
L’application des nouvelles normes de protection des piscines résidentielles engendre une véritable déferlante d’interprétations, de plaintes, d’inquiétudes et de commentaires. On parle de rupture de stock, de manque d’installateurs, d’inspection municipales à géométrie variable et de coûts trop élevés. Après m’être prêté à deux entrevues (avec le Journal de Québec et la radio CKYK du Saguenay), puis participé à une tribune d’opinion pendant une heure sur les ondes de QUB Radio, je tire de la situation chaotique qui prévaut les conclusions suivantes.
D’abord, à ceux qui accusent les marchands d’avoir été imprévoyants, je réponds que personne, pas même les administrations municipales, était en mesure de prévoir le nombre de piscines ne respectant pas les normes. Conséquemment, la quantité de clôtures, de loquets de sécurité et autres accessoires à commander s’avérait un exercice flou pour les quincailleries.
De plus, qui était en mesure de prédire si les propriétaires résidentiels allaient préférer l’alu ou le bois traité, le verre ou la bonne vielle clôture de marque Frost ou autre matériau?
Enfin, s’agissant d’un domaine nouveau sur lequel on ne dispose d’aucune donnée du passé pour se référer, il était impossible de connaître la proportion de citoyens qui procéderaient aux travaux eux-mêmes versus ceux qui attendraient un installateur.
Avec les médias, je me suis voulu rassurant sur certains points, inquiété sur d’autres.
Le mythe de la pénurie de matériaux devait être dégonflé. S’il est vrai que nos magasins peuvent être pris de court par les demandes, l’étendue des types de matériaux utilisables et l’efficacité de leurs chaînes logistiques d’approvisionnement ont pour effet que dans des délais raisonnables de deux ou trois semaines, tout centre de rénovation peut arriver à trouver ce dont son client a besoin afin de rencontrer l’échéance du 30 septembre.
Le problème est ailleurs, il se trouve dans le mot-clé : sécurité.
Puisque le branle-bas est motivé par un but vertueux, celui de réduire les risques de noyade et l’angoisse générale autour des piscines, surtout lorsque des enfants en bas âge s’y trouvent, tout le monde est un peu hésitant à livrer des conseils.
Or, le carnet des installateurs débordant, les propriétaires résidentiels doivent passer en plan B : effectuer les travaux eux-mêmes. Ce qui n’est vraiment pas aussi évident que de peinturer la chambre de l’ado dans le sous-sol!
Le consommateur doit alors trouver conseil à sa quincaillerie préférée. Mais le préposé au comptoir des matériaux va-t-il s’avancer à confirmer que le projet d’installation du client est sécuritaire et rencontre les critères? Rien de moins sûr, la configuration de chaque cour arrière étant toujours un peu différente et l’impact d’une mauvaise évaluation à distance pouvant être catastrophique.
L’inspecteur municipal peut-il bénir tous les projets sans risquer des représailles, ou pire, des poursuites, si un accident survient par la suite? Il y a des chances qu’il veuille mettre une ceinture et des bretelles en imposant des travaux longs et chers, d’où une rébellion possible de plusieurs citoyens.
On connaît tous des concitoyens qui ont des piscines hors-terre valant moins de 1000 $ et à qui on demande des travaux de protection qui, si on applique les normes au pied de la lettre, peuvent coûter entre 2000 $ et 4000 $.
La réalité est que chaque municipalité est en train d’interpréter les règles et de former ses équipes afin de déterminer le niveau de tolérance dont le personnel fera preuve avant d’émettre les amendes prévues dans la loi, de 500 $ à 1000 $ par jour de non-conformité.
L’autre réalité est celle du calendrier et de la météo. Une piscine à la maison, on veut en profiter au cœur de l’été. Maintenant. En août aussi bien sûr. Et pourquoi pas début septembre. Durant cette courte fenêtre qui devrait être synonyme de rires et de plaisir, on ne veut pas être entravé par des travaux, ou pire, par des travailleurs.
Dans les circonstances, l’idée de demander au gouvernement du Québec de reporter d’un an la date-butoir du 30 septembre 2025 pour mettre toutes les piscines aux normes de sécurité commence à percoler dans les municipalités, étant elles-mêmes prises entre l’arbre et l’écorce.
En effet, bien que la loi ait été voté en 2021, les règles ont été modifiées en mai 2025, puis les outils de communication ont tardé, à telle enseigne que je ne connais aucun marchand qui ait été invité à une séance d’information de la part de sa ville afin de mettre à jour ses connaissances en la matière.
Plus j’y pense, plus je me dis qu’après les vacances de la construction, si l’entonnoir est encore perceptible, l’AQMAT pourrait ajouter sa voix à ceux qui demandent un report d’un an ou un moratoire d’application de la part des villes et de leurs services policiers avant d’émettre des contraventions.
Lire l’article du Journal de Québec ici.
Écoutez l’entrevue radio sur CKYK ici.
Voyez la tribune téléphonique animée par Isabelle Perron à QUB radio ici.
Rappelons que la nouvelle réglementation oblige toutes les piscines résidentielles à être entourées d’une clôture d’une hauteur de 1,2 m, avec des barreaux espacés au maximum de 10 cm et protégée par une porte avec un dispositif de fermeture et un verrouillage automatique.
Deux conseils de Richard Darveau aux membres : « Faites comme à la chasse aux œufs à Pâques et courez pour vous approvisionner chez vos fabricants de clôture, puis formez au moins un employé pour aider les propriétaires résidentiels à installer eux-mêmes ce genre de protection autour de leur piscine. »
Parcourir le guide d’installation ici.