Le contexte politique américain explique la valse-hésitation. Le programme est « sur la sellette » dans le cadre d’une vaste réorganisation de l’EPA et d’un retour à une approche plus axée sur la déréglementation. Toutefois, face au tollé de l’industrie, des associations et même de certains législateurs américains — qui estiment que le programme est protégé par la loi et ne peut être supprimé sans le Congrès — l’administration a pour l’instant reculé.
L’Environmental Protection Agency (EPA), sous la direction de Lee Zeldin, a récemment indiqué que « aucune décision finale n’a été prise à ce moment » quant à la poursuite du label bleu et blanc, symbole d’efficacité énergétique aux États-Unis. Le programme, lancé en 1992, vise à identifier des produits — électroménagers, appareils électroniques, systèmes de chauffage ou de climatisation — affichant un rendement énergétique supérieur.
Il s’avère que l’EPA envisage de maintenir ENERGY STAR « sous une forme ou une autre » : soit en le transférant au Department of Energy (DOE), soit en demandant aux fabricants de contribuer directement à son financement.
En parallèle, des contrats de conseil liés au programme ont été prolongés jusqu’en 2030, ce qui témoigne d’une certaine intention de le maintenir.
L’investissement dans ce programme est remarquable : aux États-Unis, depuis sa création, ENERGY STAR aurait permis aux ménages et aux entreprises d’économiser plus de 500 milliards $US en coûts énergétiques — chaque dollar investi représentant près de 350 $ de bénéfices cumulés.
Le couper brutalement serait non seulement un coup de frein à l’économie d’énergie, mais aussi un signal inquiétant pour les consommateurs et les fabricants.
Au Canada, les répercussions pourraient être concrètes.
Bien que la version canadienne du programme soit administrée par Ressources naturelles Canada (RNCan), celle-ci rappelle que les bases de données d’efficacité énergétique dépendent en partie des essais et de la certification réalisés aux Etats-Unis; une interruption ou un retard des essais américains risquerait d’affecter la fiabilité des catalogues canadiens et la possibilité pour les consommateurs de comparer efficacement des produits.
En conclusion, si l’exécutif américain a bien menacé de mettre fin à ENERGY STAR, l’annonce actuelle semble davantage indiquer un ajustement de trajectoire que l’abandon pur et simple.
Le programme pourrait survivre sous une forme modifiée — via un transfert, un financement hybride ou un partenariat privé-public.
Pour le Canada, cette issue est cruciale : maintenir la continuité d’un repère fiable d’efficacité énergétique passe par la stabilité du programme américain. L’enjeu n’est donc pas seulement symbolique, mais bien concret pour les consommateurs, les fabricants et l’environnement.


