« En pandémie, l’application arbitraire de règles changeantes en fait voir de toutes les couleurs à nos quincailleries » – Richard Darveau, porte-parole de l’AQMAT

On croyait le seau plein de mécontentements et de frustrations de la part des quincailleries devant la valse des décisions COVID-19 que prennent les différents niveaux de gouvernement, mais maintenant, il déborde.

Au premier chef des plaintes des dirigeants de quincaillerie, on retrouve l’interprétation à géométrie variable des inspecteurs en santé publique des règles d’hygiène, de protection personnelle et de distanciation sociale à observer.

« Ce qui est écrit avec ce qu’interprète l’inspecteur qui visite le commerce, ça peut être bien différent. Il faut donc constamment s’ajuster à la lecture des normes que fait chaque fonctionnaire », nous confie un quincaillier qui demande l’anonymat pour éviter toutes représailles.

Il poursuit son histoire : « Dans la même zone de couleur, deux de nos succursales sont visitées la même semaine où notre entreprise applique les règles sanitaires de manière uniforme. Dans un rapport, une inspectrice oblige le retrait des deux caissières parce qu’elles ne portaient aucun masque derrière le plexiglas et sont forcées à aller en quarantaine pendant 14 jours. Dans l’autre, on nous écrit qu’on est « à la coche » puisqu’il y a un plexi ! »

Autre centre de rénovation, autre histoire d’horreur :

« Chez nous, on n’a jamais relâché la gestion du trafic : responsable à temps plein à la porte, paniers obligatoires, station de lavage de main, flèches directionnelles, on est placardé de plexi. Sauf qu’un client vient de porter plainte parce qu’un de nos 100 employés de la cour à bois ne portait pas un masque en permanence. Par conséquent, cet inspecteur de la CNESST exige que tous nos employés portent désormais en permanence un masque jetable à 3 plis et une visière, sauf derrière un plexiglas. On parle ici de 3 500 $ de masque par semaine. Et son ultimatum n’est que de 48 heures : il revient vérifier dans deux jours. »

D’où une question légitime que l’AQMAT posera à la CNESST : est-il raisonnable qu’une cour à bois extérieure, avec une toiture, mais complètement aérée, soit gérée comme l’intérieur d’un magasin ?

Autre marchand :

« J’en aurais long à vous dire sur mes états d’âme. On ne sait plus sur quel pied danser. On reçoit toute sorte de documents où plusieurs se contredisent. On souhaiterait qu’ils focalisent leur attention sur les commerces qui ne contrôlent même pas le trafic, mettant à risque la santé des employés. »

Autre marchand :

« Un avis reçu de la direction de la santé publique régionale nous demande l’isolement pendant 14 jours de trois de nos employés pour motif qu’ils portaient un couvre-visage et non un masque de procédure. Nous sommes à nous questionner si on doit remplacer tous nos masques réutilisables par des masques de procédures à tous nos employés. Il serait bien d’avoir un message clair et uniforme pour tous les détaillants. »

Autre marchand :

« Chez nous, tannés des visites d’inspecteurs avec des requêtes qui changent, nous avions décidé d’imposer aux employés le port du masque en permanence quand ils sont sur le plancher de vente. Sauf qu’on fait face maintenant à des démissions ou à des absences prolongées pour cause avérée ou prétendue de maladie. Face à cette dégradation de l’ambiance de travail, on va sans doute revenir sur notre décision… »

Autre marchand :

« Nous venons de recevoir un rapport de la santé publique. Si l’employé passe plus de 15 minutes, pas nécessairement consécutives, à moins de 2 mètres, il doit porter un masque de procédure et une visière ou une lunette. Lors d’une inspection sans rapport dix jours avant, on nous avait clairement indiqué que c’était si le fameux 15 minutes était d’un seul bloc. On ne sait plus quoi penser… »

Les heures prolongées des Fêtes et le confinement forcé avant le party

La décision récente du gouvernement du Québec de conditionner toute réunion de famille entre le 24 et le 27 décembre à un confinement d’une semaine n’est pas non plus accueillie avec joie par les marchands et leurs effectifs.

Prise au pied de la lettre, la mesure annoncée reviendrait à priver la plupart des employés et dirigeants des quincailleries de recevoir ou d’être reçus à Noël, et sans possibilité de se reprendre au Jour de l’an.

La permission d’ouvrir plus d’heures d’ici les Fêtes est aussi accueillir comme une mauvaise nouvelle par les membres de l’AQMAT.

« Puisque des mesures strictes existent quant au nombre de personnes à la fois en magasin, l’augmentation des heures n’aide pas à contrôler la pandémie, elle ne fait qu’augmenter la fatigue des employés, affecter leur horaire de vie personnelle et coûter plus cher en exploitation aux magasins », est d’avis Richard Darveau, président et chef de la direction de l’AQMAT.

Des mécontentements en région aussi

Un exemple très local de frictions a lieu dans le Bas-Saint-Laurent. La direction du Home Hardware J.A. St-Pierre & Fils à Témiscouata-sur-le-Lac a publié son désaccord avec la position de la MRC de Témiscouata. Sa préfète invoque la solidarité alors que localement, le Témiscouata n’est pas en zone rouge.

Sur Facebook et dans les médias locaux, Christian St-Pierre affirme que la région et ses gens qui l’habitent ont fait d’énormes sacrifices, afin de rester en position de sécurité et garder leurs commerces ouverts selon les normes établies. Il invite aussi tous les propriétaires d’établissements à dire haut et fort que c’est une position qui n’a aucun sens.

La Chambre de commerce du Témiscouata y a d’ailleurs fait écho. Si le cas advenait, que la région doit passer au rouge, sa directrice générale se dit prête à faire tout ce qui est humainement possible pour aider s’il y a quelque chose à faire pour faire changer la situation.

M. St-Pierre soutient qu’il y a une valeur et un coût monétaire et humain à demeurer ouvert, c’est perçu comme un privilège qu’on ne doit pas perdre pour une ‘’supposée solidarité entre MRC ».

Le jeu incessant de changements fait dire à Richard Darveau de l’AQMAT que « cette pandémie, avec l’application arbitraire de règles changeantes, en fait voir de toutes les couleurs à nos quincailleries »

« Les privilèges que l’on a pu garder, c’est parce qu’on a pris nos responsabilités ! », exprime publiquement Christian St-Pierre, propriétaire du Home Hardware à Témiscouata-sur-le-Lac, un magasin en zone orange. (Crédit photo : François Drouin, infodimanche.com)

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