Douzaine de combattants honorés au Gala : de grosses pointures à chausser

Samedi au Reine-Élizabeth à Montréal, lors du Gala Reconnaissance AQMAT, les 450 convives, disons-le étaient bouche bée. À part les tablées du fond, sans doute en raison du son qui circulait moins bien dans la partie de la salle au plafond plus bas. On a assisté à des émotions plein la pelle avec la présence sur scène de douze monuments qui représentent autant de sources d’inspiration, voire d’émulation, et ce pour les générations à venir.

« Nos entreprises sont un peu comme nos enfants, nous voulons bien plus qu’ils nous survivent. Nous voulons qu’ils fassent mieux que nous. Voilà ce que souhaitent les combattants que je vous présente. »

  « Comme à la guerre, notre industrie a ses
  cohortes de soldats et de généraux. Certains
  s’avèrent d’infatigables travailleurs dans
  l’ombre, d’autres brillent dans la pleine
  lumière. »

 C’est en ces mots que la présentation intitulée
 « Hommage à des combattants » s’est amorcée. Animée par le président et chef de la direction de l’AQMAT, Richard Darveau, la période de 30 minutes a montré à quel point les chaises sont musicales dans la quincaillerie et les matériaux.

 

Voici de brefs extraits de l’exposé de M. Darveau. L’intégrale paraîtra dans le Magazine AQMAT publié en avril.

André Dion (RONA/Botanix)

Notre prochain combattant s’est fait l’apôtre de l’auto-construction avant son temps. Développer le goût de la réno était un moyen pour lui de contrer la syndicalisation et la lourdeur dans l’industrie de la construction.

Il est aussi connu pour avoir systématisé l’utilisation du client mystère : cinq de ses employés à plein temps visitaient les 450 marchands annuellement pour classer leur service client.

« On ne tolérera pas une file à la caisse ni un client mécontent, même s’il est malcommode, pas plus qu’on ne tolérera un produit défectueux d’un fournisseur ».

Son passé de contrôleur et sa formation universitaire l’ont sans doute aidé à réussir l’entrée à la bourse de l’entreprise. Il faut dire que son VP exécutif n’était pas piqué des vers en finances : Richard Lord, futur patron de Richelieu.

Autres gestes d’éclats, les signatures Le Quincaillier, Le Rénovateur, Le Chantier; l’acquisition des pépiniéristes Botanix, amour pour les plantes qu’il conserve jusqu’à aujourd’hui puisqu’il est propriétaire d’une ferme; sans oublier ses rendez-vous aux marchands à la Place des Arts où presque 3000 d’entre eux se rendaient pour la grand-messe annuelle de la bannière.

C’est aussi lui qui a fait passer l’entreprise dans la modernité informatique avec son bras droit, Henri Turcot, lequel deviendra plus tard marchand BMR et président du conseil de l’AQMAT.

Et c’est lui qui donna un premier job au siège social à Robert Dutton, lequel allait lui succéder.

Yves Gagnon (BMR/La Grande Quincaillerie)

BMR aura eu jusqu’ici trois vies que nous résumerons lapidairement comme l’avant et l’après Yves Gagnon.

Fondé en 1967 sous le nom d’Union Six par justement six familles toujours actives qui n’avaient visiblement pas succombé aux charmes de Dismat, BMR déploie beaucoup d’énergie durant son adolescence, notamment en créant Matreco, un acheteur de matériaux pan canadien avec deux partenaires, dont Timber Mart.

L’entreprise doit s’adapter à la récession économique qui plombe l’immobilier, au nouveau marché de la rénovation en innovant avec une émission de télé pour bricoleurs amateurs. Et s’en suivent une carte de crédit maison et le développement de plusieurs marques privées. Se greffera plus tard le programme de récompenses 360.

Sous le leadership de notre invité, le volet quincaillerie s’ajoute aux matériaux. Plus tard, celui de l’agriculture sous le nom toujours en vogue Agrizone.

L’incendie qui ravage le siège social en 2005 reste sans doute gravé dans sa mémoire. Mais plus encore l’énergie déployée par le général et son équipe pour rouvrir en une semaine, au grand soulagement des fournisseurs.

C’est lui qui recrute Hugo Girard qui devient le bon géant vert de la bannière.

La troisième vie de BMR commence en 2015 lorsque La Coop fédérée, devenue Sollio, acquiert le Groupe.

À l’issue d’un contrat de cinq ans, notre entrepreneur et ses commerces créés en 1973, font un retour aux sources : le réseau de cinq succursales sera sans marquise de marketing, sauf la sienne, mais approvisionné par des groupements d’achats purs.

Il a initié un concept novateur de magasin, Éco Attitude, qui conjugue structures de bois, murs végétaux et géothermie pour un meilleur respect de l’environnement et une plus grande efficacité énergétique, qui confère également de meilleures conditions de travail aux employés.

