Le phénomène du vol organisé dans l’industrie du détail prend de plus en plus d’ampleur au Canada, et particulièrement dans le secteur de la quincaillerie et des matériaux de construction. Le gouvernement fédéral a récemment reconnu que le vol dans les commerces de détail constitue désormais un enjeu de sécurité publique majeur.
Sean Fraser, ministre de la Justice, vient de présenter le projet de loi intitulé Bail and Sentencing Reform Act qui prévoit plus de 80 dispositions visant à renforcer la législation en matière de libération sous caution et de peines pour les crimes violents ou organisés, incluant explicitement le vol dans les commerces de détail.
Pour le secteur de la quincaillerie, ce sont des chiffres marquants : selon un rapport de l’AQMAT, le vol dans les quincailleries au Québec a doublé au cours de la dernière décennie. Richard Darveau rappelle que « les outils, feuilles de cuivre, perceuses-visseuses sont particulièrement prisés » et que le vol n’est pas seulement lié à un besoin personnel mais à une logique de revente.
« Nous estimons que près de 90 % des voleurs dans les quincailleries volent pour revendre la marchandise, pas pour l’utiliser eux-mêmes », explique M. Darveau. « Et le problème s’aggrave du fait que les plateformes comme Marketplace ou Kijiji sont sans véritable encadrement, ce qui facilite le recel et rend l’acte de vol plus facile. »
Effectivement, l’absence de contrôle rigoureux des plateformes de revente en ce qui concerne de la marchandise flambant neuve contribue, selon l’AQMAT, à un cercle vicieux : vol → revente sur plateforme → incitation au vol. « Si l’on complique le recel, on réduit mécaniquement le vol », poursuit le porte-parole de l’AQMAT.
Pour le moment, les mesures gouvernementales incluent :
- le renversement du fardeau de la preuve pour les infractions graves;
- l’imposition de peines consécutives pour les récidivistes;
- des sanctions plus sévères lorsque le crime organisé est en cause;
- un investissement accru de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) et d’autres corps policiers pour mieux appliquer la loi.
Richard Darveau martèle : « On doit poursuivre nos efforts pour que le gouvernement du Canada trace un lien direct entre vols et plateformes de recel, puis qu’il encadre ces dernières. Compliquer le recel, c’est rendre le vol moins attractif. »
Parmi les suggestions de l’AQMAT : obliger les offres de produits neufs à publier une photo de la facture prouvant que le supposé vendeur a bel et bien fait l’acquisition du produit dans un magasin ou en ligne.


