Une croissance des heures et des chantiers de construction, selon la CCQ

Les prévisions de la Commission de la construction du Québec (CCQ) pour 2025 sont claires : l’industrie franchira un cap historique avec 211,5 millions d’heures travaillées, ce qui représenterait la meilleure performance jamais enregistrée. Cette croissance est principalement tirée par le secteur industriel, bien que le marché résidentiel devrait aussi connaître une hausse.

C’est donc le secteur industriel qui, selon la CCQ, qui administre les conventions collectives, gère les régimes de retraite et d’assurance, veille à la formation, et assure l’application des règles dans l’industrie, sera le plus en hausse : 14 %, soit 16,5 millions d’heures projetées. Ce secteur bénéficie directement de la stratégie québécoise d’électrification des transports, de relocalisation industrielle et de valorisation des ressources naturelles (graphite, lithium, or). Des projets à Bécancour, Baie-Comeau et au Saguenay–Lac-Saint-Jean en sont les moteurs.

Le résidentiel amorcera une relance (+7 %, pour atteindre 38 millions d’heures), porté par une détente attendue des taux hypothécaires et la volonté gouvernementale d’accélérer la construction de logements. La CCQ prévoit 48 000 mises en chantier en 2025.

Le génie civil et la voirie devraient connaître un léger recul (-1 %), tout en conservant intrinsèquement un niveau élevé d’activités avec 40,5 millions d’heures. Plusieurs projets d’Hydro-Québec, dans le cadre du Plan d’action 2035 du gouvernement du Québec, pourraient redynamiser ce segment à moyen terme.

Enfin, de manière surprenante – et disons-le, décevante – le secteur institutionnel devrait connaître une baisse encore plus forte de 2,1 % due au ralentissement des investissements publics dans les écoles, hôpitaux et infrastructures collectives.

« Il faut espérer que la CCQ fait erreur parce qu’en période de crise, comme celle qui s’amorce, les investissements en infrastructures représentent un rempart contre tout le reste qui semble incertain », opine Richard Darveau, président de l’AQMAT. 

Une réalité régionale contrastée

La croissance de l’industrie ne sera pas uniforme sur l’ensemble du territoire québécois. Selon la CCQ, certaines régions bénéficieront d’une expansion soutenue, notamment :

  • Mauricie–Bois-Francs : +6 %
  • Saguenay–Lac-Saint-Jean : +4 %
  • Bas-Saint-Laurent–Gaspésie, Estrie, Abitibi-Témiscamingue : +3 %

À l’inverse, des reculs légers sont prévus dans le Grand Montréal (-1 %) et à Québec (-1 %), où la baisse des investissements institutionnels et commerciaux aura plus d’effet, ce qui, ajoute M. Darveau, « aura énormément d’impact sur le portrait global en raison du poids démographique que représentent ces deux grandes agglomérations urbaines ». 

Un enjeu persistant : la rareté de main-d’œuvre

Bien que les tensions sur le marché du travail se soient légèrement atténuées, la rareté de la main-d’œuvre demeure un frein important.

Déjà, en 2023, 58 % des employeurs sondés par la CCQ signalaient encore des difficultés de recrutement, un chiffre en baisse par rapport aux 72 % de 2021, mais qui reste élevé.

Pour répondre aux besoins, la CCQ estime que l’industrie devra recruter 17 000 travailleurs par an jusqu’en 2028, soit pour soutenir la croissance, soit pour remplacer les départs à la retraite. Des efforts sont actuellement déployés pour accroître la diversité dans l’industrie, notamment en intégrant davantage de femmes, de personnes issues des minorités visibles et des Premières Nations et Inuit.

Conclusion

À la croisée des chemins entre relance résidentielle, grands projets industriels et modernisation des infrastructures, l’industrie de la construction au Québec entre en 2025 avec un optimisme mesuré mais solide.

Si les défis persistent – notamment celui de la main-d’œuvre – la vigueur des investissements privés et la volonté politique de soutenir le logement et la transition énergétique font de 2025 une année charnière, potentiellement historique, pour ce secteur vital de l’économie québécoise.

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