
Quelle mouche a piqué Christopher Skeete, ministre délégué à l’Économie, pour qu’il ressasse encore l’idée d’élargir les heures d’ouverture des commerces les samedis et dimanches soirs?
Personne ne veut de ça.
Pas les commerçants, qui depuis quelques années misent sur des horaires réduits. Pourquoi? Parce que les salaires ont augmenté, que la main-d’œuvre est plus rare, et surtout parce qu’ils souhaitent freiner le roulement de personnel en offrant des conditions de travail qui rendent l’emploi en commerce de détail aussi attrayant que les autres secteurs.
Pas les employés, qui aspirent à profiter de leurs soirées de fin de semaine ailleurs qu’au boulot.
Pas les consommateurs non plus. Une fois le soir tombé, ils désertent les commerces, sauf en zones touristiques où la loi permet déjà l’ouverture prolongée.
Pas davantage les milieux du sport, de la culture, des loisirs, ni les bars ou les restaurants, qui souhaitent voir du monde dans leurs stades, leurs salles de spectacles, leurs parcs, leurs établissements, pas entre les allées d’un magasin.
Un seul lobby souhaite cette américanisation des horaires : le Conseil canadien du commerce de détail. Et c’est lui, semble-t-il, qui murmure à l’oreille du ministre.
L’AQMAT s’opposera de toutes ses forces. Le commerce de détail indépendant, les quincailleries et les centres de rénovation n’ont pas besoin d’un nouveau fardeau pour aspirer à vivre, que dis-je, à survivre.
Quant à l’argument du ministre — qu’en ouvrant plus, les commerces concurrenceront mieux Amazon et les autres plateformes — il ne tient pas la route.
Aucune étude ne corrobore cette affirmation.
Les plateformes sont ouvertes 24/7 et livrent de plus en plus rapidement. Mais si un client veut une scie ronde un samedi matin, il peut l’avoir chez son quincaillier local en 30 minutes. Même Amazon Prime ne rivalise pas avec cela.
Et si c’est à 17 h 05 qu’il se rend compte de son besoin, qu’il se rende dès le lendemain matin à sa quincaillerie, ce sera plus rapide que d’attendre une livraison de Amazon
Ouvrir davantage, c’est favoriser Walmart, Costco et quelques géants. Ce n’est pas servir nos PME, nos régions, nos marchands de proximité, ni nos concitoyens.
Sur le même sujet, je vous incite à lire ici l’échange entre le chroniqueur de La Presse Philippe Mercure et le ministre Christopher Skeete.
Et le 1er juillet, alors?
Devrait-on avoir le droit légal d’ouvrir cette journée-là? Chaque année, en pleine saison de déménagements, de prises de possession et de rénovations, la question revient, d’autant que la date tombe au pic de l’année.
Si oui, les employeurs devraient-ils être obligés de déplacer ce congé, ou libres de le compenser? Et devraient-ils verser un supplément salarial à ceux qui travaillent ce jour-là?
Je vous donne aussi rendez-vous le jeudi 17 juillet à 10 h. On va révéler les résultats de notre enquête lors d’une Pause-café virtuelle de 30 minutes. On y discutera du 1er juillet… et, pourquoi pas, de l’ouverture les soirs de fin de semaine.