Acquérir ou fusionner ne semble plus une option pour nos commerces ni nos usines

Une étude récente de la Banque de développement du Canada (BDC) montre que les entrepreneurs qui procèdent à des acquisitions sont deux fois plus susceptibles de connaître une croissance supérieure à la moyenne qui prévaut dans leur secteur d’activité. Raison pour laquelle l’AQMAT organise un webinaire à ce sujet et prépare un nouveau service d’accompagnement pour les membres à partir de 2022.

«Il n’y a pas une semaine où un marchand ou parfois un manufacturier nous appelle pour demander d’être guidé ou accompagné devant ces phénomènes appelés mondialisation et consolidation où nos membres sentent qu’ils ne peuvent plus se contenter de regarder la parade», indique Audrey Dagenais, directrice des partenariats à l’AQMAT.

L’AQMAT annonce la création d’un département dédié aux partenariats d’affaires et Audrey Dagenais, à l’emploi de l’association depuis six ans, en devient sa première directrice.

Or, dans l’étude intitulée « L’acquisition d’entreprise : une stratégie porteuse de croissance » qui vient d’être publiée, on constate d’abord que le marché des fusions et acquisitions (F&A) au sein des petites et moyennes entreprises (PME) a bondi au Canada aussitôt que les mesures de confinement ont été levées.

Selon la BDC, les perspectives en matière de F&A sont très positives dans les cinq prochaines années: 9 % des PME, soit près de 120 000 entreprises au Canada, se retrouveront sur le marché pour être vendues à l’extérieur de la famille ou de l’équipe de direction.

« La croissance par acquisition comporte plusieurs avantages, dont l’ajout de nouvelles ressources pour pallier une pénurie de main-d’œuvre et l’accès à davantage de technologies, permettant d’en faire plus avec moins », indique Pierre Cléroux, vice-président et économiste en chef de la BDC.

La pénurie persistante de main-d’œuvre pourrait inciter de plus en plus d’entrepreneurs à faire des acquisitions dans le but d’attirer de nouveaux talents. Selon M. Cléroux, quelque 13 % des entrepreneurs sondés expriment leur intention de faire croître leur entreprise par la voie d’une acquisition.

Démographie et capitaux abondants 

La démographie vieillissante des propriétaires d’entreprises et l’impact de la pandémie stimulent cette croissance du marché des F&A.

12 % des entrepreneurs sont âgés de plus de 65 ans

Entre 2016 et 2020, le nombre de PME canadiennes qui ont acheté des entreprises à l’étranger était presque le double du nombre d’entreprises étrangères ayant acheté des PME au Canada.

Parmi les facteurs qui dynamisent ce marché, l’étude mentionne l’abondance des capitaux en provenance des fonds d’investissement privés et publics. De plus, la faiblesse des taux d’intérêt et les conditions de crédit généralement accommodantes devraient perdurer. Il y a un nombre élevé d’acheteurs pour chaque vendeur. Le Canada est toujours considéré comme un pays sûr pour les investisseurs. Enfin, la réouverture des frontières devrait stimuler la demande de capitaux, souligne-t-on dans l’étude de la BDC.

En moyenne, les entreprises se vendent encore autour de 10 fois les bénéfices avant intérêts, impôts et dotations aux amortissements (BAIIDA).

L’étude montre cependant que trouver le financement externe devient plus difficile pour les PME dont le chiffre d’affaires est inférieur à 2 M$.

La technologie 

Soulignons par ailleurs que les entrepreneurs qui ont accru leur offre en ligne ont réussi à surmonter le confinement du printemps 2020.

Pour les entreprises qui réalisaient déjà 50 % ou plus de leur chiffre d’affaires en ligne lors de la première vague de la pandémie de COVID-19, 25 % ont vu leurs ventes rester stables tandis que 14 % ont noté une hausse de leurs revenus.

Dans le cas des entreprises qui ne réalisaient pas la moitié de leur chiffre d’affaires lors de la première vague au printemps 2020, seulement 9 % d’entre elles ont maintenu leurs revenus et 8 % ont connu une hausse de leurs revenus, comparativement à 39 % pour le groupe précédemment mentionné.

Pénurie de main-d’œuvre 

La fusion de deux entreprises peut être un bon moyen de surmonter la pénurie de main-d’œuvre, estime la BDC.

Par exemple, en août 2021, les équipementiers Mecfor, de Saguenay,et Advanced Dynamics, de Saint-Bruno-de-Montarville, ont fusionné pour créer l’entreprise EPIQ Machinerie. Celle-ci compte 225 employés au Québec, 250 en Inde et 5 en France. Elle se spécialise dans la fabrication d’équipements destinés à la production d’aluminium primaire, des pâtes et papiers et au transport ferroviaire.

Selon Éloïse Harvey, chef de la direction d’EPIQ, la fusion n’a pas été faite sur un coup de tête. Elle avait racheté Mecfor en 2018, l’entreprise de Saguenay que détenait son père. Une plus grande entreprise peut, par exemple, se permettre d’embaucher différents professionnels de soutien.

« On évite ainsi qu’une personne ait cinq chapeaux différents et saupoudre son énergie. Lorsqu’un expert qui se lève le matin et qui se couche le soir en pensant à son expertise, c’est là qu’on voit une différence, que l’entreprise devient meilleure », explique Mme Harvey.

C’est Advanced Dynamics qui avait créé un centre de fabrication à Pune (Inde). « Nous pourrons continuer à croître même si c’est très difficile de recruter au Québec en raison du manque de candidats. En Inde, la situation est complètement différente », ajoute Mme Harvey.

Les revenus d’EPIQ, qui devraient atteindre 55 M$ en 2021, passeront à 70 M$ en 2022 et 100 M$ grâce à la croissance organique et aux acquisitions.

Des conseils 

L’étude suggère quelques conseils aux entrepreneurs qui cherchent à vendre ou à acheter une entreprise. « Pour rester mobilisés, les employés de l’acheteur et du vendeur doivent comprendre où l’entreprise s’en va. Et ces doivent venir de la bouche du président », indique Étienne Drouin, directeur général, capital de croissance et transfert d’entreprise pour les régions de l’Atlantique, du centre et de l’est du Québec à la BDC.

On énumère quatre conditions gagnantes pour les entrepreneurs qui veulent réussir leur acquisition :

  • prévoir l’acquisition dans le plan stratégique de l’entreprise;
  • se consacrer à l’acquisition, car cela prendra du temps;
  • mettre en œuvre le plan d’intégration dès le premier jour;
  • prévoir de mauvaises surprises.

Méthodologie 

Aux fins de l’étude, 1 563 entrepreneurs canadiens ont été sondés en ligne en mai et juin 2021. Les auteurs ont aussi mené des entretiens avec des experts de même que des entrevues approfondies et confidentielles avec six entrepreneurs, dont certains clients de la BDC dans le secteur manufacturier, le commerce de détail et les services et qui ont fait une ou plusieurs acquisitions en Ontario, au Québec, en Alberta ou en Colombie-Britannique.

 

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