L’appel de la maison neuve se fait plus entendre

L’écart de prix entre les résidences existantes et neuves constitue un indicateur avancé de construction dans la mesure où on accepte l’hypothèse que l’intérêt d’acheter une maison « usagée » diminue à mesure que le prix moyen des maisons existantes s’approche de celui d’une maison flambant neuve.

Michel Vincent, Directeur, économie et marchés, Conseil de l’industrie forestière du Québec

Or, comme le rappelle le Conseil de l’industrie forestière du Québec dans son Bulletin économique du 9 octobre, depuis la crise des hypothèques à risque (« subprime » en anglais), lequel a fait chuter le prix des maisons existantes en 2008, la « prime à la maison neuve » (en bleu dans le graphique ci-dessous) a monté à des niveaux de 40 %, voire 50 %.

Autrement dit, si le prix d’une auto neuve est de 30 000 $, mais qu’un modèle d’une année antérieure en excellente condition est offert sur le marché à 15 000 $, ce sera plus tentant pour l’acheteur d’acquérir l’usagée. Par contre, si l’écart entre la neuve et l’usagée n’est que de 5000 $, l’acheteur va y penser deux fois et possiblement opter pour le modèle neuf sous garantie.

Le prix des maisons existantes (en vert foncé sur le graphique) affiche une progression constante depuis 2011 et les derniers mois ont même été témoins d’une accélération importante de sorte qu’il a pratiquement rejoint le prix des maisons neuves (en vert pâle sur le graphique)

Il s’agit vraisemblablement d’un effet de la pandémie, car une telle situation ne s’était jamais observée.

Les économistes du CIFQ soutiennent que la quasi-disparition d’un écart de prix entre les deux types de résidences favorisera la construction unifamiliale neuve.

Quel impact sur la fabrication et la vente de matériaux?

Selon Richard Darveau, président et chef de la direction de l’AQMAT, d’importants achats d’articles de quincaillerie, d’outils et de matériaux de construction sont effectués lorsque survient une transaction d’une maison existante entre deux consommateurs. Son explication :

« Il est de coutume pour un vendeur de « maquiller la mariée » avant d’installer une pancarte À vendre devant une propriété. Des montants moyens de 10 à 15 000 $ sont sans doute dépensés. Puis le nouvel acquéreur va bien souvent lui aussi procéder à des achats et à des travaux parce que la maison « usagée », à la différence de la neuve, ne correspond pas exactement à ses besoins ni à ses aspirations. Il va alors dépenser plusieurs dizaines de milliers de dollars dans les semaines et mois suivant son achat. »

En revanche, des mises en chantier de nouvelles propriétés génèrent d’autres types de matériaux, mais pas nécessairement moins d’heures de travail pour les professionnels.

En raison de l’existence de tels cycles favorisant tantôt la réno, tantôt la construction neuve, un bon gestionnaire de centre de rénovation veillera à se tenir bien connecté sur l’évolution des deux marchés sur le territoire qu’il dessert.

Mise en garde importante : les données dans ce graphique réfèrent au marché américain. Aucune donnée semblable n’a été agrégée pour le Québec.

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