Patrick Morin et son épouse (Patrick Morin)

Qu’est-ce que Patrick Morin – la bannière – et moi avons en commun? On est nés en 1960. On fête donc nos 60 ans! Le meilleur serait à venir, paraît-il!

Quel parcours. De Dismat à RONA, il est devenu ou redevenu Patrick Morin. Fallait le faire. Promouvoir sur le devant des magasins son propre nom et prénom, il n’y a pas d’équivalent.

Le modèle de Patrick Morin résiste au temps et aux modes. Sans avoir rien révolutionnée, l’entreprise s’adapte avec agilité aux paradigmes changeants de la consommation et de la technologie.

Sa croissance est mesurée, avec un nouveau magasin à chaque 2-3 ans pour offrir aujourd’hui 21 succursales.

La constance qu’inspire Patrick Morin au fil des décennies s’exprime par une fidélité remarquable des entrepreneurs en construction.

Avec eux, comme on dit si bien en anglais, « What you see is what you get ».

Cette stabilité semble justement attribuable à l’engagement de la progéniture. Jusqu’à sept des enfants ont été actifs en même temps dans les fonctions-clés de l’entreprise. Et aujourd’hui, la troisième génération, représentée d’ailleurs ici ce soir, fait sa propre place.

Il aurait tant aimé monter sur scène à côté de son épouse Denise Benny, cofondatrice de la bannière, présentement en convalescence. On l’accueille du haut de ses presque 93 ans, au bras de son fils Denis, l’actuel président de l’entreprise.

Annette Verschuren (The Home Depot)

Le géant Home Depot a bouleversé notre secteur économique à partir de l’été 2000 avec une première succursale au Québec. J’assistais à l’ouverture comme président à l’époque de la Chambre de commerce et d’industrie de Laval.

 

Le patron de Home Depot au Canada à l’époque, c’était une femme. La seule, depuis, à avoir occupé la plus haute marche d’une bannière au pays.

Vivant en Nouvelle-Écosse, Mme Annette Verschuren n’a pu être parmi nous, mais vraisemblablement, la tradition de management au féminin se perpétue chez Home Depot. Pour honorer cette pionnière, j’invite trois directrices de magasins : mesdames Jézabel Prévost, directrice du magasin de St-Romuald, Natacha Nawrocki qui dirige la succursale de Saint-Constant et Linda Barbeau, directrice à Lachenaie.

Bernie Owens et Daniel Rioux (Timber Mart)

L’histoire entre Timber Mart et le Québec, pour la comprendre, il faut faire un méchant tour de manège ou de méninges. Attachez vos nœuds papillon, on part!

Tout a commencé avec Sodisco. Michel et Jacques Auger de Victoriaville menaient de front quatre bannières, dont Unitotal, Mat Expert et Novico, avant de prendre la décision de tout regrouper sous la bannière PRO et de s’inscrire à la bourse après une fusion avec Howden. La nouvelle entité est vendue à Bertin Nadeau de Unigesco, puis racheté par Canwel, spécialiste de la distribution, lequel prend une entente avec ACE International pour opérer les magasins québécois et canadiens sous cette bannière américaine.

Pendant ce temps, des marchands du Québec forment MatPlus, lequel devient un membre acheteur de Timber Mart pour bénéficier du volume d’achat.

Timber Mart acquiert les centres de distribution de Canwel et les droits de ACE International pour ensuite s’en départir et convertir les magasins sous sa propre bannière.

Timber Mart étant surtout un groupement d’achat en matériaux, il vend ses centres de distribution de quincaillerie à Orgill avec qui il prend une entente de distribution pour ses magasins.

Quant à Daniel Rioux, il représente en quelque sorte la courroie de liaison, le visage connu entre les multiples formes que la présence de Timber Mart a pris au fil des décennies.

Christine Hand et Duncan Wilson (Home Hardware)

Saviez-vous que, a long time ago in a galaxy far, far away, Home Hardware was associated to RONA, and Do-It Best? L’alliance de non-agression territoriale a duré 25 ans, jusqu’à ce que RONA décide de devenir canadienne, ce qui a sorti Home Hardware de sa timidité envers le Québec.

Je vous présente une autre vraie combattante, Christine Hand, qui a quitté deux quincailleries qu’elle possède depuis plus de 30 ans à Terre-Neuve, another far, far away galaxy, pour être parmi nous ce soir.

Elle siège au conseil d’administration de Home Hardware depuis 18 ans et le préside depuis huit ans. Elle a piloté le choix des deux derniers PDG de la bannière. Nommée deux fois l’une des 100 femmes les plus influentes au pays, elle a quand même eu le temps d’élever cinq enfants avec son mari Tom.

Quant à Duncan Wilson, il cumule 45 ans de vie professionnelle dédiée à notre industrie, successivement chez ACE, BMR et Home Hardware.

« Dominique Bélanger, président du conseil de l’AQMAT, a remis la « Médaille du combattant » à Jean-Guy Dugas ainsi qu’à chacune des personnalités honorées au gala. »

Jean-Guy Dugas (Goineau-Bousquet)

C’est à l’année du crash économique, 1929, que Goineau et Bousquet a été fondé par Rosario et Arthur de leurs prénoms. Le magasin de Laval passe au feu lors des Jeux Olympiques, est rebâti pour devenir la plus grande surface de quincaillerie de l’époque, avec un service à l’auto complètement recouvert. Deux autres succursales allaient suivre, toutes précurseurs du concept de « One Stop Shop« .

Ceci a pour effet que la bannière est proclamée « Centre de rénovation de l’année en Amérique » en 1979 au congrès des Home Centers à Chicago.

Celui que nous voulons honorer en a été le directeur général. On lui doit une première : un centre de jardinage adjacent au magasin. Ce DG était un homme de peu de discours, mais avec des phrases punch : « Si ça s’trouve, c’est qu’on l’a! », était son slogan.

Il s’est engagé pour l’AQMAT en présidant son conseil d’administration et son salon à Place Bonaventure.

Fernand Marchand (Dismat)

L’entreprise que je vous présente a failli s’appeler Matco, ou BOMAT, ses premiers choix, qui n’étaient plus disponibles. Alors est né, par défaut, Dismat.

La marque a laissé une empreinte indélébile sur notre marché. D’abord parce que plusieurs grandes familles de quincaillerie s’y sont frottées. À preuve, le président fondateur a été Jean Riopel qui deviendra un RONA, puis un Home Hardware. Il a cédé sa place à Laurent Bouchard du célèbre duo Potvin Bouchard, devenu magasin corpo BMR. Et c’est nul autre que François Marcil qui allait négocier la fusion fatale avec RONA.

Ce qui avait mis Dismat sur la carte, c’est la création de BID, le premier groupement pancanadien, né d’alliances avec Bold Lumber en Ontario, qui deviendra Castle, et avec Irly sur la côte ouest, qui deviendront essentiellement des TimberMart.

Les premiers Monsieur Dismat s’appelaient Coderre, Rivest, Forget, Morin, Patrick de son prénom, les frères Garon à Québec, Frenette dans Portneuf, Charles Bédard à Charlesbourg, Ravary à Montréal, Ostiguy en Montérégie.

L’homme que nous honorons a été le mortier qui a su unifier tant de têtes fortes. Un soldat des tranchées, à qui plusieurs sources attribuent le fameux rabais-volume.

L’hommage à feu Fernand Marchand est passé par son fils Guy qui a lui-même travaillé 10 ans pour Dismat et continue de dédier sa vie à notre industrie.

Jack Crombie (Castle)

On peut dire que la bannière Castle est née en 1963 de la cuisse de Bold, l’ex partenaire de Dismat, bien que le logo de château qu’on connait n’arrive qu’en 1982.

C’est à cette même année où le magasin Hudson Hardware, qui existe depuis 1949 dans cette charmante municipalité à l’ouest de l’île de Montréal, choisit d’adhérer à Castle. Il demeurera l’un des très rares centres de rénovation à arborer cette bannière au Québec jusqu’aux années 2000 où d’autres, alors, lui emboitèrent le pas.

Robert Legault de Castle, sur scène, aux côtés du président du conseil d’administration de l’AQMAT, Dominique Bélanger.

Il a le mot « hardware » tatoué depuis toujours, comme l’avait son père, comme il le transmet à son fils.

Revenons à notre combattant. Il s’est aussi engagé pendant des années au conseil d’administration de sa bannière et de son association; il a d’ailleurs fait partie du comité qui m’a sélectionné comme PDG, alors je vous laisse le féliciter ou le fustiger pour son jugement!

M. Crombie n’a pas manqué de souligner que la pénétration de Castle au Québec a relevé des épaules d’un autre combattant, Robert Legault, à ses côtés sur la scène.

 

Cette soirée fera l’objet d’un photo-reportage complet dans notre prochain Magazine afin que les efforts et les percées de nos combattants d’hier puissent nous aider à devenir meilleurs!

2 comments on “Douzaine de combattants honorés au Gala : de grosses pointures à chausser

  1. Jacques Côté on

    Vous oublier un autre pilier de Dismat. Patrice Côté. de Coté et Godbout inc qui avait deux magasins Dismat dans le Bas du Fleuve Trois-Pistoles et Riviere-Du-Loup pour lui Dismat c’était une grande famille

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    • Isabellle Champagne on

      Merci de votre commentaire. Nous sommes heureux d’en apprendre sur M. Côté. Si vous lisez bien, nous n’avons honoré aucun marchand. Les neuf personnalités ont en commun d’avoir dirigé des bannières. Quant aux noms de magasins Dismat parmi les 116, ce sont les tout premiers à avoir pris le risque d’adhérer à cette époque à un nouveau groupement. Mais nous ne pouvions nommer les 116 magasins au total.

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