Les néo castors bricoleurs

Presque deux Québécois sur trois (64 %) auraient mené des travaux de rénovation au cours des deux dernières années. C’est du moins ce qu’avance La Presse, à la lumière d’un sondage que le quotidien a commandé à la firme CROP(1).

En extrapolant à partir des données du sondage, La Presse établit à 1,8 million le nombre de propriétés où des travaux de réparation, d’entretien et d’amélioration ont été réalisés en 2010-2012. La statistique fait passer la réno devant la construction neuve comme poids économique, cela dans un ratio  de 60-40 en sa faveur. 

Quand on y pense, c’est énorme. Peu d’activités humaines peuvent rivaliser avec un taux pareil. On est les nouveaux castors bricoleurs(2)!

La lecture de romans rejoint 57 % de la population, selon le ministère des Affaires culturelles. Le vélo est pratiqué par la moitié des Québécois, soutient Vélo Québec, qui a possiblement gonflé les chiffres dans son intérêt. Environ 46 % jardinent et 20 % joggent. Je peine à trouver une activité qui intéresse deux personnes sur trois. Ah oui, il y a la télé. Mais peut-on qualifier d’activité le fait de s’asseoir sans bouger sur un sofa à fixer un écran lumineux?

Pour être franc, j’ai un peu embelli les chiffres. À scruter l’étude, on s’aperçoit que les travaux de rénovation n’ont pas tous été effectués par les consommateurs eux-mêmes: 16 % par des entrepreneurs généraux et 11 % par des entrepreneurs spécialisés. Ce qui ramène autour de 47 % le taux de Québécois qui ont eux-mêmes rénové leurs maisons, avec leurs mains et leur créativité.

Quoi qu’il en soit, que les travaux aient été faits ou faits faits (!), leur valeur financière garde la même importance, estimée à 11,5 milliards $ par année. Lire des livres ou faire du vélo attire autant de monde, mais ne génère vraiment pas autant de retombées.

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Maintenant, je vais vous dire pourquoi j’ai comparé la réno à des  activités de loisirs. C’est une autre question du même sondage qui m’a allumé, où les répondants, dans une proportion de 90 %, autant dire la presque totalité, ont qualifié « d’agréable ou de plutôt agréable » leur expérience de rénovation.

Il n’y a qu’un pas qui me sépare de pouvoir affirmer que rénover est devenu cool. 

On n’a pas été surpris de lire que les imprévus et les retards arrivent en tête de liste des mauvais souvenirs. Certains (13 %) se montrent déçus de l’entrepreneur qu’ils ont choisi.

L’enquête indique aussi que 53 % des Québécois interrogés envisagent de mener des travaux dans leur maison cette année, d’une ampleur modeste, de l’ordre de 5 000 $ pour la moitié des répondants. Les imprévus demeurent en tête de leurs inquiétudes, avec un taux de 22 %.

Terminons sur une note légère, ou dramatique, selon le point de vue. Le sondage révèle que les travaux de rénovation ont engendré, dans 18 % des cas, des disputes dans le couple, allant jusqu’à la rupture.

(1) e sondage vient d’être réalisé, entre le 5 et le 9 décembre 2014, auprès de 100 répondants par Internet.

(2) Les plus jeunes n’ont pas connu le Castor Bricoleur ou Beaver Lumber, bannière fondée en 1906, longtemps numéro un au Canada avec 138 magasins, développée par Molson, rachetée en 1987 par Val-Royal, puis part Home Hardware en 2000.

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