Deux fabricants de plancher prennent au sérieux le virage 4.0 obligé

Malgré les milliards de dollars que le gouvernement du Québec a injectés au cours des dix dernières années pour accélérer la transition numérique, les manufacturiers québécois n’ont toujours pas pris le virage 4.0. Un constat d’autant préoccupant dans un contexte où nos usines souffrent déjà d’un sérieux problème de productivité et sont affectées par la pénurie de main-d’œuvre. Deux entreprises de notre secteur d’activité donnent la direction à suivre : Les Bois de plancher PG et Bois BSL.

2,9 M$ pour le virage de l’entreprise Les Bois de plancher PG

Le Gouvernement du Québec accorde une contribution financière totalisant plus de 2,9 M$ à l’entreprise Les Bois de plancher PG afin de lui permettre de poursuivre les améliorations de ses processus s’inscrivant au cœur de son grand virage 4.0.

Spécialisé dans la fabrication de planchers de bois franc, ce fleuron de la MRC de Lotbinière s’active à faire évoluer ses procédés afin d’améliorer toutes les facettes de sa production. Cela se traduit par des gains en rendement-matière, par l’automatisation de certaines tâches ainsi que par une meilleure gestion de ses inventaires et de sa production.

L’initiative financée rendra possible la consolidation de près de 180 emplois, en plus de résoudre un problème de recrutement de main-d’œuvre pour le poste de classeur de grade et de qualité. Le projet consiste notamment à installer de l’équipement permettant d’automatiser le poste de classeur de grade et de modifier une extrudeuse pour en permettre son automatisation.

La contribution financière à ce grand projet évalué à plus de 4 M$ est répartie de la façon suivante :

  • le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs accorde une somme de 1 846 318 $ par l’entremise de son Programme Innovation Bois;
  • Investissement Québec consent un prêt à terme de 1 147 500 $;
  • la Banque de développement du Canada (BDC) alloue également un prêt à terme de 1 147 500 $.

« Avec plus de 160 projets acceptés à ce jour, lesquels ont généré des investissements totaux de plus de 746 M$, le Programme Innovation Bois nous permet d’accompagner des entrepreneurs et de favoriser la naissance d’initiatives novatrices qui contribuent à la vitalité économique de l’ensemble du Québec. La modernisation et l’optimisation des procédés de fabrication sont au nombre des défis que doivent relever les entreprises québécoises et c’est avec beaucoup de fierté que notre gouvernement s’inscrit à titre de partenaire de ces réalisations. » – Pierre Dufour, ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs et ministre responsable de la région de l’Abitibi-Témiscamingue et de la région du Nord-du-Québec

« L’automatisation et la robotisation de nos procédés de fabrication nous permettront d’augmenter la productivité de nos usines. Ce soutien du gouvernement du Québec et de la Banque de développement du Canada nous permet de poursuivre notre croissance, de continuer notre virage 4.0 et d’offrir à des employés d’accéder à des emplois plus stimulants. L’innovation fait partie de notre culture d’entreprise afin de nous rendre plus performants et efficaces. » – Anne-Marie Faucher, présidente-directrice générale de Les Bois de plancher PG

L’initiative financée rendra possible la consolidation de près de 180 emplois, en plus de résoudre un problème de recrutement de main-d’œuvre pour le poste de classeur de grade et de qualité. Le projet consiste notamment à installer de l’équipement permettant d’automatiser le poste de classeur de grade et de modifier une extrudeuse pour en permettre son automatisation.

Depuis 2005, la majeure partie des produits de l’entreprise est certifiée FSC (Forest Stewardship Council), une certification qui assure que la production de bois, ou d’un produit à base de bois, respecte les procédures garantissant la gestion durable des forêts.

Diversification et modernisation pour l’entreprise Bois BSL du Bas-Saint-Laurent

L’entreprise de fabrication de plancher de bois franc de Mont-Joli, Bois BSL, pourra investir dans la diversification de ses produits grâce à une aide financière des gouvernements du Canada et de Québec totalisant un montant de 1,9 million de dollars. Cette somme permettra l’acquisition et l’installation d’une nouvelle chaîne de fabrication de planchers d’ingénierie à la fine pointe de la technologie. Le projet, évalué à près de 3 millions de dollars, mènera également à la création de neuf emplois.

Le projet de Bois BSL, visant l’implantation d’une nouvelle technologie, lui permettra d’élargir sa gamme de produits et d’accroître ses ventes aux États-Unis, un marché en forte croissance. Il rejoint la volonté du gouvernement du Canada de soutenir les entreprises à potentiel de croissance qui exportent et qui stimulent l’économie.

