Les mises en chantier pourraient ralentir

Selon les données de la Société canadienne d’hypothèque et de logement (SCHL), beaucoup moins de fondations de maisons ont été coulées dans les trois premiers mois de l’année contrairement à l’année précédente. Au banc des accusés : l’effet combiné des taux d’intérêt hypothécaires qui s’annonçaient en hausse et des prix de matériaux déjà plus élevés que la normale.

La statistique étonne d’autant que dans la plupart des régions et pour l’ensemble du Québec, les taux d’inoccupation des logements locatifs sont nettement sous la barre d’équilibre de 3 % qui témoigne généralement d’un équilibre dans le marché entre l’offre et la demande.

Il faut cependant relativiser, comme notre tableau ci-dessous le permet, où l’on constate que c’est en fait le trimestre janvier-février-mars 2022 qui a été exceptionnel par rapport aux autres.

Autrement dit, on a moins débuté de construction cet hiver, mais toute chose étant égale par ailleurs, l’activité a tout de même été à un bon niveau.

Mises en chantier au Québec, premier trimestre (janvier, février et mars)

Unifamiliales Multilogements Total
2022 1 091 9 192 10 283
2020 1 729 11 312 13 041
2021 854 7 631 8 485

Source : Données compilées par l’AQMAT à partir des rapports de la SCHL

Il est plus périlleux de se prononcer sur les résultats du prochain trimestre, celui couvrant les mois d’avril, mai et juin 2022, et qui seront rendu disponibles vers la mi-juillet. Pourquoi ? Parce que depuis, les deux facteurs influents — les matériaux et le loyer de l’argent — coûtent plus cher, beaucoup plus en tout cas qu’à la même période l’an passé.

Il est donc triste, mais raisonnable de croire que les coûts hypothécaires et le prix des matériaux vont finir par refroidir l’ardeur des mises en chantier au second trimestre de 2022 qui pourrait s’avérer non seulement plus bas qu’en 2021, mais aussi plus bas que la moyenne observée durant les années antérieures.

Situation qui a mené Radio-Canada à poser la question suivante au président de l’AQMAT : est-ce que rénover est devenu un luxe ? Cliquer ici pour entendre la réponse de Richard Darveau.

Écroulement des ventes de maisons neuves aux États-Unis

Dans la même veine, La Presse+ nous apprenait aujourd’hui que les ventes de maisons neuves aux États-Unis ont plongé de 16,6 % en avril 2022 par rapport au même mois l’an dernier. Là aussi, la hausse des prix des maisons combinée aux taux d’intérêt qui pointent vers le haut pour les mois et années à venir seraient les responsables.

Le média cite des experts qui rappellent qu’à l’automne 202, il y a donc seulement 18 mois, les Américains « accumulaient des économies et se ruaient sur l’achat de biens plus grands. »

Le marché serait particulièrement devenu inabordable pour les premiers acheteurs dont les revenus, même augmentés depuis la pandémie, ne rivalisent pas avec la hausse des coûts d’emprunt jumelée à celle des matériaux, donc des prix des maisons neuves.

Quant au proche avenir, un des experts estime que les constructeurs n’arriveront pas à augmenter le parc de logements suffisamment pour faire basculer de manière significative la dynamique du marché du logement en faveur des acheteurs.

Une demande abaissée longtemps se traduira forcément sur une diminution de la construction de logements. Dans le giron, il s’en suivrait un ralentissement des ventes au détail, notamment celles des centres de rénovation et de leurs fournisseurs.

À suivre de près.

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *