Faire de l’argent se paiera à prix fort!

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Le coronavirus bouscule tout et tous sur son passage et pire, on ne connaît pas encore la longueur de ce tunnel obscur.  

Notre marché n’a pas été épargné.  

Si les gains court-termes sont évidents, la crise pèsera dans la durée sur les épaules de nos marchandsde nos bannières et de leurs fournisseurs maintenant engagés dans une toute nouvelle réalité. 

Commençons l’étude des effets de la crise en jetant un œil sur l’état de nos fondations : le comportement du propriétaire résidentiel.   

Les ménages ont généralement opté pour garder leur propriété, ce qui a réduit l’activité de vente des maisons existantes. La situation a été empirée par la fermeture forcée des chantiers à partir de la mi-mars au Québec et leur réouverture progressive six semaines plus tard.  

Confinés comme jamais dans l’histoire, sauf pendant de brefs moments comme la crise du verglas de 1997, le 11 septembre 2001 ou lors d’inondations, les propriétaires québécois ont d’abord tourné en rond, cherchant leurs repères, puis se sont mis à vouloir bricoler. La difficulté de voyager, d’aller au resto, de faire du sport, bref d’avoir des loisirs a débouché sur du temps à meubler et de l’argent à dépenser.  

Ainsi, les projets de peinture, d’agrandissements et de constructions diverses dans la maison et sur le terrain se sont multipliés en avril et en mai, même en juin et en juillet, quoique dans une moindre mesure. On parle d’une augmentation moyenne de 30 à 50 % des ventes au détail, aussi attribuable à l’activité des commerces et des municipalités où des quantités jamais vues d’aménagements temporaires ou permanents sont improvisées sous l’effet de la COVID-19. 

 Les résultats de la course diffèrent selon les membres. 

Ainsi, en magasin, les inventaires dans la plupart des catégories de produits, mais en particulier le bois et le saisonnier, sont aujourd’hui au plus bas, ce qui exacerbe les consommateurs déjà irrités par la valse-hésitation entourant le port du masque où les autorités de la santé publique et de la SST ne tiennent pas le même discours, et impatiente les chantiers stressés par un calendrier rapetissé de livraison. 

Chez les bannières, toutes n’étaient pas prêtes à transformer leurs séries de kiosques d’exposition en navigation sur écran d’ordinateur ni à affronter l’attrait soudain et forcé du consommateur pour le e-commerce, sans oublier des relations à revoir avec les fournisseurs pour les retours de marchandises, les délais impossibles à rencontrer, de nouveaux frais de transport, etc. 

Quant aux usines et distributeurs, fermés quelques semaines en début de pandémie pour la plupart, on peut penser que les prix à l’avenant qu’ils affichent compensent pour les intenses maux de tête causés par le manque de personnel déjà observé avant la pandémie et pour la perte de productivité qu’engendrent les normes d’hygiène et de distanciation sociale. Mais d’être littéralement assaillis par leurs clients, jouer à l’urgentologue en raison de livraisons juste-à-temps, justifier des retards et des augmentations de prix, angoisser à savoir quand arriveront les matières premières, tout ça use. Des traces resteront.  

Si bien que depuis le printemps et sans doute pour une grosse année et demie encore, c’est la rénovation qui va tenir le haut du pavé. 

***** 

J’ai d’ailleurs l’audace d’affirmer que notre industrie est actuellement victime de sa popularité. Ses produits et services sont étiquetés comme essentiels tant par le public que par les autorités; épithète d’essentiel qui nous collera d’ailleurs à la peau bien après la pandémie. 

Même si les compagnies aériennes vont courtiser le consommateur comme jamais, que les restos et bars sont à ajuster leur offre, que le sport et les arts vivants, pratiqués ou admirés, reprennent certains droits, il restera une frange importante de la population qui leur préférera la quiétude de la maison pour un bon bout de temps encore… 

***** 

Pour ces raisons, je soutiens donc que pendant toute l’année 2020 et une partie de 2021, l’ensemble des joueurs de notre écosystème feront face à des obligations de productivité et d’entreposage, à des chasses aux ressources humaines, à des justifications de prix et de politiques, à des produits et services sujets à la critique de la part des clients et observateurs. 

On vient de sprinter. Le cœur nous bat dans les oreilles. Et pourtant, il faut se préparer à courir encore. Cette fois, en mode marathon.  

Trouvons vite notre deuxième souffle pour éviter qu’après l’épuisement des stocks, ce soit celui du moral qui soit sapé. 

Ironiquement, on peut donc dire qu’il y aura un prix fort à payer pour les affaires réalisées en ce moment dans notre industrie. 

***** 

Dans un tel contexte, alors que les journées de nos membres sont exténuantes et stressantes comme jamais, qu’ils doivent composer avec un nombre croissant d’employés inquietsde clients impatients, de normes publiques en rattrapage continu et de programmes gouvernementaux qui fluctuentest-il vraiment raisonnable de vous demander de réfléchir à ce que sera demain? 

Oui, c’est raisonnable. Et même nécessaire.  

L’AQMAT vous propose dans le prochain magazine d’observer ce que la crise nous offre comme risques et occasions, le but étant d’appréhender 2021 afin que cette année soit plus sereine que l’actuelle. 

On vous parlera donc de l’après-pandémie. On va évoquer notre congrès qui approche (3 novembre). On va vous dire que si le consommateur est appelé à changer à ce point, vous devez aussi prendre acte de la révolution en cours, y participer et négocier des virages, cela individuellement et collectivement.

Bonne réflexion. Bonnes actions. 

Richard Darveau, président et chef de la direction, AQMAT

One comment on “Faire de l’argent se paiera à prix fort!

  1. daniel brazeau on

    merci pour ces commentaires et ces bons mots fort réalistes. on n en a pas fini avec ce virus.
    chapeau a notre personnel résilient.

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