Résilience de nos quincailleries : la réduction des heures fait maintenant partie de l’équation

Avec la nouvelle augmentation du salaire minimum à compter du 1er mai 2023, la marge bénéficiaire des quincailleries se rapetissera encore. À cela s’ajoute la difficulté croissante de trouver des employés pour travailler à des moments comme les jeudis ou vendredis soirs, puis évidemment les week-end. Si bien que les médias s’entendent pour considérer que la réduction des heures d’ouverture dans notre secteur d’activité, sans être une panacée, représente une bonne carte à jouer pour faire face au déclin de la population active et pour lutter contre la pénurie de main-d’œuvre.

L’article de la journaliste Nathaëlle Morissette montre que le mouvement est bel et bien enclenché. À lire en cliquant ici.

Un autre reportage, celui-là diffusé sur Radio-Canada dimanche après-midi, apporte des nuances de la part de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) et du Conseil canadien du commerce de détail (CCCD). Cliquer ici pour lire l’article.

Les marchands interviewés, peu importe leur secteur, qu’il s’agisse de boutiques ou de marchés d’alimentation, se montrent tous favorables à une réduction légale des heures.

La FCEI mentionne que s’il y a réduction, ce ne peut être le dimanche pour tous les commerces de tous les secteurs. Réaction de Richard Darveau au nom de l’AQMAT : « On est d’accord avec cette nuance. Depuis un an, notre demande originale de demander la fermeture systématique les dimanches a migré vers une réduction du nombre total des heures par semaine. »

Le point de vue défendu par le CCCD repose sur le fait que le week-end est sacré à l’auge du magazinage, et que réduire l’accès aux commerces, par exemple les dimanches, vient brimer les consommateurs. Son directeur général, Michel Rochette, dit : « On va retirer aux commerçants québécois la capacité de rester compétitifs et on va envoyer la clientèle sur la vente en ligne. »

M. Darveau a réitéré son invitation faite au CCCD de co-financer une étude socio-économique indépendante sur les effets du statu quo, à savoir quels seraient les impacts sur nos commerces indépendants si la Loi sur les heures d’admission n’est pas révisée. Nous avons besoin de ces données probantes.

L’idée d’un sondage grand public est également envisagée. Ce pourrait être administré auprès des clients des quincailleries directement ou auprès du grand public via une firme de sondage. La question qui pourrait être posée est la suivante : « Seriez-vous favorable à ce que votre quincaillerie revoie son horaire pour offrir de meilleures conditions aux employés et maintenir le meilleur service client possible?

À l’émission « Au cœur du monde » de Radio-Canada en Gaspésie, l’animatrice Kim Bergeron fait intervenir Annie Boilard, présidente du Réseau Annie RH, spécialisée en développement organisationnel et en formation à qui elle pose la question suivante : « Réduire les heures d’ouverture pour permettre aux employés de respirer, de prendre un répit dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, est-ce la solution pour combler le manque de travailleurs ? »

En gros, Mme Boilard soutient l’initiative de l’AQMAT tout en rappelant qu’il faut étudier d’autres solutions, comme améliorer le régime fiscal pour rendre le travail plus attrayant pour les retraités et considérer sérieusement l’automatisation de certaines tâches.

Cliquez ici pour entendre l’entretien de 8 minutes.

Les membres de l’AQMAT pensent autrement et voient dans la réduction de quelques heures par semaine, au contraire, l’un des meilleurs moyens pour rester compétitifs.

Pour le président de l’AQMAT, Amazon et les autres « marketplace » ont gagné depuis longtemps la bataille des heures d’ouverture en étant accessibles jour et nuit, à partir de son salon ou de son téléphone. « Il nous reste une carte maîtresse, c’est l’expertise de nos employés. Amazon ne peut nous compétitionner là-dessus. Et c’est pour elle, pour cette expérience client de qualité en magasin qu’on doit se battre ».

M. Darveau ajoute que le scénario qui semble rallier le plus grand nombre de commerçants de tous les horizons est le suivant : ouvrir entre 10 h et 20 h au lieu d’entre 9 h et 21 h, du lundi au vendredi. « Ce dix heures en moins à devoir trouver du personnel et le payer enlèverait une épine du pied de la plupart des commerces qui, précise le président de l’AQMAT, demeurent bien sûr libres de fermer à d’autres heures et à d’autres jours en plus de celles-là. »

Mentionnons que la plupart des 800 quincailleries du Québec emploient environ dix employés à temps plein. Deux heures de moins d’ouverture par jour représente un gain facile de 100 000 $ qui peut être investi dans le perfectionnement du personnel restant.

Dans une autre entrevue, celle-là accordée ce matin à l’animatrice Audrey Gagnon sur les ondes de LCN/TVA, le porte-parole de l’AQMAT a réitéré la nécessité de considérer les quincaillier leurs effectifs comme étant également des citoyens qui ont besoin de trouver un équilibre entre la vie au travail, leurs loisirs et leur famille. Cliquez ici pour voir l’entrevue.

On ne peut terminer ce tour d’horizon médiatique sans dire un mot sur l’entrevue accordée à CHOI-FM, cette fameuse Radio X de Québec où les animateurs n’hésitent pas à « rentrer dans le tas ». M. Darveau n’étant pas apôtre de la chaise vide, il s’est prêté à cette discussion enflammée. Cliquez ici pour entendre l’interview.

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