Créée en 1995, Bois BSL est une entreprise manufacturière qui se spécialise dans la fabrication de planchers de bois et de bûches énergétiques à partir d’essences de bois franc et est maintenant reconnue comme un moteur économique important pour la région du Bas-Saint-Laurent, s’étant taillé une place importante sur les marchés canadien et américain.

L’entreprise a fait l’objet d’une relève entrepreneuriale particulièrement réussie en 2018 lors du rachat de la compagnie par la société commerciale d’investissement BDG et à la suite de la sortie d’une collection de planchers à succès.

Alors que plus du tiers de ses exportations est destinée aux États-Unis dans un secteur d’activité des plus concurrentiels et que la demande de sa clientèle est en constante croissance, l’entreprise souhaite acquérir des équipements de production automatisés à commande numérique.

L’aide gouvernementale se répartit comme suit : Développement économique Canada pour les régions du Québec (DEC) accorde une contribution remboursable de 500 000 $ en vertu du programme Croissance économique régionale par l’innovation; Investissement Québec consent deux prêts totalisant 1,4 million de dollars et issus en parts égales de ses fonds propres et du programme ESSOR.

Industrie 4.0 – Un passage obligé pour accroître la compétitivité des entreprises

Cerner rapidement les meilleures pratiques des manufacturières qui se sont déjà engagées dans ce processus de transformation afin de mieux comprendre les avantages et autres impacts qui découlent de ces investissements et d’identifier les défis auxquels elles sont confrontées, voilà le but ultime de la démarche de Jacques Roy, professeur titulaire à HEC Montréal et auteur d’une étude publiée aujourd’hui par le Centre sur la productivité et la prospérité – Fondation Walter J. Somers (CPP).

Menée auprès d’une dizaine de manufacturières de toutes tailles, cette étude présente des cas concrets d’entreprises qui ont adopté (ou sont en voie d’adopter) des technologies propres à l’industrie 4.0 comme la robotique, l’automatisation, l’intelligence artificielle, la fabrication 3D, les données massives et la connectivité des objets.

Ces manufacturières, qui opèrent dans des secteurs très variés allant de la haute technologie destinée à l’aérospatiale à des secteurs plus traditionnels comme ceux de l’alimentation et du vêtement rencontrent, en règle générale, beaucoup de succès. Elles ont toutes une vision stratégique qui repose sur l’innovation, une vision largement adoptée et soutenue par l’équipe de direction. Si les ressources financières sont parfois un frein à la réalisation de projets, ce n’est pas le principal obstacle observé. En effet, une bonne gestion et priorisation des projets est considérée comme un des principaux facteurs de succès.

Six conseils pour réussir son virage 4.0

  1. Comme dans tout projet de transformation, l’équipe de direction doit développer la vision, exercer son leadership pour initier le changement et réaliser le virage 4.0.
  2. L’élaboration d’un plan stratégique numérique est primordial pour guider la réalisation des projets d’implantation de nouvelles technologies et établir les priorités.
  3. Il n’est pas toujours nécessaire, ni même souhaitable, de réaliser des analyses de rentabilité (ROI) très poussées. À terme, les bénéfices dépasseront largement les montants investis. C’est une question de compétitivité et même de survie.
  4. Tout doit être connecté et intégré : les machines, les employés, les matières premières, les produits finis et ce, tout au long de la chaîne logistique, qu’elle soit locale ou mondiale.
  5. Il faut apprendre à gérer et à analyser toutes ces données en temps réel afin d’optimiser la performance opérationnelle de l’entreprise.
  6. Avant d’automatiser ou de robotiser un procédé manufacturier, il faut impérativement s’assurer qu’il soit sous contrôle et même optimisé. Il en va de même pour les tâches administratives.

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1 Étude du CPP – Manufacturier 4.0 : dynamiser l’activité manufacturière au Québec – Septembre 2019

« Comme l’objectif global est d’améliorer la productivité des entreprises et, conséquemment, la compétitivité de notre secteur industriel, les gouvernements auront donc tout intérêt à accompagner les manufacturières dans leur quête de l’industrie 4.0. En effet, les investissements requis sont importants et les retombées peuvent prendre plusieurs années avant de se traduire en bénéfices concrets. Ce constat est d’autant plus d’actualité au moment où il faut relancer l’économie en cette période de COVID-19 », conclut Jacques Roy.

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