La survie de l’épicerie-quincaillerie de Saint-Sylvère à quelques heures d’être confirmée

Véritable institution depuis 1946, l’épicerie-quincaillerie de la municipalité de Saint-Sylvère près de Bécancour est l’objet d’une opération de sauvetage par la communauté locale et régionale. La Coop de solidarité créée il y a quelques mois aura vraisemblablement réussi son pari : récolter les 60 000 $ de mise de fonds nécessaires pour obtenir l’aide d’Investissement Québec et du Réseau d’investissement social du Québec (RISQ) pour le rachat du commerce. Sa présidente, Sandra Deshaies, l’a confirmé à l’AQMAT ce matin.

MÀJ – 08-07-2019 : 

L’avenir de la seule épicerie de la municipalité de Saint-Sylvère, au Centre-du-Québec, est maintenant assuré. Grâce à la mobilisation citoyenne, la Coopérative de solidarité de Saint-Sylvère a réussi à amasser l’argent nécessaire pour acheter l’épicerie qui offre aussi des produits de quincaillerie et de la Société des alcools du Québec (SAQ).

La Coopérative de solidarité de Saint-Sylvère prend possession de l’épicerie officiellement le 16 juillet. Les gens qui travaillent déjà à l’épicerie vont conserver leur emploi et quelques autres personnes seront embauchées.


Les trois copropriétaires ont annoncé il y a plus d’un an leur intention de partir à la retraite, sans relève apparente, et le commerce vit sous respirateur artificiel, en quelque sorte, depuis ce temps. En juin 2018, la municipalité et d’autres intervenants du milieu avaient déjà commencé à parler d’acquérir l’immeuble et de former une coopérative. Un an plus tard, tous les espoirs sont maintenant permis, si on se fie aux propos de Sandra Deshaies aujourd’hui.

Sandra Deshaies, présidente de la Coopérative de solidarité de Saint-Sylvère

La prochaine échéance est proche : le mardi 2 juillet. C’est à cette date que les responsables de la Coop de solidarité Saint-Sylvère doivent confirmer qu’ils ont la somme demandée. Et selon toute vraisemblance, c’est chose faite, nous a confirmé ce matin la présidente de la coopérative. « La réponse de la communauté a été incroyable compte tenu du petit nombre de citoyens « , a-t-elle indiqué. « 54 625 $, en une semaine : c’est le montant amassé, en parts sociales et en dons, pour l’achat de notre épicerie-quincaillerie par la Coopérative de solidarité. Du jamais vu pour nos créanciers et partenaires », écrivait Sandra Deshaies sur la page Facebook Ça se passe à St-Sylvère mercredi matin.

La date de prise de possession du commerce pourrait avoir lieu un peu plus tard en juillet.

«Je ne pense pas qu’il y ait de problème avec le montant», avait affirmé le maire Adrien Pellerin au lendemain de la rencontre d’information du 19 juin où 175 personnes étaient présentes. Il était encore plus confiant que la veille compte tenu que le député de Nicolet-Bécancour, Donald Martel, venait d’annoncer la reconstruction de l’école primaire du village incendiée en août 2017 «C’est certain que cette annonce va amener du positif, et même inciter les gens à investir dans leur épicerie. Ce sont deux gros projets qui vont se réaliser chez nous. Et en prime, ce sont deux bonnes nouvelles qui nous arrivent en moins de 24 heures! On a toutes les raisons de sourire», conclut-il.

Il s’agit d’un projet de 4,75 millions de dollars, qui devrait aussi permettre à la municipalité de 800 habitants de retrouver une salle communautaire. L’échéancier des travaux n’est pas encore déterminé, mais le gouvernement souhaite que la construction soit terminée à temps pour la rentrée scolaire 2020.

La collecte de fonds de la dernière chance

La plupart des gens s’entendent pour dire que  le sauvetage de l’épicerie-quincaillerie, c’est «une question de survie du village»!

Pour un des propriétaires du commerce, Robert Leblanc, la quincaillerie devrait aussi être maintenue. La présidente de la coopérative, Sandra Deshaies, nous assure que le projet actuel est de maintenir l’ensemble des activités, quitte à revoir le tout après un certain temps.

M. Leblanc, qui est sur le point de remettre son tablier, à l’âge vénérable de 76 ans, nous a raconté que le commerce est en place depuis 1946 et qu’il a pris différentes formes au fil des ans. « Il n’y a que 2 autres quincailleries dans un environnement de 20 à 30 kilomètres », a-t-il indiqué. Pour l’épicerie, il faut se rendre à Daveluyville ou à Saint-Wenceslas pour trouver un tel commerce, ce qui représente un déplacement important pour la population.

  

  

Vignette photos : La section quincaillerie du commerce de Saint-Sylvère, qui occupe plus de 50 % de la surface.  (Photos : Alexandra Bergeron, Duo Énergie graphique)

Fait à signaler, la partie du bâtiment occupée par la quincaillerie est un peu plus grande que celle de l’épicerie. Celle-ci a déjà été sous bannière Unimat, comme on peut le voir sur des photos datant de 2013. Actuellement, aucune bannière n’est affichée. Les propriétaires font affaire avec le distributeur Orgill Canada pour leurs produits de quincaillerie.

L’épicerie-quincaillerie abrite aussi une succursale de la SAQ.

La coopérative a été formée spécifiquement à cause de ce dossier-là. «On a décidé de se mobiliser afin de racheter le commerce pour qu’on puisse continuer d’avoir un service qui est essentiel à la municipalité», assure Caroline Boucher, la coordonnatrice du projet. « Si l’on ne réussissait pas à recueillir ce montant minimum, le projet tombait à l’eau. Et si l’épicerie ferme, on n’a plus de village», dit-elle.

Les propriétaires de l’épicerie ont annoncé, il y a quelques mois déjà, qu’ils souhaitaient prendre leur retraite. Ils ont toutefois accepté de repousser la fermeture de leur commerce le temps que la coopérative attache son projet. Ils avaient déjà mis en vente le commerce depuis plus d’un an avant le début de cette démarche du milieu.

Un retour aux sources ?

Robert Leblanc, propriétaire de l’épicerie-quincaillerie de Saint-Sylvère.

La formation d’une coopérative représenterait un retour aux sources pour le commerce qui a déjà eu cette forme par le passé, avant d’être acheté par des propriétaires privés. Celui-ci était déjà opéré sous forme de coopérative jusqu’en 1996, année d’achat par le groupe de Robert Leblanc.

Au départ, c’était une coopérative de producteurs de patates, avant de devenir une beurrerie, et une meunerie. La quincaillerie s’est ensuite jointe à la meunerie, suivie de l’épicerie qui avait nécessité un agrandissement, en 1980.

La meunerie a ensuite été démolie et le commerce de quincaillerie et d’épicerie est demeuré en place. «Parce que les besoins sont toujours là», souligne Robert Leblanc qui est propriétaire, avec Johanne Leblanc, qui part également à la retraite, et Éric Leblanc, qui a décidé de faire autre chose et qui ne voulait pas reprendre le commerce à lui seul.

Vous êtes de la région de la MRC de Bécancour et souhaitez contribuer à la survie de l’épicerie-quincaillerie ? Écrivez à coop.saint.sylvere@gmail.com et quelqu’un communiquera avec vous.

Vignette photo d’entête : le bâtiment qui abrite l’épicerie et la quincaillerie de Saint-Sylvère depuis 1946 pourra vraisemblablement continuer à accueillir la clientèle locale et régionale.

 

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