Le Québec : un travailleur autonome

Dans la grisaille économique, le Québec − et notre secteur économique en particulier − irradie de lumière. Bon! j’exagère un peu. Disons que le ciel a l’air d’un fond d’écran Windows : des mottes de nuages, dont un gros qui s’appelle AbitibiBowater, mais du bleu quand même.

À preuve, prenez ces heures-ci. Coup sur coup, un Réno-Dépôt de 20 millions de dollars renaît des cendres d’un ancien magasin à LaSalle, Patrick Morin ouvre un nouveau magasin à Berthier, la Quincaillerie Saint-Augustin double sa surface à Mirabel, la Quincaillerie Rimouski est choisie le meilleur Home Hardware au Canada, Canac-Marquis Grenier ouvrait aujourd’hui à Cap-de-la-Madeleine un dix-septième magasin et BMR Le Groupe emménage dans un nouveau siège social plus grand et plus adapté à ses besoins. Bref, toutes les bannières voguent au vent, les indépendants tout autant.

Une chance qu’on est en récession! Sinon imaginez combien d’inaugurations et d’ouvertures on aurait dû couvrir!

Ceci amène mes collègues du ROC (Rest of Canada) à me demander non plus « What does Quebec want? » (avec les années, je pense qu’ils la connaissent, notre réponse), mais bien « Why does Quebec perform? »

Le Québec est devenu un immense travailleur autonome. Voilà mon explication :

Collectivement, on attend tellement moins de l’État. Prenez la ville de Québec − j’y étais hier. La création d’un parc technologique, d’un pôle de développement économique, d’événements culturels surdimensionnés sont autant d’épiphénomènes qui ont sorti ce peuple de sa dépendance à l’égard des fonctionnaires salariés. Dans les régions dites de ressources, c’est par rapport au gros employeur mono-industriel qu’une certaine distance a été prise. Au début, de manière forcée, les dirigeants de PME se sont organisés pour éviter le piège du 80/20, c’est-à-dire ne plus dépendre d’un ou deux gros clients qui représentent 80 % de leurs commandes.

Individuellement, la situation est encore plus caricaturale quand on juxtapose la réalité du travailleur québécois de 1989 avec celui de 2009. L’emploi steady qu’on avait tous il y a vingt ans, ou qu’on jalousait avec son « char » d’avantages sociaux, a cédé la place à deux emplois à temps partiel ou à des contrats à court terme, voire à la pige, ou encore à la création de sa propre entreprise. Demain, une personne perd son emploi, par chance, le conjoint garde le sien et assez vite, le chômeur accepte des premiers contrats sans que son licenciement ait fait trop de vagues.

L’État s’est aussi adapté à la nouvelle donne. Les aides aux canards boiteux n’existent plus. Ni pour les entreprises, ni pour les individus. Place aux programmes plus constructifs. Votre carnet de commandes rapetisse? Pas de problème, réduisez vos effectifs et le gouvernement va quasiment combler la différence pour vous aider à ne pas perdre vos joueurs ou votre chemise. Sinon, un autre programme peut financer leur perfectionnement ou la modernisation de vos équipements de production et vous permettre de présenter une entreprise renforcée au lendemain de la crise.

C’est quand même extraordinaire comme évolution sociétale.

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