L’invasion russe : heavy metal

Deuxième volet de notre série sur les dommages collatéraux que l’invasion russe en Ukraine provoque sur notre industrie : l’aluminium et autres métaux.

Outre d’être l’un des premiers producteurs mondiaux de gaz et de pétrole ainsi que de blé, la Russie figure aussi dans le peloton de tête des fournisseurs d’aluminium alors que l’Ukraine, en temps de paix, se positionne dans le top 5 du titane. Ces métaux sont utilisés dans la confection de nombre de produits résidentiels. Leurs cours mondiaux flambent à des niveaux jamais vus.

Par exemple, l’aluminium a atteint un nouveau record historique lundi sur la Bourse des métaux de Londres (LME), à 4073,50 $US la tonne.

Des observateurs s’inquiètent d’éventuelles ruptures d’approvisionnement pour la production industrielle. L’une des raisons est le fait que des acheteurs prévoyant la hausse des prix stockent beaucoup en ce moment.

Le groupe russe Rusal est le deuxième producteur industriel d’aluminium du monde. La société russe VSMPO-Avisma, fondée en 1941 dans l’Oural, est le premier fournisseur mondial de titane avec près 25 % du marché. Boeing vient d’annoncer qu’il suspend ses achats de titane russe de ce fabricant.

Le nickel et le palladium sont les autres métaux frappés par les sanctions internationales.

À tout malheur quelque chose est bon, dit-on : la filière québécoise de l’aluminium tente présentement de faire savoir au monde entier qu’elle a des capacités pour augmenter sa production et que la stabilité politique qui règne ici en comparaison avec la Russie représente un atout clé.

Environ 57 % de la production mondiale d’aluminium en 2021 est entre les mains d’usines chinoises.

Des opérateurs économiques d’ici se demandent non pas s’ils vont manquer d’aluminium pour assembler leurs portes et fenêtres, fabriquer toute sorte de colombages et autres pièces de quincaillerie pouvant se retrouver dans une maison au Canada. Ils se posent plutôt la question du prix : un marché avec moins de joueurs sous-tend qu’il y aura un rapport de force favorisant l’offre sur la demande.

Le titane est utilisé à 95 % pour son dérivé en oxyde qui est une poudre servant entre autres de pigment blanc pour la peinture, les plastiques et la céramique.

Le titane n’est pas un élément rare sur terre. Cependant, la faible teneur moyenne des sols de 0,63 % en rend l’exploitation commerciale non viable. Seuls quelques sites de production offrent une teneur suffisante pour son exploitation. D’où sa production limitée et son prix élevé.  

L’Ukraine serait responsable de 8 % de la production mondiale de titane. Si, en raison du conflit, elle ne produisait que 2 % ou 3 %, cela aurait des répercussions. Surtout dans le contexte de 2022 alors que les perturbations de la chaîne d’approvisionnement se multiplient.

Cliquez ici pour lire le premier volet de notre série, publié hier, au sujet des activités russes de Canadian Tire.

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