Le blog de Richard
Communication bidirectionnelle
Leur paradis, notre enfer
L’évasion fiscale, c’est pas joli comme image. Ça sent la fuite qu’utilise les bandits. D’où la naissance d’une expression plus raffinée pour aborder le même sujet: l’évitement fiscal.
Il s’agit d’une acrobatie légale datant de la création des personnes légales, ce qu’on appelle des corporations, consistant à créer une coquille incorporée dans un pays où l’imposition est basse et où on y dépose une partie de ses revenus d’entreprise afin de donner un portrait moins rentable de la créature juridique principale qui fait des vraies affaires ici au Québec.
Stratagème anecdotique? Pas du tout. Selon les économistes consultés par les médias ces jours-ci, en additionnant les sommes mises à l’abri dans un paradis fiscal aux impôts économisés par la société incorporée au Québec en raison de ses états financiers amendés, on obtiendrait l’équivalent du déficit du gouvernement du Québec. Le président de l’agence Revenu Québec évalue même ce manque à gagner à 3,5 milliards par année.
Heureusement, une frange d’entrepreneurs ose parler de capitalisme conscient, de citoyenneté corporative, de responsabilité sociale. Des paradigmes d’affaires où le but d’une compagnie dépasse son profit.
Il faut saluer que Revenu Québec lance le deuxième volet de sa campagne de sensibilisation sur l’importance de lutter contre l’évasion fiscale, qui comprend la diffusion, à la télévision et sur le Web, d’un message publicitaire sur les planifications fiscales abusives mises en œuvre par les entreprises.
La campagne montre que ces dollars qui nous échappent, c’est autant d’argent qui n’est pas investi dans le financement des services publics, ce qui oblige chaque citoyen à assumer une part plus élevée du fardeau fiscal.
S’assurer que chacun paie sa juste part du financement des services publics, voilà ce qu’on attend légitimement du gouvernement. Car quel enfer sont ces paradis!
Pas une maison, un escalier
Un multiplex tout à fait semblable, même année de construction avec des matériaux similaires, coûte à Montréal quatre fois plus cher à l’achat qu’à Shawinigan. Par exemple, 400 000 $ au lieu de 110 000 $. De l’autre côté de la médaille, le loyer de 450 $ exigé à Shawi sera quasiment doublé en métropole. Poussons plus loin l’écart: ce même logement sera loué 1200 $ à Sept-Îles.
Le temps moyen pour vendre un condo à Tremblant est évalué à un an alors qu’il est de 100 jours dans l’ensemble du Québec et d’à peine un mois dans certains quartiers du Plateau Mont-Royal très recherchés.
Cette année, au moins cinq milles maisons de moins changeront de main par rapport à la situation d’il y a trois ans.
Ajoutez à cela le réajustement inexorable, un jour ou l’autre, mais on ne sait pas quand, des taux d’intérêt historiquement bas, la croissance moins rapide de la démographie au cours des deux prochaines décennies malgré l’immigration, la taille des ménages qui rapetisse, un ménage sur trois est constitué d’une seule personne et la population qui ne cesse de vivre plus longtemps, délaissant du coup leur statut de propriétaire, et vous avez là une soupe complexe au bouillon trouble.
Dans un tel maelström, où l’achat et la vente d’une maison peut résulter en perte ou en profit même si on prend toutes les précautions d’usage en termes de recherche de conseils et de statistiques.
Pas étonnant qu’un plus grand nombre de personnes expriment aujourd’hui leur hésitation avant d’acheter leur première maison ou de changer pour une autre, neuve ou usagée.
Surtout quand on sait qu’une transaction en escalier ne peut être gagnante-gagnante.
Prolongations
On les aime bien les surtemps quand ils permettent au Canadien de gagner in extremis, comme dans le match d’hier contre les méchants (Bruins de Boston).
On aimera tout autant la prolongation demandée et obtenue de la CEOGCPIC, mieux connue sous son nom complet de Commission d’enquête sur l’octroi et la gestion des contrats publics dans l’industrie de la construction, encore mieux connue comme la Commission Charbonneau.
C’est de la très belle télé-réalité. Mais c’est pas la raison pour laquelle la série doit rester à l’antenne plus longtemps.
C’est parce qu’on est encore au début du commencement.
L’effet domino de telles entrevues en direct s’amorce avec tous ces gens qui s’auto-condamnent et regrettent, sans avouer, acceptant de se sacrifier pour la pérennité de leur entreprise ou de leur employeur. Geste gratuit, s’il en est, autant que Bernard Trépanier est bel et bien bénévole.
Il faut que les travaux progressent pour permettre aux commissaires, à la machine publique et aux médias d’accoucher d’un modus operandi plus éthique quant à l’OGCP (octroi et gestion des contrats publics).
Rares sont nos marchands qui soumissionnent pour des contrats avec l’un ou l’autre des quatre paliers de gouvernement (municipal, MRC, province et fédéral), mais il y en a. Et on en voudrait plus, si les dés ne sont pas pipés.
