
Une entrevue avec la journaliste Nazda Roy de Radio-Canada a permis à Richard Darveau, président de l’AQMAT, d’apprendre que le longicorne noir, qui s’alimente principalement dans les troncs des résineux affaiblis, récemment morts ou coupés, revient en force cet été.
On peut écouter ici le reportage radio.
On se souviendra qu’à l’automne 2023, après une vague sans précédent de feux de forêt, cet insecte qui gruge le bois en créant des sillons avait affecté la quantité et la qualité du bois d’œuvre disponible. Lire l’article à ce sujet.
Les longicornes noirs abondent dans l’Est-du-Québec cette année, selon Ressources naturelles Canada. Pour les bricoleurs et les entrepreneurs, la présence accrue de cet insecte qui s’attaque au bois ne se fait toutefois pas encore sentir dans les quincailleries.
Ces petites bestioles noires aux longues antennes laissent des traces sur leur passage, de petites galeries visibles jusque dans le bois d’œuvre.
Christian Hébert, chercheur en écologie et diversité des insectes forestiers pour Ressources naturelles Canada, explique que les longicornes noirs pondent leurs œufs dans l’écorce des conifères vulnérables. Les larves grugent ensuite le bois lors de leur développement, qui s’échelonne environ sur deux ans, avant de sortir au grand air.
L’insecte prolifère généralement après des événements comme des feux de forêt, des épidémies de tordeuse des bourgeons d’épinette et des tempêtes de vent. Ce sont des insectes qu’on dit secondaires, car ils vont venir de façon secondaire à un premier stress, détaille Christian Hébert.
Deux ans après d’importants feux de forêt en 2023, le chercheur ne s’étonne donc pas de la présence marquée de l’insecte dans la région. Le garde-manger est plein pour celui-ci, donc ce n’est pas étonnant de voir qu’il est très présent et remarqué par la population.
Toutefois, leur concentration en forêt ne semble pas encore faire des vagues dans les cours à bois.
L’AQMAT constate auprès de ses membres que le bois d’œuvre troué par les longicornes n’est pas encore plus abondant cette année que les précédentes.
Les longicornes noirs laissent des trous apparents dans le bois. Certaines planches trouvées en quincaillerie sont touchées, mais la solidité du bois n’est pas compromise.
M. Darveau croit d’ailleurs que l’industrie est mieux outillée pour faire face à cet insecte. « On apprend à composer avec lui, notamment au niveau de la rapidité du roulement des stocks ».
Il faut surveiller la situation de près, puisque les dommages infligés par les longicornes peuvent nuire à la vente du bois.
C’est aussi une réalité avec laquelle doit composer la coopérative forestière Boisaco, à Sacré-Cœur.
« Certains clients vont carrément préférer ne pas avoir de pièces affectées par des trous de larves de longicornes noirs, donc vont peut-être aller vers d’autres fournisseurs. C’est quand même un enjeu important », soutient le président du groupe Boisaco, Steeve St-Gelais, interviewé par Radio-Canada.
M. St-Gelais, comme Richard Darveau, rappellent que les longicornes ne compromettent que l’aspect visuel du bois vendu, puisque son intégrité doit tout de même répondre à des critères.
Ça prend beaucoup de trous qui affectent les pièces pour vraiment dégrader la capacité, la force motrice du bois. C’est beaucoup plus un impact visuel.
Pour sa part, le chercheur Christian Hébert, interviewé par la journaliste Roy, souligne que l’insecte n’est pas nocif. Cet ingénieur de la décomposition joue même un rôle essentiel dans le cycle des forêts.
« Quand un arbre meurt, il est là pour favoriser l’entrée de champignons et d’autres insectes qui vont participer à la remise en circulation des éléments nutritifs qui sont immobilisés dans les tissus ligneux quand les arbres sont morts ».