Grain de sel d’un fabricant dans le débat sur l’achat local et la valorisation des quincailleries indépendantes

Dural, le fabricant de colles et d’adhésifs basé à Dorval écrit au premier ministre du Québec et au ministre de l’Économie et de l’Innovation pour leur expliquer « qui est qui » et qui fait quoi » dans notre industrie afin que leurs prochaines interventions reflètent mieux notre réalité. Dans sa lettre reprise intégralement ci-dessous, il les incite à poser un geste concret pour aider les consommateurs à privilégier des articles de quincaillerie et des matériaux de construction locaux.

Monsieur le Premier Ministre,

Monsieur le Ministre,

En qualité de fabricant québécois d’adhésifs et de colles, je prends la plume pour apporter mon point de vue en réaction aux affirmations médiatisées sur ce que veut dire « acheter québécois dans une quincaillerie québécoise ».

Les journalistes et réseaux sociaux nous inondent de « nouvelles ». Mais qu’en est-il ? Le marché de la quincaillerie a toujours été en mouvement ou en mouvance et plus spécifiquement durant les mois de septembre à mars, soit la période des Salons où l’on voit beaucoup de changements. Des représentants de fournisseurs qui changent de compagnie; des nouveaux produits listés; des acheteurs qui déménagent de département; des marchands qui changent de bannières; des fusions, acquisitions, alliances…

Un vrai jeu de chaises musicales. Un jeu de chaises musicales qui va de plus en plus vite avec de moins en moins de joueurs.

Des joueurs de plus en plus gros avec de plus en plus grandes surfaces et de plus en plus de sélections de produits. Des joueurs qui jouent aussi sur plusieurs chaises à la fois. C’est cette facette que certains médias connaissent mal ou que certains élus ne saisissent pas.

Quand certains journaux parlent de RONA / Lowe’s, il y aurait lieu de distinguer le rôle de grossiste et le rôle de détaillant.

Lowe’s opère directement des magasins dits corporatifs, la vingtaine de Réno-Dépôt en sont un bon exemple. Mais Lowe’s agit aussi comme grossiste auprès de plus de marchands affilés, généralement avec une bannière comme RONA ou ACE, mais parfois même des magasins sans bannière. Ce dernier rôle est malheureusement pointé et affecté alors que ces quincailleries et centres de rénovation sont gérées par des employeurs locaux qui conservent le choix de faire des achats en livraison directe avec des fournisseurs ayant ou non une entente commerciale avec Lowe’s.

Du côté de BMR / La Coop fédérée, c’est pareil. BMR possède les magasins MATCO et Potvin Bouchard ainsi qu’une partie de Lefebvre et Benoit. Mais le groupement fournit surtout des détaillants-propriétaires.

Le modèle adopté par les autres enseignes, dont Home Hardware, TimberMart ou Castle est, lui, fort simple à comprendre. Résumons-le en les qualifiant de coopératives où les marchands eux-mêmes occupent des fonctions-clés dans les décisions d’approvisionnement et de marketing prises par ces groupements.

Quant à Patrick Morin ou Canac, ce sont des entités corporatives qui gèrent elles-mêmes la vingtaine de points de vente qu’elles possèdent chacun.

Au-delà de ce portrait de « qui est qui » et « qui fait quoi », il importe de savoir que les marchands-propriétaires opèrent des business. Ces détaillants vivent du roulement de leur inventaire; les marchandises qu’ils achètent ne sont pas commandées pour en faire des pièces de collection sur les tablettes de magasin. Ils sont devant deux options : a) offrir les plus bas prix possibles, ce qui veut dire proposer des produits souvent non durables, parfois même sous les normes et codes de construction ; ou b) fidéliser leur clientèle et contribuer réellement à la société en misant sur des produits de qualité et des conseils.

Je crois utile de rappeler ici à quel point une maison n’est pas un bien de consommation comme un autre. On achète une résidence, on la rénove, on l’entretient avec le désir d’assurer la sécurité et le confort de ses proches, mais aussi avec l’espoir que l’investissement d’une vie nourrisse nos besoins financiers.

D’où la nécessité que les politiciens les plus hauts placés encouragent les fabricants québécois et ceux du reste du pays à se faire connaître afin d’inciter les quincailleries à privilégier ceux-ci. Ainsi, tous ensemble, mieux faire tourner l’économie… et les inventaires!

Le programme « Bien fait ici » est né avec de telles ambitions de mieux informer le public sur ce qui se fait de mieux ici dans notre secteur d’activité. Ces produits, parfois, voire souvent un peu plus chers à l’achat que des imitations ou des articles aux composants de qualité inférieure, ont cependant le mérite de représenter les plus économiques à long terme. C’est ici que les quincailleries indépendantes entrent en jeu, avec leur capacité de bien conseiller les consommateurs et de justifier les prix proposés.

Pour moi, l’affirmation « acheter québécois dans des magasins québécois » dans le domaine de la quincaillerie doit devenir synonyme d’appuyer le programme « Bien fait ici ».

Comme vous pouvez le constater sur le site ici-here.ca, l’initiative est l’expression solidaire de notre communauté d’affaires puisque dix grandes enseignes de quincaillerie sont engagées. Presque la moitié des 100 manufacturiers sont du Québec. L’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ) figure au nombre des administrateurs, aux côtés de l’Association des consommateurs pour la qualité dans la construction (ACQC), la Canadian Hardware & Housewares Manufacturers Association (CHHMA) et l’Association québécoise de la quincaillerie et des matériaux de construction (AQMAT).

Que l’État procède à sa propre introspection et que les gestes suivent les paroles afin que les médias commencent à parler positivement de notre industrie. Car nous avons besoin de vous pour réussir!

Veuillez agréer, Monsieur le Premier Ministre, Monsieur le Ministre, l’expression de ma très haute considération.

 

Paul Faulkner, gérant du marketing et ventes commerciales chez Dural, vice-président du conseil d’administration de l’AQMAT et trésorier de l’organisme « Bien fait ici »

 

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