Le fabricant Roland Boulanger forcé à la rationalisation de ses ressources

Radio-Canada vient de révéler que la direction du fabricant québécois de moulures et de composantes de bois Roland Boulanger & Cie se voit forcé de rationaliser ses effectifs ainsi que ses unités de production. Ainsi, 80 employés perdront leur emploi au cours des prochaines semaines et des installations secondaires ont déjà fermé.

Selon Alexis Boulanger, président-directeur général de l’entreprise, si une série de raisons ont poussé l’entreprise familiale à agir de la sorte, ce sont d’importantes pertes de commandes qui sont principalement au coeur de cette décision.

Pour nous, il n’y a pas de doute que nous étions rendus là. Il fallait vraiment modifier notre modèle d’affaires et alléger notre structure. On a sacrifié un volume de vente qui était moins rentable pour bien se concentrer sur nos autres activités comme celui du service du côté des détaillants de matériaux de construction qui ne change pas du tout », a expliqué M. Boulanger au média

Entreprise familiale de troisième génération fondée en 1942, Roland Boulanger & Cie a déjà compté plus de 400 employés. Voici quel était le portrait de ses installations jusqu’à la récente annonce :

• un siège social à Warwick où se situe aussi son usine principale et son centre de distribution;
• une unité de séchage et d’entreposage à Daveluyville;
• une usine de sciage à Woburn;
• une usine de fabrication des plafonds Embassy à Saint-Ferréol-les-Neiges.

La rationalisation annoncée entraîne une centralisation des activités à l’usine de la rue Saint-Louis à Warwick et la cession déjà commencée des opérations dans les installations de la rue Gingras à Warwick ainsi qu’à Sainte-Clotilde-de-Horton et à Saint-Férréol-les-Neiges. Toutefois, les activités se poursuivent à l’usine de sciage de Woburn et à l’entreprise de séchage de Daveluyville.

Interrogé sur la mauvaise nouvelle, le porte-parole de l’AQMAT, Richard Darveau, a d’abord tenu à souhaiter bon courage aux dirigeants, au personnel restant, mais aussi aux clients et fournisseurs. « Les Boulanger ont toujours su rebondir face à l’adversité. Je suis donc confiant que nous n’assistons pas à la fin de leur aventure entrepreneuriale, mais à une nouvelle adaptation face à des conditions qui ont changé et changeront encore ».

En effet, appelons un chat un chat : le manufacturier et distributeur est victime de la concentration progressive du marché, en ce sens que les clients sont à la fois moins nombreux et plus gros. De ce fait, quand un fabricant perd un mandat d’approvisionnement avec une bannière, l’impact est plus grand, car les clients alternatifs se font plus rares.

Preuve que c’est le marché changeant qui est à l’origine de la situation vécue par Roland Boulanger & Cie, l’entreprise peut prouver qu’elle a opté pour plusieurs moyens exigeants afin de maintenir une bonne gestion de ses opérations, notamment par l’obtention continue depuis 1995 de la norme de certification ISO 900. De plus, sa méthode de production est assujettie à un contrôle de qualité qui garantit un niveau de tolérance de 0.006 po, soit une mesure réputée stricte sur le marché.

Quand on parle d’adaptation forcée, le portfolio de Boulanger en est un bon exemple. Son offre de produits s’est modifiée à 180 degrés au fil des ans.

Au départ dans les portes et fenêtres, l’entreprise s’est spécialisée dans les moulures pour ensuite se diversifier en proposant des revêtements muraux, des plafonds suspendus, du revêtement extérieur, des panneaux de bois lamellés-collés et des tuiles murales auto-adhésives.

En parallèle, la division industrielle de Boulanger fabrique et distribue des composants pour les industries des portes et fenêtres, du meuble, des armoires de cuisines, des maisons usinées ainsi que pour les pré-monteurs de portes intérieures.

Il semble que la nouvelle n’a pas ébranlé la partie syndicale. Simon Bussières de la CSD assure que la décision annoncée aux travailleurs en juillet n’est pas une surprise pour ses membres. « Il y a quelques années, l’employeur nous avait donné accès à ses livres. C’est quelque chose qu’on avait vu venir. L’employeur a pris une décision pour la survie de la compagnie ».

Rappelons par ailleurs que Investissement Québec  a accordé il y a deux ans un prêt de 1 M $ à Roland Boulanger & cie. L’entreprise a ainsi pu acquérir de l’équipement de nouvelle génération, dont un scanneur et une chaîne de collage, cela pour effectuer des gains de productivité et de demeurer compétitive. L’entreprise du Centre-du-Québec avait également bénéficié d’un accompagnement offert par des experts‑conseils américains spécialisés dans le cadre de la Stratégie québécoise de l’exportation 2016‑2020, tout cela dans le but d’augmenter ses exportations vers les États-Unis.

Sur cette photo prise en mars 2017, Alexis Boulanger, président de Roland Boulanger & Cie et petit-fils du fondateur de l’entreprise, remercie ses clients ainsi que l’AQMAT, au nom de la famille Boulanger et de tous les membres du personnel du Groupe Boulanger, pour l’attribution du prix Patrimoine.

L’entreprise a déjà survécu à une plus grande épreuve quand, en 1973, un incendie la dévastait. Elle était alors la plus importante manufacture de portes et fenêtres du Canada. Les pertes s’étaient élevées à plus de 3 millions $. L’usine avait été reconstruite la même année.