Le déménagement forcé de l’usine Anacolor de Cap-Rouge sous tension extrême

Bien que les nouvelles installations d’Anacolor à Saint-Lambert-de-Lauzon prennent forme, un nouveau litige pourrait empêcher l’emménagement prévu au plus tard le 30 septembre.

Malgré une entente entre avocats ayant l’effet semblable à un réel contrat, la direction de l’usine de peinture Anacolor située à Cap-Rouge près de Québec menace de ne pas déménager. Les citoyens qui se plaignent d’odeurs et espèrent un dédommagement sont prisonniers d’une lutte financière.

Les médias ont rapporté il y a quelques jours la fin du litige qui oppose Anacolor aux citoyens de Cap-Rouge. L’usine de peinture avait en effet signé une entente prévoyant le versement d’une indemnisation de 150 000 $ et confirmant la fin de ses activités dans le quartier d’ici le 30 septembre.

Mentionnons que Anacolor oeuvre dans le traitement et le recouvrement de surfaces haut de gamme des produits métalliques d’architecture, en particulier pour les grands projets. Parmi leurs réalisations : le Casino de Montréal, les édifices Delta à Québec, le Complexe Jules-Dallaire (Cominar) à Québec, la Banque Nationale à Victoriaville.

Il y a eu un gros travail de citoyens derrière tout ça, a témoigné Catherine Arrouart au média, la requérante dans l’action collective entamée contre Anacolor. Mme Arrouart s’était portée volontaire pour défendre les citoyens de Cap-Rouge qui se plaignaient de fortes odeurs de peinture dans le quartier depuis plusieurs années.

Le montant du dédommagement est beaucoup moins élevé de ce qui était réclamé par les citoyens dans l’action collective. Dans celle-ci, les demandeurs réclamaient une compensation pouvant atteindre 17 000 $ par citoyen incommodé, selon la zone où il réside. La surface couverte dans ce litige avait un rayon d’un kilomètre autour des installations d’Anacolor.

« C’est n’est pas un montant qui est énorme, si on considère tout ce qui a été vécu par les citoyens ces dernières années », explique la requérante.

Il est prévu que la Ville de Québec rachète le terrain de Cap-Rouge où se trouve actuellement l’usine pour donner au site une vocation autre qu’industrielle. Rappelons que l’entreprise a bénéficié d’un prêt de 9 millions de dollars du gouvernement du Québec en juin 2018 qui prévoyait le déménagement de l’usine d’ici le 1er octobre 2019.

Les citoyens ont décidé de verser la somme perçue à la Ville de Québec pour bonifier le projet de réfection du parc Provancher, situé à proximité de l’usine. La balance de l’indemnisation servira à payer les frais d’avocats des citoyens.

« C’est une très belle action des citoyens qui ont accepté de ne pas demander une compensation individuelle et de dire qu’il y avait plus de tort qui avait été fait à la communauté qu’à chaque individu », affirme l’avocate des citoyens, Me Anne-Julie Asselin.

L’entente doit être approuvée par la Cour supérieure le 21 octobre prochain.

Du sable dans l’engrenage

Selon Radio-Canada, le président de l’entreprise fait valoir des démêlés avec la Ville de Québec pour l’achat du terrain. Éric Nadeau affirme que la Ville ne veut pas respecter son engagement en raison de la présence d’une servitude de Vidéotron.

Voici l’histoire narrée par le journaliste Marc-Antoine Lavoie :

En juin 2018, la Ville s’est engagée à acheter le terrain pour la somme de 2,1 millions de dollars. M. Nadeau affirme que la servitude a toujours été claire dans les documents, mais que la Ville aurait soulevé le problème qu’il y a trois ou quatre mois.

Éric Nadeau explique ne pas avoir les liquidités nécessaires pour déménager ses opérations dans les nouvelles installations de Saint-Lambert-de-Lauzon sans l’argent du terrain.

« Ces deux millions-là, on en a besoin pour payer beaucoup de factures. Le projet à Saint-Lambert a dépassé un peu les budgets qu’on pensait. Ça vient compromettre les ententes », affirme Éric Nadeau, président d’Anacolor.

Il affirme qu’il demandera à la juge de la Cour supérieure qui doit entériner l’entente avec les citoyens de l’annuler si la transaction n’est pas conclue d’ici là.

Servitude non déclarée

La Ville de Québec reconnaît que la servitude pose problème et que les coûts de son déménagement seraient importants. Le prix du terrain pourrait donc être renégocié.

« La Ville de Québec est toujours en négociation avec le propriétaire en raison de la présence d’une servitude non déclarée à l’origine qui limite de façon importante le redéveloppement de l’immeuble », s’est limité à dire le porte-parole de la Ville, David O’Brien.

Selon Éric Nadeau, Vidéotron demanderait 250 000 $ pour déplacer la servitude.

Entente non conditionnelle

L’avocate des citoyens doute qu’Anacolor puisse faire annuler l’entente qui dédommage ses clients. Me Anne-Julie Asselin affirme qu’elle n’est pas conditionnelle et qu’elle a été signée en toute connaissance de cause le 9 août dernier alors que la servitude compromettait déjà l’achat du terrain.

Éric Nadeau dit avoir ratifié l’accord avec les citoyens parce qu’il garde toujours espoir de trouver un accord avec la Ville.

« J’ai signé l’entente avec les citoyens, parce que je crois qu’il y a moyen encore avec la Ville de trouver une solution pour qu’on soit parti de Cap-Rouge. Je veux absolument qu’il y ait une entente pour régler ce dossier une fois pour toutes », affirme-t-il.

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