La hausse du salaire minimum touche peu nos quincaillers

Le 1er mai, le salaire minimum grimpera de 0,50$ pour s’établir à 11,25 $, a annoncé Québec, ce matin. Un taux horaire encore inférieur au salaire moyen en quincaillerie, selon le dernier Diagnostic 2016 sur l’état de santé des quincailleries et centres de rénovation au Québec de l’AQMAT.

Extrait du Diagnostic

Selon les chiffres recueillis parmi une centaine de répondants, le plus bas salaire horaire moyen d’un employé à temps partiel serait de 11,51 $ (caissière), suivi du conseiller-vendeur (13,16 $) et expéditeur (14,73 $).

«  Face à l’Internet, pour nos magasins généralistes, l’avenir rime de plus en plus avec le mot spécialité. Nos commerces devront rechercher ou former des employés avec des qualifications techniques et comportementales qui justifient un revenu nettement au-dessus du salaire minimum quel qu’il soit  », a indiqué Richard Darveau, président et chef de la direction de l’AQMAT.

Cette hausse, la plus grande depuis 2010, touchera 350 600 salariés au Québec.

12,40 $ d’ici trois ans

La ministre québécoise du Travail, Dominique Vien, a aussi indiqué que le taux monterait de 50 cents en 2018, de 35 cents en 2019 et 35 cents en 2020.

En 2020, il atteindra la moitié du salaire horaire moyen touché au Québec.

Un chiffre qui est encore loin du 15 $ demandé par certains acteurs politiques et contesté par d’autres.

Durant la dernière année, le sujet a fait les manchettes.

Si diverses associations patronales se sont allées pour dévoiler une étude sur les effets négatifs de la hausse potentielle du salaire minimum à 15 $ l’heure, l’AQMAT, de son côté, a adopté une position plus nuancée.

D’ailleurs, un sondage complété par 88 membres en octobre révèle qu’une bonne proportion des quincailliers voient les effets positifs d’un salaire révisé sur leur problème numéro un (l’attraction de personnel) et leur problème numéro deux (la rétention des effectifs).

« L’engagement du personnel en commerce suppose de contrer le roulement et d’attirer de meilleurs talents. Le salaire horaire, sans être la panacée, fait définitivement partie de la solution plus que du problème », a expliqué Richard Darveau, président et chef de la direction de l’AQMAT .

En effet, plus de 60 % des répondants ont affirmé que la hausse aurait un effet notable ou limité sur la réduction du roulement de personnel vers d’autres secteurs tandis qu’un participant sur deux a noté qu’il y une incidence sur l’amélioration de la productivité et de l’engagement du personnel. Plus de 85 % des répondants ont relevé une augmentation du pouvoir d’achat avec une telle mesure.

Toutefois, 55 % ont conclu que la hausse n’aurait pas d’effet sur l’amélioration de l’expérience client.

Du côté des effets négatifs, près de la totalité des répondants ont affirmé que la hausse augmenterait la masse salariale totale. Neuf membres sur dix sont d’avis que la révision pourrait mener à la suppression de postes.

Du temps pour s’ajuster selon le CQCD

Le Conseil québécois du commerce de détail (CQCD) constate que le gouvernement du Québec a été sensible aux demandes des détaillants. « Les hausses modérées, réparties sur quatre années, permettront aux détaillants de s’ajuster », affirme le CQCD, tout en rappelant que l’enjeu de la pauvreté est global et complexe.

« La moitié des employés qui travaillent dans le secteur du commerce de détail sont à bas salaire. Ses principaux acteurs (les propriétaires et gestionnaires des commerces et bannières et le CQCD en particulier) sont donc très sensibles à cet enjeu. Toutefois, une hausse rapide et importante du salaire minimum aurait été très dommageable », souligne Léopold Turgeon, président-directeur général du CQCD.

Un effet domino selon la FCEI

De son côté, la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) estime que plusieurs propriétaires de PME seront soulagés que le gouvernement n’ait pas consenti le 15 $/h, mais qu’ils auront besoin d’aide pour atténuer les impacts que la hausse prévue de 15,8 % sur quatre ans aura dans leur entreprise.

« Il faut garder en tête l’effet domino : lorsqu’on augmente le salaire des employés moins expérimentés de 4,7 % dans une année comme on le fait ici, cela crée une forte pression sur les PME qui, par équité, se retrouvent pressées d’accorder le même traitement à leurs employés cumulant davantage d’expérience ou de qualifications. Quand on sait, par exemple, que le taux de profit d’un petit commerce ou d’un petit restaurant peut tourner autour de 1 % à 3 % annuellement, on comprend vite qu’il n’y a pas beaucoup de marge de manœuvre, surtout quand on considère que, sur quatre ans, les augmentations cumulées totaliseront autour de 16 %. Ça risque de faire mal si le gouvernement n’accorde pas de mesures d’atténuation, comme des allègements fiscaux sur la masse salariale, pour compenser ces pressions sur les coûts dans les plus petites entreprises », a indiqué Martine Hébert, vice-présidente principale de la FCEI.

 

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