Un printemps sous pression des attentes

Pendant qu’hélas, on parle de barrages, de semaine de relâche emprisonnée, de retard dans l’œuvre de vaccination et de détresse humaine, il est presque gênant d’avouer à la face du monde que nous, dans la quincaillerie et les matériaux, on s’inquiète de ne pas pouvoir réaliser des ventes à notre portée.

Parce que les entrepreneurs en construction ont des contrats qui leur sortent par les oreilles, mais craignent de manquer de matériaux ou éprouvent déjà des retards d’approvisionnement. (Réf.: notre sondage auprès de 750 entrepreneurs)

Parce que deux propriétaires résidentiels sur trois envisagent de procéder à des travaux ce printemps. (Réf.: notre sondage auprès de 1000 consommateurs)

Membres de l’AQMAT, prière de parcourir ATTENTIVEMENT chacun de ces sondages. Leur contenu vous guidera à saisir les intentions des consommateurs et des entrepreneurs en termes de matériaux et de travaux à venir.

Le prix des planchers a beau être au plafond, l’État va soutenir les projets institutionnels pour mettre l’épaule à la roue économique, les « contracteurs » et tous les métiers de construction qui en dépendent (couvreurs, maçons, peintres, plombiers, électriciens, etc.) n’auront pas le choix de négocier les hausses de prix avec leurs clients ou avec les clients de leurs clients parce que les « jobs » vont quand même devoir être livrées et les citoyens ne vont pas choisir l’oisiveté dans leur maison parce que le bois ou l’acier leur coûte plus cher.

Le printemps qui se pointe – mais pas aujourd’hui encore, il fait – 300 dehors! – sera une grande source d’anxiété pour les propriétaires de centres de rénovation et leurs employés.

L’AQMAT doit être solidaire de ce drame en douce, loin des projecteurs, donc des travailleurs de la santé. Celui qui se vit au quotidien sur le plancher des quincailleries. Où les employés en contact direct avec les clients, consommateurs comme professionnels, subiront plus que jamais les doléances, les frustrations, les déceptions, les incompréhensions.

« Vous êtes ben pas bons de n’avoir pu commander suffisamment de stock! »

« Hey, vous en faites de l’argent cette année avec des prix aussi élevés! »

Comme me le confiait hier Michel St-Jean, directeur général de Patrick Morin et Daniel Rioux, directeur pour le Québec chez TIMBER MART: « On n’a jamais autant travaillé. On doit chercher des Plans B pour varier nos fournisseurs ».

Ce que les gens ignorent, c’est que le prix du fret (transport d’une marchandise par la mer ou en avion) a quadruplé, que les augmentations depuis les Fêtes sont continuelles, tant dans le bois que dans l’acier, que les arrivages de produits comme la laine minérale sont sur des cycles de quatre à six mois, que la pandémie vient ralentir les importations asiatiques, et je pourrais poursuivre cette liste d’irritants jusqu’à ce soir.

L’information devient stratégique. Il faut former nos équipes pour que le courant passe avec les clients.

À notre niveau, par le truchement des médias, on doit continuer d’envoyer le message que nos membres sont ouverts pour les affaires, si vous me permettez cette traduction directe de l’anglais, et que la direction et les employés de tous les centres de rénovation et de toutes les usines qui les alimentent sont autant au front depuis un an de crise sanitaire que ne le sont les travailleurs de la santé. Bref, on fait des pieds et des mains pour satisfaire les propriétaires résidentiels et les entreprises de construction, mais on compte sur leur indulgence.

La problématique de la rareté des matériaux et de leur prix, nous n’en sommes pas responsables.

Les affaires sont bonnes en volume, mais les marges sont minces parce que tout coûte plus cher à tout le monde.

Et la main-d’œuvre est fatiguée, loin du surnombre. Du coup, il faut en prendre soin.

