Une décennie plus tard à la direction de l’AQMAT

Le 21 janvier 2008, j’entrais en fonction après que le conseil d’administration m’ait fait l’honneur de me confier les rênes de la gestion et du développement de l’association. Avons-nous progressé ?

L’AQMAT s’appelait à l’époque l’ADMACQ. Simple changement cosmétique ou véritable virage ? Véritable virage.

Après une année à constater que les fournisseurs, ne représentant que 10 % des membres, constituaient les bailleurs de fonds de notre organisme sans but lucratif à hauteur de 95 %, j’ai proposé de nous transformer en association sectorielle. Les commerces de détail allaient demeurer en tête de nos priorités, bien haut, et le sont toujours, mais les fabricants, les distributeurs et les bannières méritaient d’être mieux représentés et obtenir plus de services.

On a vu à corriger la situation. Au point d’affirmer aujourd’hui que les 200 fournisseurs qui assurent à l’AQMAT son autofinancement par l’achat de billets d’activités, de publicités et de commandites reçoivent leur juste part de services spécifiques et de représentation gouvernementale. Une autre iniquité à corriger visait les coûts d’adhésion. Il y a des quincailleries plus petites que mon domicile et des centres de rénovation affichant 25 millions $ en chiffre d’affaires. Une telle disparité ne justifiait pas que tous les commerces paient le même tarif de cotisation. L’échelle, raffinée au fil des ans, s’étalant aujourd’hui de 125 $ à 2 500 $, a pour effet que les grands paient plus en dollars, mais en réalité, par notre modèle dégressif, paient moins que les magasins aux ventes modestes.

Le passage d’une association représentant strictement les commerces à une autre plus à la défense – et à l’attaque ! – de tous les maillons d’une même chaîne de valeur, nous a conduits à mener des luttes impactant positivement tous les joueurs. Aux côtés d’autres associations, nous avons été aux premières loges du lobbying qui a poussé deux gouvernements à instaurer un crédit d’impôt pour stimuler la rénovation résidentielle. Le premier, c’était LogiRénov, l’autre c’est RénoVert, encore en vigueur.

Les retombées de nos efforts sont dures à chiffrer et peuvent varier d’un centre de rénovation à un autre, d’un fabricant à un autre. Sauf que les chiffres sont là : l’activité de rénovation au Québec est passée de 10,5M $ en 2011 à 12,3M $ en 2016 (+17 %) pendant que les mises en chantier se réduisaient d’une valeur de 9M $ à 7,7M $ (-14 %) pendant la même période. Jamais l’AQMAT ne va s’approprier la paternité des programmes mis en place. Il faut rendre aux gouvernements ce qui leur revient. Ne soyons pas dupes pour autant : en période post-bulle immobilière aux États-Unis suivie d’une ère dite d’austérité budgétaire, aucun gouvernement n’aurait fermé les yeux sur des millions en revenus de taxes provenant de rénovations si nous et d’autres représentants patronaux n’avions pas mis les efforts d’information nécessaires…

Une troisième petite révolution est survenue à l’AQMAT face à la crise de la main-d’oeuvre. De la main-d’oeuvre qualifiée, en particulier. Laquelle touche les usines comme les commerces. Nous avons vu à créer le Collège AQMAT afin d’agir comme formateur accrédité et certificateur de qualité quant aux connaissances et au savoir-être des conseillers-vendeurs en quincaillerie. Trois formations sont actuellement offertes (vente-conseil, peinture, pesticides), d’autres suivront, notamment matériaux, très bientôt.

À première vue, voilà une initiative n’avantageant que les marchands. Trompeur. Moins le conseiller-vendeur connaît son affaire et applique les deux mots complémentaires formant son titre d’emploi (conseiller et vendeur), plus basses seront les ventes par jour et par facture, avec comme conséquence directe moins de commandes logées aux bannières et à la clé, moins de produits fabriqués. Nous avons formé près de 100 employés à la phase 1 du Collège AQMAT et nos objectifs sont plus élevés pour 2018 et les années à venir. Il faudra étendre notre offre au perfectionnement des superviseurs.

L’absence d’un gala reconnaissant ce que notre industrie fait de mieux en termes d’employés, de commerces, de manufacturiers et de produits m’est apparue dès le début de mon emploi ici comme un grave manquement. Comment attirer les talents, comment obtenir l’attention positive des journalistes, comment favoriser les affaires entre membres ?

Le Gala Reconnaissance a six ans, mais dès son édition originale, il est venu combler ces lacunes.

L’AQMAT a le privilège d’offrir un événement hautement déontologique et dont le coût annuel de 200 000 $ est 100 % réinvesti dans l’activité parce que l’organisme est sans but lucratif et à l’abri de toute partisanerie ; nos membres étant tous égaux à nos yeux, comme le sont vos enfants aux vôtres.

Avons-nous progressé, ai-je demandé à l’abord de ce texte ?

Avec un conseil d’administration renouvelé, composé de femmes et d’hommes d’affaires aguerris, soutenu par des employés dédiés à la permanence, je sais une chose : nous continuerons. Le chemin encore à parcourir me semble bien plus long que celui franchi. Excitant aussi. Ce qui me galvanise et me pousse à poursuivre, à parler en votre nom, à vous défendre, à vous accompagner, du moins pour les cinq ans à venir, ce sont par exemple les défis suivants :

  • l’accompagnement de nos manufacturiers sur l’obligée route de la diversification de leurs clientèles en dehors des frontières du Québec me hante, autant que la promotion de ce qu’ils produisent auprès des consommateurs et entrepreneurs d’ici ;
  • l’éveil tardif, mais urgent, d’incorporer aux activités de marketing et de vente de toute quincaillerie une présence sur l’Internet me stimule aussi ;
  • la relève tellement peu développée chez la majorité de nos 1000 entreprises membres m’inquiète au plus haut point. Des prises de contrôle étrangère se profilent à l’horizon. 

« Le monde progresse grâce à toutes les choses impossibles qui ont pourtant été réalisées »

-André Maurois, écrivain et historien français

2 comments on “Une décennie plus tard à la direction de l’AQMAT

  1. France Forget on

    Bravo pour ces belles réalisations et merci pour votre vision!
    Effectivement la relève est un élément très important afin d’assurer la continuité des entreprises de notre secteur d’activité, pourquoi pas une journée de la relève avec des conférenciers inspirants et des ateliers enrichissants. Puis-je suggérer M. Schmouker et Stéphane Simard comme candidats pour y collaborer.
    Merci et au plaisir!

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