Richard Darveau commente la déferlante médiatique sur la transaction de RONA

Les passions sont de nouveau soulevées entourant la cession des activités de Lowe’s au Canada et plus particulièrement pourquoi le Québec n’a pas réussi à rapatrier RONA à la maison. Le président de l’AQMAT résume les faits et observe ce qui est en train de se dérouler.

« À première vue, RONA et Réno-Dépôt passent de mains américaines à d’autres mains américaines, pas de quoi fouetter un chat. Ce serait obnubiler quelques gros détails que nous soulevons ici pour le bien commun de la communication dans notre industrie.

Il convient de différencier Lowe’s de Sycamore Partners. Le premier possède, gère et développe des centres de rénovation. C’est sa seule raison d’être. Il connait le tabac. Il fait de l’argent dans la durée. Depuis l’arrivée de Marvin Ellis au poste de président et chef de la direction de Lowe’s en 2018, le géant a progressivement cessé ses opérations à l’extérieur des États-Unis et de son modèle d’affaires en revandant ses 99 magasins Orchard, en fermant ses 13 magasins au Mexique et maintenant, en mettant fins à ses opérations canadiennes. Lowe’s paie plus cher pour sortir du Canada qu’elle ne l’a fait pour entrer au pays, mais aux yeux de son plus haut dirigeant, elle renoue avec sa seule expertise, l’exploitation de centres de rénovation de grandes surfaces qui lui appartiennent. Son concurrent, Home Depot, a gardé ses magasins au Mexique et au Canada, mais tous sont opérés selon la même formule qui prévaut aux États-Unis, un modèle qui marche bien, sans toutefois être universel puisque Home Depot avait aussi dû plier bagage en Chine, en 2012, essuyant alors une grave perte…

Quant à l’acheteur, c’est un investisseur pur, à l’affut d’occasions d’affaires qu’il redresse, verbe qui peut cacher plusieurs natures d’actions, mais convergent toutes vers une augmentation de la valeur de l’entreprise acquise aux fins de la remettre sur le marché.

Donc, une complémentarité circonstancielle s’est trouvée à unir les deux parties: Lowes cherchait désespéramment à améliorer son portrait financier après avoir réduit par deux fois la valeur de ses actifs au Canada alors que Sycamore, visiblement, avait la poche assez profonde pour pouvoir sortir 400 millions de dollars américains à la veille d’une récession. Ils étaient fait pour s’entendre.

Plusieurs observateurs nationalistes se demandent ces jours-ci où sont les défenseurs de notre patrimoine économique. Ou en fait, la question qu’ils posent c’est pourquoi la Caisse de dépôt et de placement du Québec, Investissement Québec ou le Fonds de solidarité de la FTQ ne sont pas montrés intéressés?On a la mémoire courte : c’est ceux-là même qui ont cautionné, même possiblement provoqué la vente de RONA à Lowe’s il y a six ans. À l’époque, ils ont préféré le gain des actionnaires à d’autres intérêts, disons, plus sociétaux. On verra s’ils répondent présents lorsque Sycamore montrera un intérêt à se départir de sa plus récente acquisition…

La variable névralgique qui plane n’est pas celle du prix final qu’aura payé Sycamore, un aspect qui intéressera les actionnaires de Lowe’s aux États-Unis, mais concerne peu les marchands affiliés ici et les quelque 26 000 employés qui travaillent dans les 450 points de vente et centres de distribution au Canada.

Ce qui doit nous occuper, c’est la latitude dont bénéficiera la haute-direction bouchervilloise, notamment au chapitre de l’approvisionnement en produits, le marketing omnicanal, les services offerts aux affiliés, les conditions de travail accordées aux employés, etc., sans oublier le repositionnement de l’enseigne RONA, promis par Lowe’s, mais jamais vraiment réalisé d’un océan à l’autre.

Comme l’écrivait jeudi dernier le président Tony Cioffi à ses marchands RONA, Sycamore se spécialise dans les investissements dans les secteurs du commerce de détail, de la consommation et de la distribution, elle possède un portefeuille de sociétés qui génèrent un chiffre d’affaires de plus de 40 milliards de dollars canadiens dans environ 5 500 emplacements, elle a pour habitude de s’associer à des équipes de direction pour accroître le chiffre d’affaires et la rentabilité.

Si son passé est garant de l’avenir et que les dirigeants d’ici livrent les résultats attendus, la transaction devrait en effet avoir une incidence minimale sur toutes les parties prenantes, y compris le personnel les marchands affiliés, les fournisseurs et les clients, sans oublier les communautés qui ont profité de la générosité de Lowe’s depuis six ans avec toutes sortes de programmes de soutien aux organismes du milieu.

Déjà, on peut être rassuré d’apprendre que le siège des opérations restera à Boucheville, que les contrats avec les fournisseurs demeureront valides puisque généralement signés avec la compagnie RONA Inc., que l’appui offert par Lowe’s Canada au programme Bien fait ici serait maintenu, que le plan de croissance présenté par l’équipe locale serait supporté par les consultants de Sycamore.

Dans sa lettre aux marchands, M. Cioffi dit que l’enseigne Lowe’s sera éventuellement convertie à celle de RONA. J’ai obtenu la confirmation que le sens du mot « éventuellement » ne signifiait pas que cela était possible d’arriver, mais plutôt dans le sens anglais du mot qui veut dire que ça se fera plus tard sans aucun doute. En fait, l’échéance du 1er février 2023 est même avancée par certains dirigeants comme la date probable de la conversion souhaitée.

À noter que c’est le 16 novembre que Lowe’s USA, établie en Caroline du Nord, d’où elle exploite environ 2 200 quincailleries et magasins de rénovation domiciliaire aux États-Unis et emploie plus de 300 000 personnes, présentera ses ventes et ses résultats du troisième trimestre de 2022.»

Pour lire ou relire notre nouvelle sortie à chaud jeudi dernier, on clique ici.

Pour voir ou revoir l’entrevue accordée à Mario Dumont pour TVA/LCN, on clique ici :

Pour entendre l’entrevue radio accordée à Luc Ferrandez sur les ondes du 98,5, on clique ici.

Pour voir l’entrevue au télé journal de Radio Canada, on clique ici. 

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