
La chaîne américaine Walmart souhaite imiter les autres supermarchés et étendre ses heures d’ouverture jusqu’à 23 h pour ses magasins Supercentre. Le débat reste chaud parmi les membres de l’AQMAT.
«Nous croyons que nous méritons le même traitement que les supermarchés d’alimentation», a indiqué en entrevue au Journal de Québec le porte-parole de Walmart Canada, Alex Roberton.
Présentement, les supermarchés d’alimentation bénéficient d’une exception à la Loi sur les heures et les jours d’ouverture des commerces de détail au Québec. Pour avoir droit à cette exception, un commerce doit proposer une offre alimentaire qui représente au moins 51 % de l’offre globale de son magasin. Walmart n’entre pas dans cette catégorie.
Samedi dernier, sur les ondes de Radio-Canada, à la question de l’animateur Michel Lacombe sur les enjeux des petits commerces, André Blain, copropriétaire du RONA Beaubien à Montréal , a été clair: « Ce qui a fait fermer les petites quincailleries, c’est l’ouverture les dimanches. J’étais contre. La compétition ouvrait le dimanche, on s’est dit : on va ouvrir et on s’est rendu compte que toutes les petites quincailleries de quartier ont fermé. » Écoutez sa réponse complète ici dans le segment«Entrevue avec André Blain et Richard Darveau».
Pour Richard Darveau, il est simpliste de mettre dans un même panier différents types de commerces quand on parle des heures d’ouverture. « Un dépanneur peut bien ouvrir 24 h, mais des quincailleries, des centres de rénovation, des boutiques de peinture, ce sont des magasins où les clients ont des attentes techniques. Or, plus les heures d’ouverture se multiplient par semaine, plus c’est dur, pour notre genre de commerces, de garantir l’expertise qu’attendent les consommateurs et les professionnels. »
Un débat qui perdure
De tout temps, le débat sur les horaires des commerces était d’actualité à l’AQMAT. C’était l’un des sujets de débat de son Congrès des décideurs 2009. « Comment gagner devant les géants si tout commerce peut tout vendre et à toute heure ? Faisons-nous plus de profits en allongeant les heures d’ouverture ? Quels moyens prendre pour aider à protéger notre champ d’activité propre ? », questionnait l’AQMAT.
D’ailleurs, dans un sondage maison effectué au même moment, les membres étaient clairs. Ils ne voulaient pas ouvrir leur magasin ni le 2 janvier ni le 1er juillet. « Ce n’est pas seulement le nombre de jours fériés que nous devrions remettre en question comme société, c’est l’ouverture des magasins le dimanche. Le portefeuille des consommateurs n’est pas élastique. Ce n’est pas parce que les portes sont ouvertes sept jours sur sept que notre chiffre d’affaires sera plus élevé. Par contre, nos coûts d’exploitation le sont. Et que dire des coûts sociaux : famille éclatée, décrochage scolaire, épuisement professionnel », avait indiqué à l’époque Richard Darveau, président et chef de la direction de l’AQMAT.
L’automne dernier, dans un référendum portant sur divers points majeurs, plus de 60 % des répondants ont indiqué qu’il serait « indispensable » ou « utile » que l’AQMAT demande au gouvernement de hausser les montants des amendes et de s’inspirer d’autres règlements qui prévoient jusqu’à la suspension du permis des exploitants récalcitrants dans le cadre du non respect de la Loi sur les heures et les jours d’ouverture dans les commerces. Du lot, plus de la moitié exigerait des amendes de 5 000 $ à la première offense et 10 000 $ en cas de récidive.
QUELQUES STATISTIQUES DANS NOTRE SECTEUR D’ACTIVITÉ*
Heures d’ouverture par semaine
60 heures ou moins : 34 %
De 60,5 à 70 heures : 37 %
Plus de 70 heures : 29 %
Ouverture le dimanche
Oui : 49 %
Non : 51 %
Horaires plus étendus pour les clients professionnels
Oui : 32 %
Non : 68 %
Magasins fermés d’autres jours que lors des sept fériés obligatoires
Oui : 34 %
Non : 66 %
* Données extraites du rapport 2015 L’État de santé des quincailleries et centres de rénovation, AQMAT, suite à l’analyse des statistiques de 189 commerces membres