Nos relations commerciales, malades ?

Les franchisés Jean Coutu contestent devant les tribunaux le montant exigé par leur bannière en redevances. Les clients de Best Buy/Future Shop portent un recours collectif pour abus en raison de la valeur non démontrée de leurs fameuses garanties prolongées. Walmart Canada interdit l’usage de Visa parce que la bannière se considère financièrement flouée par son fournisseur de cartes de crédit.

Ça, c’est loin de nous.

Plus près, comment vont les relations entre les marchands, leurs bannières et les fournisseurs de celles-ci ?

Elles ne vont pas mieux.

Acculés au pied du mur par les bas prix affichés par certains – Canac, osons le nommer -, nos magasins membres multiplient les pressions sur leurs groupements d’achats afin de pouvoir afficher des prix plus compétitifs dans leurs circulaires.

Les bannières réagissent en contraignant leurs fournisseurs à geler leurs prix tout en exigeant d’eux, sans toujours les consulter, des augmentations de royautés.

Les fournisseurs voient leurs marges de manœuvre financières réduites.

On sent une grogne, du moins une méfiance des uns s’installe face aux autres.

Vivement plus d’entrepreneuriat et de solidarité

La solution tient dans deux mots : entrepreneuriat des trois parties prenantes et solidarité entre elles.

Nos quincailleries et centres de rénovation sont derrières dans plusieurs domaines du management moderne, dont :

  • une sous-utilisation des technologies pour mieux gérer leur inventaire, réduire les pertes dues au mauvais étiquetage, au vol et à la fraude ;
  • une méconnaissance généralisée du concept global de la rémunération (laquelle transcende le simple salaire horaire qui rase le minimum) et celui de la reconnaissance (monétaire ou non) ainsi que de la formation continue et des plans de carrière pour conserver et optimaliser leurs meilleurs éléments ;
  • l’abdication de leur propre devoir de marketing, limité malheureusement à attendre des initiatives des fabricants ou de leurs bannières ;
  • et surtout, une procrastination eu égard à l’intégration de l’Internet et des communautés virtuelles aptes à attirer l’attention sur leurs commerces, voire à devenir en soit un centre de bénéfice lucratif.

Nos bannières, à géométrie variable, ont toutes connu de l’enflure, au point de se retrouver aujourd’hui avec une gestion perçue par tous les observateurs comme lourde et coûteuse. Elles pointent du doigt l’ennemi, allant parfois jusqu’à interdire à leurs fournisseurs de faire affaire avec lui, au lieu de s’inspirer d’un modèle plus « lean », plus agile, ce que commande l’économie d’aujourd’hui.

On est loin du concept originel des années ’60 ou un groupement d’achats n’existait que pour… grouper les achats !

La sophistication de leurs prestations était sans doute nécessaire. Pour se démarquer. Pour être de son temps. Pour générer de nouvelles sources de revenus. Pour satisfaire leurs propres actionnaires. On est cependant en droit de se demander si leur croissance sert l’ensemble de la chaîne de valeurs…

Les fabricants et les fournisseurs se disent victimes. Sans être faux, le constat mérite d’être enrichi d’autres faits. Comme celui de pêcher par paresse : vendre à une bannière ne devrait pas supposer que toute relation directe avec les marchands et même avec les utilisateurs (consommateurs et professionnels) doit être ralentie.

Plus que jamais, le moment vient de prendre conscience que marchands, bannières et fournisseurs sont dans le même bateau. Ce sont des partenaires. Dénoncer le tort ou se plaindre des manquements chez les autres représente la défense facile. Il y a deux chemins à emprunter, certes plus ardus, mais plus rentables.

L’un consiste à assumer sa part dans le malheur actuel et dans sa solution. Winston Churchill aurait dit ceci : « La responsabilité est le prix à payer du succès ».

L’autre s’inspire de dispositions plus empathiques dans une perspective d’intérêts communs, notion résumée dans un mot rencontré rarement au sien du patronat : la solidarité.

Tous, marchands, bannières et fournisseurs, on les aime. On VOUS aime. Tous et également. Un peu comme on aime ses enfants.

À l’image de la fonction du mortier entre deux briques en vue d’ériger un mur plus solide, l’AQMAT considère avoir le mandat implicite de vous rendre à la fois meilleurs entrepreneurs et entreprises plus unies.

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