiment les dettes de l’entreprise à plus de 80 M$, dont 55,69 M$ à ses créanciers garantis et 4,9 M$ à Investissement Québec.

Les dettes non garanties se ventileraient comme suit : 15,3 M$ aux actionnaires, c’est-à-dire aux deux fonds de travailleurs ainsi qu’à la filiale d’investissement régional de Desjardins.

Quant aux quelque 700 fournisseurs, dont plusieurs sont membres de l’AQMAT, les factures impayées cumuleraient environ 8,36 M$.

Selon le Journal de Montréal, ATIS considère aussi la cessation de ses activités à son usine de Toronto avec l’objectif de trouver un acheteur pour cette division. Environ 155 personnes travaillent à cet endroit.

Le Groupe ATIS a publié un plan de restructuration comportant entre autres le déménagement de son siège social de Brossard dans un local à même ses installations à Terrebonne. La direction souhaite également vendre ses locaux à Saint-Apollinaire et devenir locataire.

C’est en fait depuis mai 2020 que la compagnie planche sur une restructuration. À l’époque, elle affichait des revenus de 115 M$ et embauchait près de 1000 employés, dont 659 au Québec.