Nous suggérons encore d’ouvrir le plus petit nombre d’heures qu’il vous apparaît possible, de s’entendre sur les horaires avec les concurrents de votre région et de prendre beaucoup de temps avec vos effectifs pour leur expliquer la crise nord-américaine que nous traversons et pour leur offrir le maximum d’empathie.

Voici ce que les médias ont rapporté hier.

Hausses de prix et ennuis d’approvisionnement en vue

À l’approche d’une autre saison qui promet de nombreuses rénovations résidentielles au Québec, un sondage effectué le mois dernier auprès d’entrepreneurs laisse prévoir d’autres problèmes d’approvisionnement de matériaux qui risquent de provoquer pour les consommateurs d’importantes hausses de prix.

Le sondage téléphonique Léger réalisé auprès de 750 entrepreneurs et dirigeants d’entreprises en construction et en rénovation révèle que depuis mars 2020, un peu plus de quatre entrepreneurs sur cinq ont fait face à des problèmes tels que des délais de livraison, des délais de transport sur les chantiers, des ruptures de stock chez le fournisseur ou un faible niveau d’inventaire local.

Les matériaux les plus touchés par les problèmes d’approvisionnement sont, dans l’ordre, les portes et les fenêtres, le bois d’œuvre, le contreplaqué, les fermes de toit, les poutrelles, les produits d’ingénierie en bois et les articles de plomberie.

Les répondants prévoient aussi des ennuis d’approvisionnement pour l’aluminium, le béton, l’acier, les panneaux de gypse et les bardeaux d’asphalte. Cette rareté des matériaux se traduit par des hausses de prix parfois considérables.

Pour 42 % des entrepreneurs, l’augmentation globale des coûts en matériaux est supérieure à 20 %, alors que pour 22 % d’entre eux, la hausse estimée est de l’ordre de 10 % à 20 %.

Un autre sondage Léger mené en décembre dernier auprès de 1000 répondants cette fois a indiqué que depuis mars dernier, 65 % des propriétaires ont fait des travaux de rénovation à leur domicile, en particulier des travaux relatifs au patio, à la terrasse ou au balcon et à l’aménagement paysager, mais aussi des travaux de plomberie, d’électricité, de recouvrement de toiture et d’isolation.

Ce sondage conclut aussi que deux propriétaires sur trois envisagent de faire des travaux de rénovation à leur domicile d’ici septembre prochain. D’ailleurs, 51 % des entrepreneurs prévoient qu’ils seront, d’ici là, aussi occupés qu’ils l’ont été jusqu’ici depuis le début de la pandémie ; 29 % s’attendent à l’être encore plus.

MIEUX PRÉPARÉS

Toutefois, le président et chef de la direction de l’Association québécoise de la quincaillerie et des matériaux de construction (AQMAT), Richard Darveau, affirme que, cette année, les quincailleries et les centres de rénovation auront plus d’inventaire, de main-d’œuvre et d’expérience avec les règles sanitaires que l’an dernier pour faire face aux difficultés.

Jean-François Samray, du Conseil de l’industrie forestière du Québec (CIFQ), estime que les résultats de ces sondages et la hausse envisagée de la demande pour le bois d’œuvre démontrent l’urgence pour le gouvernement québécois d’achever la révision du régime forestier afin de répondre aux besoins prévisibles des entrepreneurs et des consommateurs.

Les regroupements professionnels qui ont commandé les deux sondages encouragent aussi les consommateurs, les entrepreneurs et les donneurs d’ouvrage à faire preuve de transparence et de clarté sur les soumissions, notamment les délais, et à prévoir des clauses d’ajustement de prix.

Les sondages ont été commandés par l’Association de la construction du Québec, l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec, l’AQMAT, le CIFQ et la Corporation des entrepreneurs généraux du Québec.

L’engouement pour la rénovation va se maintenir en 2021

La pandémie s’est traduite par une hausse marquée des travaux de rénovation, ce qui a contribué à faire exploser les prix et entraîné une rareté des matériaux de construction.