Plus nombreux sont nos membres manufacturiers qui tentent leurs chances lors d’appels d’offres publics et parapublics. Ils le font avec un doute, depuis toujours, un peu comme lorsqu’on hésite avant de poser sa candidature pour un emploi car on se demande si tout est arrangé.
Imaginez si les enveloppes techniques et financières étaient vraiment évaluées au mérite et sur la base d’une pondération connue. Imaginez si les donneurs d’ouvrage connaissaient vraiment leur sujet pour bien rédiger les offres afin de contrer toute requête d’extra farfelue. Pour cela, faut cesser de sabrer dans les compétences de la fonction publique, nos chiens de garde.
Imaginez si les règles de légitimité et de bonne réputation qu’impose maintenant l’Autorité des marchés financiers s’étendaient à tout contrat avec un organisme public.
Imaginez si les fonctionnaires de tout niveau – et leurs élus – devaient signer un code de déontologie enrichi d’un cadre d’imputabilité les obligeant moralement à ne servir que l’intérêt général des citoyens plutôt que de se sentir à l’abri de toute représaille.
Franchement, il faut continuer longtemps de voir les demi-sourires de France Charbonneau à l’écran. Et que ses travaux débouchent sur un contrat social avec des dents bien aiguisées.
L’ex journaliste en moi sourit en se rappelant que toute la saga a commencé avec un article de Rue Frontenac, ce média temporairement diffusé par les journalistes du Journal de Montréal durant le lock out, où on révélait des liens entre le candidat à la mairie Benoit Labonté, Tony Accurso et le contrat des compteurs d’eau.
Voyez comment on en apprend des choses depuis. Ou il serait plus juste de conclure ainsi: voyez comment se confirment nos doutes.
Babines et bottines
Qu’on en parle en mal ou en bien, mais qu’on en parle.
Rien de plus faux que cet adage entendu depuis toujours.
Chaque parole, chaque écrit négatif sur nous, sur notre entreprise, sur notre marque devrait nous faire réagir. S’en inquiéter.
L’idée n’est pas de vouloir faire plaisir à tous et chacun. Le but est d’aspirer à un taux de contentement optimal auprès des gens qu’on vise.
Paraît-il que 60 % des gens qui quittent un magasin avec un sentiment de satisfaction ne reviennent pas. Parce qu’être satisfait ne suffit plus. Le consommateur est plus exigeant.
Je n’ai pas vraiment participé au 4e Congrès des Décideurs de l’AQMAT. J’étais trop occupé à préparer l’assemblée générale qui suivait l’événement. Sauf que je l’avais conçu et organisé ce congrès. Puis j’ai sondé quelques dizaines de participants à son issue. Dès lors, j’ai pu arriver à la conclusion que RÉPUTATION était le mot-roi qui revenait sur toutes les lèvres.
On doit être plus sensible à préserver sa bonne réputation personnelle et corporative pour espérer attirer des acheteurs (si on veut vendre son entreprise), ou pour pousser une nouvelle marque sur le marché (on voit comment l’excellent téléphone Blackberry en arrache parce que son géniteur, la firme RIM, affiche une étoile de réputation bien pâle), ou encore pour attirer et garder du bon personnel.
Or, pour qu’on ne parle qu’en bien de nous dans les milieux où on évolue suppose que de la cohérence se dégagera entre nos gestes et nos paroles. On doit se comporter d’une manière qui prouve à tous les clients, fournisseurs et employés qu’on accomplit ce qu’on prétend.
Nos bottines doivent suivre nos babines.
Soixante-dix membres présents au 4e Congrès des Décideurs de l’AQMAT tenu mardi à Beloeil ont reçu une leçon sur l’importance, que dis-je, la nécessité de considérer sa réputation comme son plus bel actif. Cela vaut pour soi comme pour son entreprise.
L’autre conclave
Le nôtre, notre conclave, plus prosaïquement appelée l’assemblée générale annuelle des membres et devant accoucher d’un nouveau conseil d’administration, aura lieu mardi après-midi prochain, le 19 mars, à l’Hostellerie Rive Gauche à Beloeil.
Une cinquantaine de « cardinaux » ont déjà confirmé leur présence.
L’élection se fera-t-elle aussi promptement que celle de François à Rome? Nos membres devront-ils réserver une chambre afin de délibérer toute la soirée, voire la nuit?
Je ne pense pas.
Il y a treize candidatures pour dix postes au c.a., mais le poids de la tradition s’exercera: nos membres s’entendront vite à l’amiable afin que personne ne sorte froissé du scrutin.
J’aime ce moment annuel qui condense la nature démocratique de notre association. Il donne un sens à nos règlements généraux sinon sans vie.
Si vous n’avez pas encore confirmé votre présence, cliquez ici.
L’effet Météomédia
Une membre m’incitait à lancer un recours collectif contre Météomédia et ces prophètes de malheur qui, en un bulletin météo, peuvent anéantir un week-end de vente, surtout en période de pointe saisonnière, celle qui s’en vient par exemple.
