Le 13 mars 2020, ce point de bascule pour notre industrie

C’est aujourd’hui même que le premier ministre François Legault, il y a trois ans ou une éternité, imposait une série de mesures ponctuée des mots masques et confinement. Des mesures que l’on croyait, de bonne foi, temporaires. Des mesures dont on ignorait les impacts positifs et négatifs sur l’écosystème de la rénovation. Le président de l’AQMAT, Richard Darveau, se remémore cette crise que l’association et des membres ont dû traverser.

« Avant ce vendredi 13, il y avait eu le samedi 8 où près de 500 invités chiquement vêtus célébraient dans l’insouciance les bons coups de notre industrie à l’occasion du Gala Reconnaissance AQMAT.

Je m’imagine un instant Michel de Notre-Dame, mieux connu comme étant Nostradamus, annoncer au micro qu’à partir de la semaine prochaine, la population confinée pendant deux ans se mettrait à rénover en fou au point de faire éclater les chiffres d’affaires records de tout temps. On m’aurait fait enfermer.

En fait, il ne fallait pas être prédicateur folâtre pour annoncer la catastrophe. Il fallait simplement écouter les messages d’affolement scientifique qui commençaient à circuler en décembre 2019. D’où le nom COVID-19.

FluTrackers a été le premier rapport à atteindre un contexte international sur la situation à Wuhan le 30 décembre, tel que rapporté par le Washington Post et Forbes, bien que dès le 8 décembre, on l’apprendra plus tard, 41 Chinois étaient hospitalisés dans la ville de Wuhan; tous avaient fréquenté le même marché de fruits de mer.

Ceci conduisit l’Organisation mondiale de la santé à déclarer, dès le 30 janvier 2020, que ledit virus était une urgence de santé publique d’intérêt international. Son avis officiel se lisait comme suit: Tous les pays devraient être préparés pour le confinement, y compris la surveillance active, la détection précoce, l’isolement et la gestion des cas, la recherche des contacts et la prévention de la propagation de l’infection. »

Le monde politique opérant à courte vue, avec une forte tendance à ne rien précipiter, tout le mois de février passa, puis le début de mars, avant que finalement, on réagisse dans les officines.

L’information scientifique existait donc. On a choisi de l’ignorer. (Comme d’ailleurs elle existe sur la catastrophe climatique malgré la prise de demi-mesures par nos gouvernements).

Parce que prises tardivement, les décisions ont été draconiennes. Choquantes. D’où un clivage dans la population dont on fait encore les frais.

Le jour même de l’annonce des mesures, le 13 mars 2020, l’AQMAT demande et obtient peu après que les quincailleries et centres de rénovation soient reconnus aussi « essentiels » que pouvaient l’être les marchés d’alimentation, les pharmacies et les stations-services. Pendant ce temps, dans la plupart des autres provinces canadiennes, par manque de combativité, seul le service à l’auto sera permis pendant des mois cruciaux.

Puis le 26 mars, on récidive. L’AQMAT obtient la confirmation que l’approvisionnement pour les cours à bois est sécurisé. Elle est venue directement de Ronald Brizard, sous-ministre associé aux forêts au ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec.

Dans les semaines qui suivent, les interventions se multiplient pour que toute usine fabriquant des matériaux pour le marché résidentiel puisse ouvrir afin d’éviter les tablettes vides dans les quincailleries où l’activité bat son plein. Alors qu’est lancé la première mouture du Panier Bleu, l’AQMAT utilise les médias pour placer le gouvernement devant une contradiction: si on ne permet pas aux manufacturiers et distributeurs d’ici d’opérer, il y aura une marée de produits asiatiques qui va envahir notre marché.

On ne s’est pas fait que des amis au ministère appelé à cette époque Économie et Innovation. Mais il n’était pas question que je confonde la proie et son ombre: je suis payé par les membres de l’industrie et c’est sur leurs intérêts, par à-coup ceux de leurs clients, que je demeurais focalisé.

Où se retrouve-t-on trois ans plus tard?

Nos membres ont fait de belles affaires, cependant à un fort prix humain. D’où des améliorations de salaires et d’avantages sociaux jamais vus, ce qui doit déboucher vers une redéfinition du modèle d’affaires des commerces de notre industrie, des relations entre bannières et fournisseurs, d’une révision en profondeur de l’expérience vécue en magasin.

Les rôles que peut jouer leur association me semblent mieux compris grâce à cette gestion de crise.

Vraiment pas besoin de Nostradamus pour savoir que le déclin de la population active est progressivement plus incident, que la surchauffe de la planète va forcer à la fois des innovations et des changements de style de vie, que les requêtes populaires envers les castes dirigeantes nous placent à l’aube d’un nouveau contrat social.

J’ose croire que vous aurez hélas encore besoin de l’AQMAT pour être successivement éclaireur, stratège, tacticien, et pourquoi pas, fantassin.

D’ici là, nos membres peuvent être salués pour leur adaptabilité en cette ère où la formule consacrée dit qu’on construit l’avion en plein vol. Et une pensée, que dis-je une PENSÉE pour toutes les victimes du coronavirus et leurs proches, en particulier celles qui sont survenues dans notre propre industrie. »

 

Richard Darveau

Président, AQMAT

rdarveau@aqmat.org

4 comments on “Le 13 mars 2020, ce point de bascule pour notre industrie

  1. Pierre Bouchard on

    La pandémie, avec tout son lot de boulversements et d’interdits , aura permis à tous les membres d’AQMAT de prendre pleinement la mesure et la place essentielle qu’ils occupent dans notre collectivité.
    AMAT est beaucoup plus qu’une association.
    C’est une pierre d’assise qui a plus de 80 ans d’histoire et sur laquelle le Ministère de l’Habitation pourra toujours s’appuyer.
    Bravo à Richard Darveau et toute son équipe pluridisciplinaire et professionnelle.

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    • Crystelle Cormier on

      Bonjour. Nous vous remercions au nom de toute l’équipe de l’AQMAT pour votre beau commentaire. Merci d’avoir pris le temps de nous écrire.

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  2. SOPHIE DENIS on

    Essentiel , le mot magique pour rester en vie et se sentir vivant en 2020 !!
    3 ans plus tard, c’est d’autres défis avec le désir de satisfaire les besoins de nos clients, gérer pour conserver des marges de profits et être vu et reconnu dans le commerce au détail version après-pandémie.

    Faire partie d’une association et d’un groupement prend tout son sens dans l’épreuve comme dans l’allégresse !!
    Merci Richard et l’AQMAT

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    • Crystelle Cormier on

      Bonjour. Nous vous remercions au nom de toute l’équipe de l’AQMAT pour votre beau commentaire. Merci d’avoir pris le temps de nous écrire.

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