Grève générale illimitée : un « boost » pour le travail au noir à ne pas encourager

Déclenchée tôt ce matin, la grève générale illimitée des quelque 170 000 travailleurs de la construction aura des impacts légers sur les centres de rénovation, mais pourrait toutefois encourager le travail au noir, selon une enquête réalisée auprès des membres de l’AQMAT.

« Pour les travailleurs, l’envie sera forte de ne pas être sur les lignes de piquetage toute la journée et de plutôt aller travailler sans le déclarer. La tentation sera autant forte pour les consommateurs d’engager un travailleur  «  en dessous de la table ». Ils vont avoir l’impression que c’est une bonne bonne affaire, ce qui n’est pas le cas », précise Richard Darveau, président et chef de la direction de l’AQMAT.

« La majorité des travailleurs de la construction pourront travailler pour leur famille ou encore leurs voisins (au noir), ce qui ne ralentira pas les ventes », estime un des répondants à l’enquête.

Le travail au noir est une pratique vivement dénoncée par l’AQMAT.

Le code de déontologie de l’Association stipule :

2.3.2 Respect des lois : Respecter les lois et veiller, en particulier, à observer celles concernant les heures et jours d’ouverture, les normes du travail, l’équité salariale et la santé et sécurité au travail; combattre le travail au noir en ne recommandant que des professionnels possédant leurs licences de la Régie du bâtiment ou des membres d’ordres professionnels. 

Loi spéciale imminente

En mission économique à Israël, le premier ministre du Québec a confirmé ce matin qu’une loi spéciale serait adoptée si des progrès ne sont pas réalisés «  rapidement  » à la table des négociations.

« Il faut absolument que j’envoie ce signal-là très tôt parce que c’est l’économie du Québec qui est en jeu et c’est l’intérêt supérieur du Québec qui est en jeu », a dit M. Couillard.

Ce dernier ne convoquera pas l’Assemblée nationale cette semaine pour légiférer, les députés étant présentement en relâche parlementaire.

Rappelons qu’en 2013, le même conflit avait perduré 10 jours avant le déclenchement d’une loi spéciale par le gouvernement du Québec.

De lourdes conséquences sur l’économie québécoise selon l’APCHQ

L’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ) déplore le déclenchement d’une grève générale et critique sévèrement la stratégie de l’Alliance syndicale « dont les actions, depuis le tout début, ont été menées avec un seul objectif : pouvoir déclencher la grève le plus rapidement possible ».

« Une grève générale illimitée aura non seulement pour effet de paralyser l’industrie de la construction au Québec, mais elle engendra de grandes pertes économiques en plus de retarder la livraison de projets de construction et de rénovation à des citoyens », déclare le vice-président Développement stratégique et Communications de l’APCHQ, François-William Simard.

Une prise en otage inacceptable selon le CPQ

Le Conseil du patronat du Québec s’est dit consterné par la tournure des négociations qui ont cours depuis plusieurs mois dans le secteur de la construction, et déplore que, tout comme en 2013, le Québec, ses citoyens et ses entreprises, se trouvent à nouveau pris en otage.

« Le CPQ estime qu’il y a situation d’urgence afin d’empêcher la grève dans le secteur de la construction, suite à l’échec des derniers pourparlers entre les représentants patronaux et syndicaux dans la nuit de mardi à mercredi. Tout le Québec retient son souffle en espérant que les travaux de construction pourront se poursuivre dans les plus brefs délais. Rappelons que les impacts d’une grève dans ce domaine sont majeurs pour l’ensemble de la société, se chiffrant en quelques dizaines de millions de dollars de perte pour chaque journée d’interruption », de commenter le PDG du CPQ, Yves-Thomas Dorval.

« À présent, le CPQ exhorte le gouvernement d’exercer le recours à une loi spéciale forçant le retour au travail et obligeant les parties à trouver une solution pouvant aller jusqu’à l’imposition d’un arbitrage. Néanmoins, le gouvernement devrait se garder de prévoir des mesures punitives à l’égard des associations d’employeurs, ou de décréter unilatéralement certaines conditions de travail qui seraient au désavantage des donneurs d’ouvrage et de l’ensemble des contribuables », de conclure Yves-Thomas Dorval.

 

Conventions collectives échues

Sans convention collective depuis le 30 avril, les principaux points en litige varient selon le sous-secteur de l’industrie: les salaires, les horaires, les heures supplémentaires, la mobilité de la main-d’oeuvre, la conciliation travail-famille.

Mais l’Association de la construction du Québec assure pourtant avoir laissé tomber certaines de ses demandes patronales durant les dernières heures. Les parties n’en sont quand même pas venues à une entente. Tous les détails ici.

 

 

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