Une grève dans la construction résidentielle à ce moment-ci : un coup dur pour les Québécois et notre industrie

Le porte-parole de l’AQMAT ne mâche pas ses mots ce matin, à la suite du déclenchement d’une grève dans le secteur résidentiel, survenue à minuit une, sous l’impulsion de l’Alliance syndicale de la construction.

« À quelques semaines à peine du 1er juillet, moment critique de l’année où des dizaines de milliers de Québécois déménagent, et alors que d’autres attendent la livraison de leur nouvelle maison… À l’aube d’un printemps qui devrait marquer un pic d’activité en rénovation et en construction… Alors que tout le monde dénonce le manque criant de logements, notamment récents, pour répondre à une pénurie sans précédent… Voilà que les cinq grandes centrales syndicales de la construction font front commun, non pas dans une démarche constructive, mais par pur réflexe idéologique.

Elles n’agissent ni dans l’intérêt des citoyens, ni dans celui de la société civile, ni même des entreprises de construction qui les emploient. Peut-être même que les travailleurs eux-mêmes ne sont pas la réelle priorité. C’est l’intérêt de l’appareil syndical qui prime, et cela est profondément inquiétant. »

Ce que nous vivons aujourd’hui résulte d’un décalage alarmant entre les revendications syndicales et la réalité socio-économique des Québécois. L’Alliance réclame des hausses salariales de plus de 24 % sur quatre ans, alors que l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ) proposait déjà une bonification de 18 %.

Il ne s’agit pas ici de nier le droit légitime à de meilleures conditions de travail. Il s’agit de dénoncer une stratégie qui prend en otage toute une industrie et des milliers de familles, en choisissant délibérément le moment le plus vulnérable pour faire pression, sans considération pour les répercussions sur l’ensemble des parties prenantes.

« Des revendications salariales aussi excessives, combinées à un refus de compromis — et même à l’absence de volonté manifeste jusqu’ici d’entamer une médiation — relèvent d’une posture irresponsable, voire dangereuse pour la cohésion sociale », poursuit Richard Darveau, président de l’AQMAT.

« Ironiquement, le syndicalisme est né de nobles principes, comme la solidarité. Pourtant, l’Alliance syndicale adopte aujourd’hui un corporatisme qu’elle reproche si souvent au monde patronal », conclut M. Darveau.

Ce dernier en appelle à la raison des travailleurs de la construction, qu’il considère comme des gens de bonne foi. Il les invite à inciter leurs représentants syndicaux à renouer avec l’esprit d’un dialogue social où personne ne se sente pris en otage par des positions aussi rigides qu’obstinées.

Dans ce contexte, le gouvernement n’a désormais d’autre choix que d’intervenir rapidement : en forçant le recours à l’arbitrage, voire en envisageant une solution législative, si l’impasse persiste.

La crise du logement est un moment qui appelle à la responsabilité collective. Et cette responsabilité commence par dénoncer les abus, d’où qu’ils viennent.

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