Comparaison du dernier trimestre de Home Depot et Lowe’s

Sur le marché américain de la rénovation/construction, Home Depot et Lowe’s sont évidemment les acteurs majeurs. Leur performance au troisième trimestre (Q3 2025) donne un aperçu du dynamisme du secteur face à des vents contraires : l’incertitude des consommateurs, un marché immobilier sous pression et l’impact de la météo.

Résultats – comparables magasins

Pour Home Depot, le chiffre d’affaires du troisième trimestre fiscal 2025 s’élève à 41,4 milliards de dollars (américains), soit +2,8 % par rapport à la même période de l’an dernier.

Les ventes comparables (« same-store ») ont progressé de seulement +0,2 % sur l’ensemble de l’entreprise, et de +0,1 % pour les magasins américains.

Le bilan est mitigé : les marges stagnent (marge brute ~33,4 %, identique à l’an précédent) et l’entreprise a abaissé ses perspectives pour l’année 2025.

Home Depot explique notamment cette faiblesse par « le manque de tempêtes », qui en temps normal stimule la demande de matériaux de réparation.

La progression des transactions de plus de 1 000 $ est positive (+2,3 %).

Les ventes en ligne (via plateformes numériques) ont augmenté d’environ +11 %.

Pour Lowe’s, les ventes du troisième trimestre sont de 20,8 milliards de dollars, contre environ 20,2 milliards un an plus tôt.

Les ventes comparables ont augmenté de +0,4 %.

La croissance du canal en ligne a été robuste, +11,4 %.

L’entreprise évoque un trimestre durant lequel 10 des 14 catégories de marchandises affichent une comp-vente positive.

Lowe’s a également mis en avant une augmentation de la facture moyenne (+3,4 %) tandis que le nombre de transactions baisse (-3 %).

Enfin, la marge a souffert des coûts liés aux acquisitions (notamment l’absorption de Foundation Building Materials, FBM, et de Artisan Design Group) mais la direction reste confiante dans le segment « Pro ».

Comparaison

Sur le front des comps, Lowe’s prend un léger avantage : +0,4 % contre +0,2 % pour Home Depot, et +0,1 % pour les magasins américains de Home Depot.

Cependant, il convient de nuancer : d’une part, Home Depot est bien plus grand, d’autre part ses résultats intègrent l’acquisition de GMS (GMS Inc.) sur 8 semaines environ dans le trimestre (+900 M$ de ventes).

Donc, si on regarde strictement la performance comparable, Lowe’s est en avance, mais l’écart reste faible.

Environnement macroéconomique et sectoriel

Le segment de l’amélioration de l’habitat dépend fortement de l’activité immobilière, des conditions météorologiques (réparations après sinistres) et du sentiment des consommateurs.

Pressions sur le logement et incertitudes consommateurs

Home Depot insiste sur le fait que « la pression continue sur le logement et l’incertitude des consommateurs » impactent de façon disproportionnée la demande.

Le marché immobilier aux États-Unis est caractérisé par des taux d’emprunt élevés, un stock de logements limité, et des ménages plus prudents avant de lancer des projets de rénovation majeurs (souvent financés). Cela contraint les dépenses, notamment celles à plus gros ticket. Par exemple, un article du New York Post indique que Home Depot cite explicitement des taux hypothécaires élevés comme frein.

Lowe’s évoque également un consommateur « dans l’ensemble sain », mais qui reste freiné par la rentabilité de l’habitat, la confiance économique et les projets plus importants.

Météo / sinistres

Un élément important pour les grands centres de rénovation est la survenue de tempêtes, ouragans ou sinistres naturels, qui déclenchent un pic de demande pour la réparation et la reconstruction. Home Depot déclare qu’un manque de tempêtes en ce trimestre a pesé sur son activité.

Cela introduit une volatilité : une année « normale » ou « favorable sur le plan météo » peut booster les ventes, tandis qu’une année plus calme génère un effet de comparaison défavorable. Lowe’s ne met pas autant l’accent sur cette variable, ce qui pourrait suggérer une moindre dépendance ou meilleure diversification.

Risques et variables à surveiller

Le marché du logement : tant que la construction neuve et la rénovation restent freinées par des taux d’intérêt élevés ou une confiance basse, la croissance restera modérée.

Le climat/sinistres : pour Home Depot en particulier, une « bonne » saison de tempêtes pourrait agir comme un catalyseur imprévisible.

La durabilité de l’activité pro : si les professionnels restent occupés mais ne remontent pas les prix ou si les délais de paiement se rallongent, cela peut limiter la marge.

La digitalisation/mix produit : les deux acteurs investissent lourdement. L’efficacité de ces investissements (rentabilité) sera un élément différenciateur.

Les coûts d’exploitation et les marges : dans un contexte de hausse des coûts logistiques, salariaux et d’énergie, la maîtrise de la marge devient primordiale.

Perspectives pour 2025 et au-delà

Home Depot anticipe une croissance des ventes totales d’environ +3 % pour l’exercice 2025, mais seulement une croissance « légèrement positive » des comps.

Lowe’s quant à lui prévoit des ventes totales autour de 86 milliards de dollars pour 2025, avec comps proches de zéro (« flat ») comparé à l’an passé.

Ceci suggère que l’environnement reste modéré, sans retour immédiat à des taux élevés de croissance. Mais les investissements stratégiques (pro, digital) pourraient porter leurs fruits dès que le marché se redynamisera.

Pour les investisseurs et les analystes, l’attention se porte désormais sur : 1) la vitesse d’adoption numérique et l’engagement client ; 2) le taux d’occupation et l’activité des professionnels ; 3) le mix produit et la facture moyenne ; 4) les effets des acquisitions (GMS, FBM/ADG).

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