L’exigence du passeport vaccinal dans les grands centres de rénovation est fort mal accueillie

Le premier ministre du Québec a affirmé hier à son point de presse que le pic de la cinquième vague avait été atteint. Il a tout de même confirmé une rumeur : le passeport vaccinal devra être exigé à l’entrée de tous les commerces de plus de 1500 mètres carrés, cela à partir du lundi 24 janvier.

La mesure, équivalent à 16 146 pi ca, touchera une ou deux centaines de centres de rénovation, selon la définition du périmètre de chaque espace commercial — la cour à bois est-elle réellement accessible au public, la section à mi-chemin entre entrepôt et magasin doit-elle être comptabilisée, le centre de coupe dans le magasin, mais fermé au public doit-il être compté, et qu’en est-il du centre jardin fermé pour l’hiver ? Autant de questions à élucider dans les dix jours à venir…

Ces points semblent tatillons, mais il faut savoir que la grande majorité des commerces de notre secteur d’activité revendiquent des surfaces commerciales entre 10 et 15 000 pi ca ; plus rares sont les très grandes surfaces (comme les Home Depot, les Réno-Dépôt, les RONA L’entrepôt), les moyennes surfaces (comme les Patrick Morin et les Canac) ou les quincailleries petites comme des boutiques de vêtement ou des dépanneurs.

Précisons que les épiceries et les pharmacies, peu importe leur taille, ne seront pas tenues de demander le passeport vaccinal, les stations-services non plus ainsi que tout commerce plus petit que 1500 mètres carrés, soit la grande majorité des quincailleries de quartier et de petites municipalités.

Réactions à la fois émotives et logistiques

L’annonce a soulevé une vague de réactions sans précédent, allant de la déception à l’incompréhension, voire à la contestation.

Quelques-uns des messages reçus :

« J’ai tout à coup une montée de lait ».

« Il y a des relents de répression dans cette mesure »

« On se sent trahis ».

Il faut comprendre que les quincailliers et leurs employés considèrent avoir été des partenaires exemplaires depuis le début de cette guerre commencée en mars 2020.

En entrevue à chaud hier sur les ondes de TVA, Richard Darveau, président de l’AQMAT, dit qu’il aurait aimé connaître les motifs amenant le gouvernement à imposer le passeport vaccinal aux magasins d’un certain format. « À notre connaissance, les centres de rénovation ne peuvent pas être qualifiés de foyers de contamination du virus. Nous n’avons été saisis d’aucun rapport les incriminant de la part des autorités de santé et sécurité au travail ni des services policiers ou de la santé publique. »

« Du coup, pourquoi le gouvernement vient-il mettre un bâton dans les roues d’un système qui roulait bien ? », questionne M. Darveau qui cite une expression anglaise : « If it ain’t broke, don’t fix it. »

En effet, après quelques semaines de rodage au printemps 2020, un train de mesures a commencé à être appliqué, et particulièrement dans les centres de rénovation de grande surface où des cadres et des professionnels ont consciencieusement veillé à mettre en place les mesures-barrières qui font maintenant partie de leur quotidien : port du masque, visière, plexi, 2 mètres, nettoyage des paniers, gel désinfectant, etc.

Ces établissements ont aussi religieusement et rigoureusement réajusté à la baisse leur nombre de clients admissible par pied carré afin de bien gérer le risque de contamination.

Un marchand multisuccursales riait jaune en me racontant que la moitié de sa vingtaine de points de vente sera touchée. Dès lors, un client qui ne présente pas son passeport se fera dire d’aller dans une autre succursale plus petite…

Main-d’œuvre et relations de travail

Puisque les entreprises n’ont pas le droit de forcer la vaccination chez leurs employés, des propriétaires-marchands et dirigeants de bannières estiment que leurs effectifs sont non-vaccinés dans des proportions égales au reste de la population (environ 10 % selon les données qui circulent). Leurs absences à partir du 24 janvier alourdiront la pénurie de main-d’œuvre.

Comme on le sait, les employeurs doivent presque se mettre à genoux pour prier leurs employés d’entrer au travail tant leur fatigue et leur anxiété sont à des seuils maximums. Le contrôle du passeport créera des bouchons propices à la propagation du virus, ce qui fera peur aux employés les plus fragiles.

L’un des dirigeants de magasin corporatif nous disait ceci : « Bien sûr qu’on sait que certains non-vaccinés magasinent ou travaillent chez nous, mais en appliquant les mesures d’hygiène et de distanciation, on se sent relativement en sécurité. En tout cas, on se sent mieux au travail que confinés à la maison à ne rien faire. Faudrait que le gouvernement pèse le poids de la santé mentale dans ses décisions… »

Toute chose étant égale, il est aussi raisonnable de croire qu’environ 10 % des entrepreneurs en construction et leurs effectifs ne sont pas vaccinés.

Les relations de travail seront également testées par la nouvelle mesure puisque le tiers des quelque 10 000 employés de ces grands centres de rénovation sont syndiqués.

Voici le site où trouver toute l’information utile aux commerces qui doivent se conformer à la nouvelle mesure sur le passeport vaccinal.

Ressac involontaire sur les plus petites quincailleries

Si à première vue on apprécie l’empathie du premier ministre qui veut épargner les plus petits commerces de l’obligation pour les clients de présenter leur passeport, en y réfléchissant, la mesure vient au contraire de précipiter chez eux tous les non-vaccinés. Ces derniers jusqu’ici disséminés sur toutes les surfaces de vente ne se pointeront plus dans les Home Depot et Réno Dépôt de ce monde. Ils devront faire tous leurs achats à la quincaillerie du coin.

Un marchand nous disait que la seule activité culturelle qui n’est pas annulée semble être la ligue d’improvisation gouvernementale. Mais c’est pas parce qu’on la rit que la situation est drôle pour autant.

Se tenir debout, mais ne pas désobéir

Bien que certains opérateurs aient exprimé leur intention de ne pas exiger le passeport vaccinal dans leur centre de rénovation, la direction de l’AQMAT supplie tous ses membres de prendre les moyens pour demeurer dans la légalité et la moralité.

« On sent que nos gens veulent se tenir debout et prévenir tout abus de pouvoir, une réaction citoyenne que je calcule de saine. Il convient cependant d’exercer nos droits en joignant notre voix à tous ceux et celles qui militent pour une plus grande indépendance des autorités de santé publique par rapport au politique et au lobby pharmaceutique, pour un partage transparent des données scientifiques afin d’apprécier toute décision et pour un retour à la démocratie parlementaire, laquelle peut grandement contribuer à éclairer les questions difficiles, ce qui débouchera sur les plus sages décisions possibles et légitimera leur application. » – Richard Darveau, président de l’AQMAT

 

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TVA https://www.tvanouvelles.ca/2022/01/13/obligation-vaccinale-dans-les-grandes-surfaces-un-canon-pour-tuer-une-mouche

La Presse https://plus.lapresse.ca/screens/aa63d257-eaa2-4c36-a341-84d8d268bda3__7C___0.html

One comment on “L’exigence du passeport vaccinal dans les grands centres de rénovation est fort mal accueillie

  1. JACQUES DESCHAMPS on

    TOTALEMENT D’ACCORD AVEC CETTE MESURE J’AI HATE QUE LA CSST EXIGE LE PASSEPORT VACCINAL À TOUT LES EMPLOYES QUI TRAVAILLE DANS LES MAGASINS

    Répondre

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