Le centre jardin prépare sa vitrine, organise son personnel surnuméraire et ses inventaires pour ne pas être en manque. On annonce beau, la terre s’échauffe, les esprits des amateurs de belles cours aussi. Tout est paré.
Jusqu’à la première bouchée du croissant saturnal ou dominical, quand miss météo de Radio-Can ou TVA ou V annonce de la pluie battante. Les plans de la maisonnée changent brutalement.
J’ai quitté le commerce de cette membre en me disant qu’il n’était pas bête de réduire le pouvoir des météorologues et de leurs présages néfastes pour nos affaires.
Selon Météomédia, 95 % à 98 % des prévisions pour le lendemain son exactes, et 70 % pour les prévisions à trois jours. Il faut cependant savoir qu’une prévision dite exacte comporte une marge d’erreur de douze heures près.
La modélisation informatique arrivée dans les années 60, avec l’information captée à distance par les satellites, a élevé la météorologie au rang des sciences. Finie l’observation à l’oeil humain des mouvements et couleurs de nuages, de la direction du vent, du comportement des animaux et autres indicateurs bucoliques.
Malgré son avancement technologique, la météo, du moins son messager, s’attire des plaintes à chaque erreur qui survient.
Les insatisfaits oublient de considérer que l’erreur de prévision leur sert aussi souvent qu’elle peut les desservir. En effet, si du beau temps pour jardiner est dans l’horizon médiatique, les ventes saisonnières, le vendredi soir jusqu’au samedi midi, battront des records… même si finalement l’orage s’abat sur la région tout le reste du week-end.
Et de toute façon, le printemps n’est-il pas autant l’occasion de travailler à l’intérieur qu’à l’extérieur?
Météomédia affecte certainement plus les opérateurs de stations de ski, les auberges et les vendeurs de décapotables que nos quincailleries.
Mais si vous voulez une source plus fiable encore que Météomédia, conservez ce lien.
Abuseurs abusés
Qui est en faveur d’un comportement présumé d’un chômeur qui ne cherche pas sincèrement de l’emploi, préférant épuiser jusqu’au plafond les dollars d’assurance emploi auxquels notre système lui donne droit?
Personne.
Qui aime apprendre que quelqu’un est physiquement et mentalement apte à contribuer au marché du travail tout en choisissant, comme le prévoient ses droits, de recevoir passivement ses prestations d’assurance emploi?
Personne.
Même les prestataires eux-mêmes doivent nous trouver con, comme société, de leur permettre ainsi d’abuser du filet social imaginé, au départ, pour atténuer les effets des lendemains de la première guerre mondiale.
On doit être solidaires de ceux et celles qui ont perdu leur emploi. Des mesures publiques doivent demeurer en place pour les aider à rechercher un nouveau gagne-pain afin de retrouver leur dignité citoyenne.
Cela n’autorise cependant pas l’État à considérer les chômeurs comme des fraudeurs d’emblée chez qui il faut effectuer des visites impromptues à l’image des descentes de l’UPAC chez le maire de Laval!
Un travailleur ne perd pas tous ses devoirs en perdant son job. Comme prestataire d’assurance sociale pendant son chômage, il lui est requis de prouver qu’il fait les efforts nécessaires pour se retrouver. Sinon, là, l’État, doit exercer au nom de l’ensemble des contribuables ce qu’il est convenu d’appeler une diligence raisonnable afin d’évacuer tout fraudeur potentiel.
Le gouvernement doit aussi considérer la situation particulière du travail saisonnier dans une agglomération ou une région donnée. Ce sujet touche nos membres au premier degré car 75 % des quincailleries et centres de rénovation embauchent du personnel qu’ils libèrent après quelques mois.
Il y a la situation propre de l’individu en posture de non-emploi. Il y a aussi celle d’un grand lot d’individus d’une même région qui peuvent être victimes d’une activité économique cyclique.
Personne ne doit abuser. Pas même l’État.
Nos quincailleries victimes d’un consommateur affaibli
- Le resserrement des conditions hypothécaires qu’a imposé le gouvernement du Canada (plafond à 25 ans et hausse des mises de fond), mais il faut admettre que cela a un effet sur les mises en chantier et les achats de maisons existantes. L’AQMAT appuie néanmoins ces mesures qui, à long terme, aident à la lutte au surendettement et préviennent la création d’une bulle immobilière à l’américaine.
- L’endettement progressif des consommateurs et en particulier sur le plan hypothécaire (qui est passé en dix ans de 70 % à près de 100 % du revenu personnel disponible) a effrité les élans des rénovateurs.
- Le fait que pendant la même période, les Québécois ont réduit leur niveau d’épargne de moitié (passant de 4 % de leur revenu à 2 %) contribue aussi aux hésitations qu’on ressent avant les grands travaux. Devant la concomitance de ces deux facteurs, les faibles taux d’intérêt pour emprunter ne font pas le poids.