Cette situation devrait se poursuivre cette année alors que les deux tiers des propriétaires québécois envisagent de réaliser des améliorations dans leur demeure, révèle une enquête web faite en décembre à la demande de plusieurs associations de l’industrie de la construction et de la rénovation.

Selon les résultats dévoilés jeudi, les propriétaires qui entendent faire des travaux d’ici septembre prochain vont investir en moyenne 11 300 $, ce qui est bien plus que les 8700 $ dépensés en moyenne de mars à décembre 2020.

Trois propriétaires sur cinq envisageraient de confier en tout ou en partie les travaux à des professionnels de la construction et de la rénovation, mais les dépenses pourraient grimper en moyenne à 14 000 $ pour ceux qui s’en remettent entièrement aux travailleurs de l’industrie.

Les travaux de peinture (38 %), d’aménagement paysager (22 5), d’amélioration des espaces extérieurs comme le patio (21 %), le changement des portes et fenêtres (19 %) et de structure de la cuisine (11 %) ont été les plus populaires.

« Loin de s’estomper, la demande pour des matériaux de construction ainsi que pour les services d’entrepreneurs en construction risque d’être encore plus vigoureuse au cours des prochains mois, alors que les carnets de commandes des entrepreneurs sont déjà bien remplis », a dit François Bernier, vice-président principal Affaires publiques de l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ), par communiqué.

« Une différence de taille, toutefois, entre ce printemps et celui de 2020, c’est la préparation des quincailleries et centres de rénovation qui savent que les consommateurs et leurs entrepreneurs voudront faire des travaux », a indiqué pour sa part Richard Darveau, président et chef de la direction de l’Association québécoise de la quincaillerie et des matériaux de construction (AQMAT).

Si 58 % des propriétaires évoquent que les travaux étaient nécessaires en raison de l’usure ou de la désuétude de leur demeure, 13 % ont plutôt été motivés par des améliorations écoénergétiques et 11 % parce qu’ils souhaitaient vendre dans les mois à venir.

Pénurie de bois et des maisons plus coûteuses

Tout cet engouement pour la rénovation et la construction résidentielles entraîne une hausse des prix des matériaux de construction. Et les maisons neuves, au final, coûteront encore plus cher.

C’est que révèle un autre sondage réalisé le mois dernier au téléphone auprès de 750 entrepreneurs et dirigeants de l’industrie.

On apprend ainsi que 80 % des entrepreneurs en construction ou en rénovation ont connu des problèmes d’approvisionnement depuis le début de la pandémie. Il est question de délais de livraison et de transport sur les chantiers, de ruptures de stock chez le fournisseur ou d’un niveau d’inventaire local inadéquat.

On a manqué notamment de portes et fenêtres (46 %), de bois d’œuvre (38 %), de contreplaqué et panneaux de copeaux (35 %), de fermes de toit (33 %), de poutrelles (28 %), de produits d’ingénierie en bois (24 %) et d’articles de plomberie (22 %).

La demande étant plus forte que l’offre, les prix des matériaux ont bondi. Vingt-deux pour cent des entrepreneurs ont dit avoir fait face à des augmentations de 10 % à 20 %, mais pour 42 % des répondants, la hausse est encore plus salée, atteignant plus de 20 %.

« La hausse du coût des matériaux est donc très significative et cela va inévitablement se refléter de plus en plus dans le prix des propriétés et des contrats publics », a indiqué Guillaume Houle, responsable des affaires publiques de l’Association de la construction du Québec (ACQ).

L’industrie du bois appelle de son côté le gouvernement Legault à bouger. «La valorisation de la forêt privée représente une solution à court terme pour combler une partie de l’augmentation de la demande», a dit le PDG du Conseil de l’industrie forestière du Québec (CIFQ), Jean-François Samray.

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